Résumé : Lisa et Hamid se marient en présence de leurs familles et amis intimes. Maya est heureuse pour sa fille. Lorsque Sabri appelle, il lui confie qu'il apprend l'espagnol et l'anglais. Elle espère le marier un jour. Elle sait qu'il est loin et seul. Elle préfère le savoir avec une amie que seul... - Imagine qu'il soit avec une Américaine, une Mexicaine ou une fille venue d'un autre continent, différente de nous, dit Lisa à sa mère. S'il se met avec l'une d'elles, on le perd pour toujours ! Il ne nous reviendra jamais... Il faudrait qu'il revienne se marier avec une fille du pays...De n'importe quelle région. Le plus important est qu'elle soit algérienne ! Elle reviendra régulièrement voir sa famille... Donc, s'il l'accompagne, il viendra à la maison ! - Oui, mais tu sais que l'ennui et la solitude peuvent mener à la déprime ! Il pourrait se mettre à se droguer ou à boire ! Même s'il a été bien éduqué, il reste un homme avec ses faiblesses ! Je sais qu'il pourrait craquer et je ne voudrais pas que cela arrive ! S'il m'écoute et accepte de se marier, ce sera avec joie ! Mais il ne pourra pas venir, car il n'a pas encore ses papiers et cela n'arrivera pas avant un bout de temps ! Alors qu'il vive sa vie au mieux... Si une Américaine ou autre peut faire son bonheur, ils ont ma bénédiction ! Où qu'il soit, je ne veux que son bonheur... - Oui, j'espère qu'il régularisera vite sa situation ! Avec ou sans Américaine... Maman, as-tu besoin de quelque chose ? - Non. Tu peux partir tranquille... Hamid a assez patienté ! - Prenez tout votre temps, dit-il depuis le salon où il regardait la télé. J'ai tout mon temps... Maya jette un coup d'œil dans les placards et le frigo que Lisa et son mari avaient pris le soin de remplir. - J'ai de quoi nourrir tout un régiment, plaisante-t-elle, et pour plusieurs jours... Vous pouvez rentrer chez vous la conscience tranquille ! Je ne manquerai de rien... Allez, oust ! Filez... Je ne veux plus vous voir traîner ici ! Vous êtes mariés et vous restez ici comme si votre vie en dépendait ! Je vais bien et je saurais me débrouiller seule ! Merci pour tout ce que vous avez fait et du fond du cœur, allez vivre votre vie, chez vous ! Je ne veux plus de vous ici ! Lisa fait mine de se fâcher. - Tu nous mets à la porte ! - Oui... Prends tes cliques et tes claques et ne reviens pas avant que je ne t'appelle, que je vous appelle, rectifie Maya. Vous entendez ? Hamid et Lisa baissent les bras. Ils ramassent leurs affaires et partent chez eux. La jeune femme n'est pas encore habituée à vivre dans l'appartement. Dans un coin du salon sont entassés les cadeaux reçus. De la belle vaisselle qu'ils n'ont pas encore rangée, vu qu'ils n'ont pas de meuble. Lisa va d'une pièce à une autre, l'âme en peine. - Je sais, on n'a pas encore tout ce qu'il faut, dit Hamid en la prenant dans ses bras. Mais ça viendra ! Ce qui compte, c'est qu'on soit ensemble ! Mariés pour le meilleur... - Et le pire, poursuit-elle en se retournant dans ses bras, pour le regarder dans les yeux. - On n'aura que le meilleur si Allah le veut ! Pourquoi es-tu triste ? Tu as les larmes aux yeux et je n'aime pas ça... Tu mets de l'ombre sur notre bonheur ! Lisa soupire et se dégage de ces bras. - Je ne voulais pas... Je n'arrive pas à m'habituer... à rentrer dans cet appartement et à y passer la nuit. Si sa mère ne les avait pas mis dehors, ils seraient restés pour la nuit. Elle aime rester dans sa chambre, auprès de sa mère. Elle a beau la savoir ne manquant de rien, habitant à cinq minutes de chez elle, elle n'aime pas la savoir seule. La solitude dans laquelle elle s'est retrouvée en un temps très court lui donne mauvaise conscience. Personne ne l'a forcée à se marier. Elle et Hamid s'aimaient trop pour perdre du temps. Mais malgré son bonheur tout neuf, il suffit qu'elle pense à sa mère pour que son sourire disparaisse. Lorsqu'elle apprécie un gâteau ou un plat auquel sa mère n'a pas goûté, il prend un goût amer et lui reste en travers de la gorge. Elle avait l'habitude de regarder la télé en sa compagnie. Depuis qu'elle est avec Hamid, elle ne s'est jamais assise en face de la télé. Elle le laisse zapper d'une chaîne à une autre, d'une émission sportive ou politique à une autre, indifférente à tout ce qui est diffusé. Sans sa mère avec qui elle avait l'habitude de tout partager, c'était difficile de sourire. Quand elle s'y efforce, elle sait que son sourire doit ressembler à une grimace. Pauvre amour, pense-t-elle. Je ne savais pas que ce serait aussi difficile, que je serais de piètre compagnie... (À suivre) A. K. Nom Adresse email