À cette échéance, l'analogique n'aura plus libre cours en Algérie, indique le spécialiste en communication. Il explique que, techniquement, il y aura de la place pour une trentaine de chaînes nationales dans deux ans avec l'introduction et la généralisation de la TNT. Liberté : Quelles sont les questions saillantes qui nous interpellent pour une stratégie numérique ? M. Beddiar : Pour un contenu adapté, une couverture étendue et la mise à disposition d'une large gamme d'appareils, il faut, à mon avis, tenter de réunir les éléments de prise en charge des questions suivantes : - Comment assurer la compétitivité dans l'environnement numérique : Il faut assurer au public algérien l'accès à un éventail de contenus et de services de qualité sur tous les types de réseaux et de plates-formes. - L'interopérabilité : Faciliter le passage au numérique. Les consommateurs exigent des services de pouvoir accéder simplement, de partout et avec n'importe quel appareil. Seules l'interopérabilité et des normes ouvertes peuvent offrir de tels services et encourager le passage rapide au numérique. - La radio numérique : Les radiodiffuseurs de service public sont les principaux moteurs de l'évolution de la radio numérique, et ils jouent un rôle essentiel dans le développement et le succès des technologies DAB/+ et DRM et DRM+. Que ce soit par le biais de tests, de la mise à disposition du contenu ou de l'extension de la couverture, les radiodiffuseurs de service public doivent s'engager à faire profiter tous les Algériens des avantages des technologies numériques. La vision stratégique du secteur de la communication doit être axée sur le développement et la mise en valeur des contenus, en particulier les contenus multimédia. Ceci doit avoir pour objectif de favoriser l'éclosion d'une gamme variée d'applications et de contenus locaux. La période actuelle est celle du déploiement de la télévision terrestre et marquera le début de la migration vers l'ère numérique avec toutes les implications économiques, sociales, culturelles et politiques. Cette migration doit s'intégrer globalement dans la stratégie des TIC ; car le rôle des TIC dans l'accélération de la croissance économique et l'intégration socioculturelle est largement reconnu. Quelles sont les dispositions qui doivent être prises à cet effet ? Il convient de noter que, d'abord, un comité de stratégie numérique a été mis en place et récemment redynamisé par le ministère de la Communication ; il est présidé par le ministre de la Communication. Ce comité tient des séances régulières et a émis un certain nombre de recommandations dont, principalement, la mise en place d'un calendrier de mise en œuvre de la TNT jusqu'en 2015. Quel est le plan TNT retenu pour l'Algérie ? Le plan retenu signifie, dans un langage perceptible et claire, qu'il y a possibilité de diffuser entre 6 et 8 chaînes de télévision par site, car un multiplex est un moyen pour véhiculer jusqu'à 6 avec un système de codage MPEG2 et 10 et plus avec un codage MPEG4, si on veut également multiplier les programmes et ajouter le tripleplay (ADSL), et l'Algérie dispose par le plan de 6 à 8 multiplex. En Algérie, la TNT (méga projet composé de deux principaux volets : diffusion et contenu) a débuté, pour l'aspect relatif à la diffusion, en 2009, par la mise en place du réseau nord d'émission. La partie relative au contenu (programmes) constitue la pierre angulaire de ce projet national (TNT). Car le téléspectateur algérien est plutôt attiré par des programmes nationaux compétitifs à même de susciter son intérêt à investir dans les équipements de réception TNT car les chaînes existantes sont reçues gratuitement par satellite, à moins de prendre la décision de ne plus les diffuser par satellite (Hotbird, NileSat, Arabsat, AB7, Badr6...). L'introduction de la nouvelle technologie de la télévision numérique terrestre (TNT) aux niveaux de la production, de la diffusion et de la réception est à l'évidence incontournable, l'analogique est appelé irrémédiablement à être obsolète. La période de migration de l'analogique vers le numérique a débuté à la date d'entrée en vigueur des nouveaux accords arrêtés par la Conférence régionale de radiocommunication (RRC-06), qui s'est tenue le 17 juin 2006 à Genève. Deux échéances ont été arrêtées : - 2015 pour la VHF et l'UHF (concerne les pays d'Europe CEPT) - 2015 pour l'UHF et la VHF (concerne les pays d'Afrique et du Moyen-Orient). D'ici-là, les assignations analogiques existantes et en projet continueront à être utilisées et protégées par le nouveau plan. Après cette période, le plan analogique est abrogé. Le plan numérique peut être entièrement mis en application sans restrictions. L'analogique peut continuer à fonctionner, sans causer d'interférences et sans réclamer de protection. Ainsi, les principales mesures prioritaires et urgentes qui interpellent notre pays se résument comme suit : - Adaptation des téléviseurs à la réception numérique (ceci est déjà fait par certains opérateurs installés en Algérie). - Fabrication des équipements de réception. - Réfléchir aux mesures de soutien financier afin de permettre aux téléspectateurs les plus démunis d'y accéder. - Enfin, et c'est la principale équation à résoudre à savoir : un contenu adapté (des programmes de qualité, attractifs à même de permettre au téléspectateur algérien de zapper les programmes reçus par satellites). À ce sujet, quelques exemples européens, arabes, africains peuvent être cités : la France a commencé en 2008 et s'est fixé l'échéance de 2011 ; l'Italie également ; l'Espagne a terminé, le Maroc est en cours... Telles sont les questions qui gagneraient à constituer le fond des débats qu'il est souhaitable de mener. Quelle pourrait être, selon vous, la démarche à suivre ? Les éléments d'une démarche pourraient être les suivants : - Etat des lieux du marché algérien (capacités techniques, programmes, industrie) ; - Leçons à tirer des expériences d'autres Etats en matière de TNT ; - Panorama technologique ; - Synthèse et formalisation des choix stratégiques de mise en œuvre de la TNT. Compte tenu des enjeux associés au projet, il n'est pas judicieux que les choix stratégiques soient déterminés par les consultants ou experts, qui sont plutôt appelés à présenter aux décideurs les options possibles, le choix final leur appartenant. Il apparaît évident que la feuille de route finale est une décision éminemment politique, et non pas uniquement technique. Quels sont, selon vous, les contours de service public dans la société algérienne de l'information ? Permettez-moi de vous féliciter et de vous remercier pour votre question pertinente pour son caractère professionnel. Les éléments de réponse à votre question nécessitent un recours inéluctable aux concepts et notions juridiques de service public et particulièrement le service public de radio-télévision ou de radiodiffusion. Principes directeurs du service public 1. La continuité : qui implique que le service doit être assuré régulièrement, sans retard dans le temps, sans discontinuité gênante ou pénalisante pour l'usager. Ce principe a donné lieu à confrontation avec l'exercice du droit de grève dans le service public. 2. La mutabilité : qui désigne l'adaptation des services publics à l'évolution des besoins collectifs et aux exigences de l'intérêt général. Ce qui peut se traduire de deux manières : dans le cadre d'une délégation de service public, l'administration garde un pouvoir de modification unilatérale des conditions d'exécution du service et explique l'absence de droit acquis pour les usagers quant au maintien du service ou de la réglementation régissant le service. 3- L'égalité : qui interdit la discrimination entre les usagers du service tant vis-à-vis des prestations que des charges : des situations identiques doivent être traitées de la même manière. Mais, inversement, des traitements différents peuvent être réservés à des situations différentes. À ces trois principes basiques peuvent s'ajouter : 1. La neutralité : que doivent observer toutes les personnes qui collaborent à un service public 2. La réserve : dont les collaborateurs de service public ne doivent pas se départir dans l'expression de leurs opinions. 3. La primauté : les intérêts privés ou personnels doivent s'incliner devant l'intérêt général ou collectif. 4. La gratuité : ce principe est fréquemment respecté dans les services publics administratifs (enseignement notamment), mais ne l'est pas pour les SPIC (Services publics à caractère industriel et commercial). L'existence d'un prix payé par l'usager est même retenue par l'Etat comme critère de reconnaissance d'un SPIC. Le service public de radiodiffusion Les services publics de radiodiffusion sont des radiodiffuseurs remplissant un mandat de service public. La définition de ce mandat relève de la compétence des Etats, lesquels peuvent décider au niveau national, régional ou local. Un tel mandat doit se conformer aux besoins démocratiques, sociaux et culturels d'une société particulière et garantir le pluralisme, y compris la diversité culturelle et linguistique. Afin de remplir ce mandat, le radiodiffuseur public bénéficie de la redevance audiovisuelle ou d'un soutien financier direct de l'Etat. La notion d'Etat de droit passe par un service public qui garantisse une continuité assurée régulièrement, sans retard dans le temps, sans discontinuité gênante ou pénalisante pour le citoyen usager. Quels sont les principes de service public appliqués à la communication audiovisuelle ? Les grands principes applicables dans le monde sont, par exemple : Must-carry : garantir la diversité culturelle et le pluralisme des médias. Dans un monde consommant à la carte, l'usager exigera l'accès aux programmes de service public à toute heure, partout, sur tous les appareils et toutes les plates-formes. Les règles du must-carry permettront de garantir le pluralisme des médias et l'accès du public à toute une gamme de contenus via les nouvelles plates-formes. Les consommateurs doivent librement accéder au contenu à financement public. Les règles du must-carry appliquées au signal ou au canal assureront cet accès. Interopérabilité : faciliter le passage au numérique. Les consommateurs exigent des services de pouvoir accéder simplement, de partout et avec n'importe quel appareil. Seules l'interopérabilité et des normes ouvertes peuvent offrir de tels services. En Algérie Lors du conseil des ministres qu'il a présidé le 25 septembre 2012, le président de la République a réitéré son souci de veiller à la réhabilitation de tous les services publics et mis l'accent sur la nécessité de leur modernisation afin de les rendre aptes à prendre en charge les préoccupations de la population. Cette volonté constitue un des objectifs essentiels du plan d'action du gouvernement conduit par le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal. Il paraît clair que la persistance de reflexes contraires à la notion de service public a souvent porté préjudice à la relation de confiance qui doit exister entre le citoyen et les institutions administratives. Le président de la République a instruit le gouvernement de déployer davantage d'efforts et de persévérer dans une mission qui accorde la priorité à l'instauration des conditions les plus utiles et les plus transparentes pour un accès fiable et performant de l'ensemble des citoyens à un service public de qualité, en phase avec les exigences quotidiennes de la population. La réhabilitation nécessaire du service public se retrouve dans les différentes orientations du président de la République. Le Premier ministre en a fait une priorité dans son programme de gouvernement. Cas de la Radiodiffusion de service public (RSP) La prochaine échéance sera celle de la mise en place des voies et moyens du passage de l'analogique au numérique en réduisant au maximum l'impact de la «fracture numérique». Trois éléments peuvent garantir le succès du service public de numérisation quelle soit radio ou TV : Un contenu adapté, une couverture étendue et la mise à disposition d'une large gamme d'appareils grand public. Conclusion ? Le plan stratégique repose sur les priorités suivantes : - Permettre à tous d'accéder aux réseaux et aux services numériques : -développer la production et l'offre de contenus numériques -accroître et diversifier les usages et services numériques dans les entreprises et chez les particuliers -introduire une gouvernance de l'économie numérique. A. H Nom Adresse email