"Le temps des faiseurs de rois est terminé parce que l'objectif de Bouteflika est de bâtir un Etat civil", a asséné le nouveau patron du FLN. Le projet prêté au président Abdelaziz Bouteflika de vouloir réduire considérablement le pouvoir du DRS ne semble pas être une vue de l'esprit. Et c'est Amar Saïdani, secrétaire général du FLN et homme proche du cercle présidentiel, qui vient de confirmer, dans un entretien accordé à l'agence Reuters, cette option du chef de l'état. "Le temps des ‘faiseurs de rois' est terminé parce que l'objectif de Bouteflika est de bâtir un Etat civil", a asséné le nouveau patron du FLN. Selon lui, cette volonté du Président de réduire l'influence politique du puissant service dirigé depuis 1990 par le général des corps d'armée Mohamed Mediene dit Toufik s'inscrit en droite ligne de réformes constitutionnelles qu'envisage d'entreprendre le chef de l'état pour fixer clairement les prérogatives de l'armée et des services. C'en est-il alors fini de l'omnipotence du DRS ? à en croire Amar Saïdani, les services algériens n'auront plus à interférer dans la vie des partis, des médias et de la justice sans pour autant aller jusqu'à leur dénier le moindre rôle dans la vie institutionnelle du pays. "Le DRS continuera à jouer son rôle mais ne sera plus impliqué dans la vie politique, dans les partis, les médias et la justice", a-t-il précisé. L'évocation publique d'un sujet aussi lourd par un homme du sérail comme Amar Saïdani est, à bien y regarder, révélateur d'une évolution notable dans les rapports de force au sommet de l'état. En d'autres temps, ni l'actuel secrétaire général du FLN ni un quelconque ministre ou autre responsable en exercice ou non ne se serait permis une telle audace. Reste à savoir si M. Saïdani a agi de son propre chef ou s'il aurait reçu des assurances pour épiloguer ainsi sur la disgrâce d'une institution jusqu'ici redoutée. Début septembre dernier, plusieurs médias ont rapporté des informations ayant trait à un démembrement en règle du DRS décidé par le président Bouteflika dès son retour aux affaires après une longue période d'hospitalisation. Le président Bouteflika a dessaisi le DRS de trois importants leviers de pouvoir, à savoir le service de la communication, la direction de la sécurité de l'armée et la Police judiciaire pour les rattacher à l'état-major de l'armée dirigé par le général de corps d'armée, Gaïd Salah. Mieux, le chef de l'état a écarté les généraux-majors Mhenna Djebar, un homme proche du patron des services, et Bachir Tartag des directions qu'ils occupaient auparavant. Il faut dire que cette "révolution" de Bouteflika a surpris plus d'un. Habitués à cette présence écrasante des services dans tous les rouages de l'état et dans la vie de la nation, analystes et observateurs n'ont prêté que peu de crédit à un tel scénario. D'aucuns évoquaient alors un deal entre les deux centres de décision en Algérie (la Présidence et les services), d'autres spéculaient sur un improbable recul tactique du DRS et d'autres encore n'hésitaient pas à y voir dans ce grand ménage une neutralisation des services par la Présidence. Cette dernière hypothèse semble être la plus vraisemblable puisque quelques jours seulement après le séisme provoqué par les changements entrepris au sein du DRS, le chef de l'état est alors passé à un palier supérieur dans sa stratégie de reprise en main de tous les centres de décision. Il décide un des remaniements ministériels les plus audacieux et les moins consensuels entre les différentes factions du pouvoir, depuis son arrivée à la tête du pays. Tous les importants départements ministériels (intérieur, justice...) sont revenus à des hommes qui lui sont proches. Même la présidence du Conseil constitutionnel a été confiée à un fidèle : Mourad Medelci. Avec une mainmise quasi totale sur les postes stratégiques au sein de l'état, Bouteflika affiche-t-il sa volonté de s'offrir, contre vents et marées, un quatrième mandat ? A. C. Nom Adresse email