Contrairement aux assurances des autorités locales qui annoncent, presque sans concession, que la ville accueillera comme il se doit ses hôtes des pays arabes, il paraît pourtant évident, qu'à moins d'une année et demie de 2015, on est loin du compte. Constantine sera-elle à la hauteur pour organiser l'événement culturel arabe de 2015 ? Loin de l'optimisme béat des autorités locales, les universitaires algériens et étrangers, invités au séminaire "Développement du tourisme et valorisation du patrimoine culturel : Constantine capitale de la culture arabe 2015", tenu la semaine dernière, ont animé un débat plus sérieux et surtout basé sur les expériences passées des villes européennes. Cette rencontre était organisée par l'université Constantine 1, en collaboration avec le consortium européen Hercules du projet Eramus (héritage culturel et tourisme). Contrairement aux affirmations des autorités locales qui annoncent presque sans concession que la ville accueillera comme il se doit ses hôtes des pays arabes, il paraît pourtant évident, qu'à moins d'une année et demie de 2015, on est loin du compte. Preuve s'il en est : le silence radio qui s'éternise du ministère de la Culture, depuis la dernière visite de Khalida Toumi, et l'indifférence des autorités locales. Cette rencontre scientifique a, en tout cas, permis aux participants de poser de vraies questions sur les préparatifs d'un tel événement, avec un franc-parler de certains communicants qui donnera certainement des sueurs froides aux initiateurs du projet. Ainsi, lors de son intervention, le vice-recteur de l'université de Sousse (Tunisie) n'a pas hésité à s'interroger sur les motivations qui ont conduit l'Organisation arabe pour l'éducation, la science et la culture (Alesco) à désigner Constantine, car, pour lui, une ville tunisienne ou marocaine aurait été mieux, du fait que la ville des Ponts ne garde que peu de traces de la civilisation arabe. Autre raison évoquée, selon lui, la Tunisie dispose d'écoles et d'instituts spécialisés dans le monde arabe, ce qui n'existe pas en Algérie. Le patrimoine arabo-musulman, a-t-il ajouté, est pauvre dans notre pays à cause du passage des Ottomans et surtout de la colonisation française. Maxime Weigert de l'université Paris 1 a axé son intervention sur la rentabilité d'un tel projet, il a pour cela expliqué que "la ville de Marseille capitale de la culture européenne" cette année compte bien en tirer profit où "lorsqu'on investit un euro dans les infrastructures, le tourisme en récupère 6". Membre du comité ayant préparé "Marseille, capitale de la culture européenne 2013", M. Weigert a précisé que pour Constantine l'événement sera forcément bénéfique, même à moyen terme, expliquant que la ville phocéenne a gagné l'intégration des étrangers, la réhabilitation du centre-ville ou encore la valorisation du Front de mer, ce que la ville des Ponts suspendus peut réussir. Il a conclu son intervention par se poser la question suivante : quelle serait l'échelle visée par Constantine en 2015 ? Est-ce qu'on veut promouvoir la ville au niveau local, régional, national, arabe, méditerranéen ou mondial ? Les intervenants, lors de la clôture des délibérations, ont été unanimes à dire qu'il faudrait se baser sur les travaux de spécialistes universitaires, et surtout associer la population qui de toute évidence est en marge des préparatifs. Il aurait été préférable, ont conclu les universitaires, que Constantine ait été désignée avant décembre 2012 pour éviter toute précipitation, une participante italienne a cité l'exemple de la ville de Pérouse, qui a déposé un dossier de candidature pour être capitale de la culture européenne en 2019 ! D. B. Nom Adresse email