Dès son arrivée sur les lieux, les nombreux représentants des médias n'avaient d'yeux que pour lui. C'est que cette sortie suscitait bien des interrogations et ce désir de sonder ses intentions, voire ses ambitions. On a failli presque l'oublier. Pourtant, son apparition hier, la première depuis la douche écossaise subie à l'élection présidentielle de 2004, a pris les relents d'un retour en fanfare sur la scène politique qu'il a désertée presqu'une décennie durant. En décidant de participer, à l'hôtel Hilton, aux journées commémoratives au défunt bâtonnier Amar Bentoumi disparu en mars dernier, Ali Benflis s'est non seulement remis sous les feux de la rampe, mais a aussi attiré une meute de journalistes, signant ainsi un retour officiel sur la scène politique. Dès son arrivée vers 11h30, les nombreux représentants des médias n'avaient d'yeux que pour lui. C'est que cette sortie suscitait bien des interrogations et ce désir de sonder ses intentions, voire ses ambitions. "Ayant côtoyé l'homme et comme j'ai été témoin de plusieurs situations qui le concernaient, j'ai estimé qu'il était de mon devoir d'assister à la réunion d'aujourd'hui pour rappeler les qualités de ce grand homme", dit-il peu avant à son arrivée au grand chapiteau où se tenaient les conférences. "Ma relation avec lui est vieille. J'ai appris beaucoup de lui, je remercie le bâtonnat et les organisateurs pour cette inititive. C'est un devoir d'être là", ajoute-t-il. Histoire de ne pas prêter le flanc à quelques interprétations, il répond aux journalistes qui le pressaient de dire s'il va postuler à la prochaine élection présidentielle. "Par respect à la mémoire de l'homme et aux efforts des organisateurs, je ne veux pas exploiter cet événement à des fins politiques personnelles ou autres. Je préfère que tout le monde, presse et organisateurs, concentre ses efforts pour évoquer la mémoire du défunt Amar Bentoumi", dit-il. Mais c'était compter sans la ténacité des représentants des médias dont la plupart étaient venus pour "couvrir", pour reprendre le jargon journalistique, sa sortie. "Naturellement, je suis un acteur politique, et il est tout à fait normal que je fasse des interventions et exprime des positions", dit-il, avant d'annoncer qu'il "interviendra bientôt". "Il me sera donné d'intervenir dans peu de temps, a-t-il poursuivi. Aujourd'hui, je ne veux pas parler d'autre chose. Chaque chose en son temps." Dans son discours fleuve dans lequel il a évoqué le parcours du défunt Bentoumi, "vigie des libertés et stentor des prétoires", Ali Benflis n'a pas manqué de distiller plusieurs messages à qui de droit et qu'il convient sans doute de décoder : "Aujourd'hui, plus que jamais, ton exemple nous inspire, et plus qu'à tout autre moment, je ressens en cette étape particulière de la vie de la nation le poids de la responsabilité que ton souvenir m'impose. Repose en paix, cher Amar, parce que tu sais que ce combat pour le triomphe des idéaux de la justice, nous sommes très nombreux à avoir décidé de le mener jusqu'au bout de notre énergie (...)." À travers l'hommage à Bentoumi, Benflis lance quelques flèches à l'actuel président en évoquant l'état de certains secteurs : "Tu vivras aussi à travers le combat que ne cessera de mener le peuple algérien pour qu'enfin notre pays dispose de cette justice modèle et souveraine qui dira le droit, rien que le droit, et pour que soit banni ce sentiment d'injustice et de frustration qui, malheureusement, hante l'esprit de beaucoup de nos concitoyens qui ont hâte de renouer avec l'espoir et sont plus que jamais avides de croiser le chemin de l'espérance." Benflis qui garde sans doute le souvenir de la justice de la nuit en 2004, qui l'a dépossédé du FLN, ajoute : "Tu vivras également chaque fois qu'un magistrat fera honneur à la noblesse de sa profession, défendra ses valeurs, sa dignité et son indépendance en s'opposant à toute forme d'ingérence, de trafic d'influence et de déviation." Tayeb Louh et Chérif Abbas : une absence énigmatique Invités à ces journées commémoratives, les deux ministres du gouvernement, Tayeb Louh de la Justice et Chérif Abbas des Moudjahidine, ont brillé par leur absence. À cette question, le fils du défunt Bentoumi avoue ne pas connaître les raisons : "On les a invités, mais ils ne m'ont donné ni la confirmation ni l'infirmation. Moi aussi je suis un invité. Je ne sais pas pourquoi les deux ministres n'ont pas fait le déplacement. L'essentiel, c'est que les amis de mon père venus des USA, du Pakistan, de l'Inde sont tous là pour apporter leur témoignages." Alors que les observateurs liaient cette absence à la présence de Benflis, le bâtonnier Me Sellini, lui, soutient qu'"on n'a pas choisi le calendrier". "Je n'entre pas dans des considérations qui m'échappent. On leur a envoyé des invitations, mais ce n'est pas une activité officielle." Reste que la présence de Karim Younès, ex-président de l'APN et ami de Benflis, laisse à penser que la présence de l'ex-SG du FLN est annonciatrice d'un retour au premier plan. Si les fleurs bougent, c'est qu'il y a du vent. K K Nom Adresse email