La décision prise l'année dernière par le Président de décréter la journée du 22 octobre journée de la presse est passée inaperçue et n'a recueilli aucun engouement auprès de la profession. Une profession malmenée entre "précéder les processions" pour certains et faire le va-et-vient entre les différents tribunaux, pour d'autres. Un rituel bien huilé, entré dans les mœurs. La multitude des titres, plus d'une centaine de quotidiens, où chacun semble avoir trouvé sa niche de marché, aurait auguré d'une multiplicité d'opinions, de sensibilités qui auraient pu être autant de lignes éditoriales sur lesquelles s'assoient des convictions de pensées. Mais ce n'est pas le cas. Des titres ont été créés pour parasiter l'effet jugé néfaste d'autres confrères, comme si le nombre pouvait détourner le choix du lecteur. Cette politique, à courte vue, qui sous-estime la maturité politique du citoyen, n'a finalement pas pris et le pouvoir s'est retrouvé avec des journaux sur les bras qu'il lui faut maintenir en vie à coups de pages de pub. Alors, pourquoi cette journée pour une profession laissée-pour-compte en matière d'accès à l'information et dont la composante humaine est la seule à ne pas être organisée sérieusement, tant sur le plan professionnel que syndical. La panoplie de textes réglementaires n'a fait qu'alourdir un secteur hétéroclite et divisé, à moins que ce ne soit le but recherché. Sinon, comment expliquer l'inexistence d'une carte nationale de presse, le retard mis pour procéder à l'installation des autorités de régulation de la presse écrite et audiovisuelle, l'absence d'un office de la justification de la publicité, d'un bureau de vérification de la diffusion et d'aides indirectes transparentes ? Autant d'instruments indispensables et vitaux pour la crédibilité de la profession dans son ensemble si elle veut évoluer sur le terrain de la transparence, d'une part, et la traçabilité des comptes, d'autre part. En sorte, appliquer à elle-même ce qu'elle dénonce chez les autres. Les véritables enjeux sont ceux-là et non les messages de félicitations qui fusent de toutes parts pour caresser l'ego de certains. Ce sont aussi et surtout les actions qui vont dans la direction d'une assise réelle de la liberté de la presse en tant que moyen d'expression et en tant qu'entreprise, mais les signaux qui commencent à parvenir, comme l'emprisonnement d'un blogueur ou les menaces à l'encontre d'un chroniqueur, font craindre des jours encore difficiles pour cette presse qu'on redoute et qu'on méprise. O A [email protected] Nom Adresse email