L'idée n'est pas nouvelle, mais elle pourrait être novatrice. Plafonner le salaire des joueurs professionnels de Ligue 1. C'est, du moins en théorie, ce qui a été suggéré au cours de la réunion de coordination, tenue mardi au centre technique de préparation de Sidi Moussa, entre le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, les représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports, Mokhtar Boudina et Abdelmadjid Djebbab, le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, ainsi que les 16 présidents des clubs de l'élite. Si l'idée en elle-même séduit, est-elle pour autant réalisable dans une Ligue 1 où ces mêmes présidents n'ont presque jamais été d'accord ? Pour certaines formations, notamment celles qui souffrent énormément de crises financières à répétition, cette mesure ne pourrait leur être que salutaire, dans la mesure où elle leur faciliterait un certain rééquilibrage de leurs budgets respectifs. Pour les autres, celles qui misent justement sur l'attrait financier pour ratisser large en période de recrutement, cela risquerait de diminuer considérablement ce même pouvoir d'attraction. Vu sous cet angle, tous les clubs de l'élite professionnelle partiraient sur un pied d'égalité à l'ouverture du marché des transferts et compteraient, uniquement, sur le prestige sportif pour convaincre tel ou tel élément de s'engager en faveur d'untel ou d'untel, en partant du principe qu'il pourrait toucher les mêmes rétributions financières en s'engageant ailleurs. Mais pour que ce vœu soit réalisable, il faudrait surtout que les principaux acteurs du marché des transferts, les présidents de club, acceptent de jouer le jeu et se résignent à accepter ce nouveau code qui bannirait toute surenchère financière, comme on en voit tellement ces dernières années. La plus importante gageure d'un président de club habitué à ce type de surenchère sera certainement de faire accepter l'idée aux fans que certains joueurs-vedettes partiraient ailleurs et que son équipe serait moins performante dans les différentes compétitions où elle est engagée. à condition que l'application de cette mesure se fasse crescendo et à moyen terme, le rêve est permis en dépit de l'énorme difficulté de sa mise en œuvre. L'exemple le plus instructif nous est venu d'Espagne, voilà maintenant plus de trois ans. L'on s'en souvient. En mars 2010, au cours d'une interview accordée au très sérieux quotidien britannique Financial Times, le président de la Ligue de football espagnole, José Luis Astiazaran, avait affirmé sa volonté de "limiter les dépenses salariales des clubs espagnols, dont le Real de Madrid et le Barça, connus pour être parmi les plus riches du monde". "Les clubs devront plafonner à 70% de leur budget les sommes consacrées aux salaires, aux transferts et aux commissions versées aux agents. à terme, cela doit nous permettre d'assainir la situation financière de nos clubs, mais ce ne sera pas facile. Nous nous donnons trois ans pour mettre en place ces règles, le temps pour les clubs de se préparer et au gouvernement espagnol de légiférer dans ce sens", avait affirmé José Luis Astiazaran. Au début des années 2000, alors qu'elles traversaient une mauvaise passe, la Lazio et la Roma avaient, en premier, évoqué l'idée de plafonner le salaire de leurs joueurs. Cotés en bourse, les deux clubs italiens avaient alors plutôt cherché à rassurer les marchés sans pour autant mettre en application cette idée. Une idée reprise depuis par le président de l'UEFA, le Français Michel Platini, qui active dans ce sens dans la perspective de réguler les finances du foot européen en imposant notamment un plafonnement des salaires à l'ensemble des clubs du Vieux Continent. C'est d'ailleurs Platini qui a fait adopter le principe du "fair-play financier", qui devrait entrer en vigueur dès la saison prochaine et qui réserve à l'avenir l'accès des compétitions européennes aux clubs ayant des budgets équilibrés, tout en écartant les clubs trop endettés. Mais à l'inverse des états-Unis d'Amérique, où les principaux sports ont instauré depuis longtemps le principe d'un "salary cap" qui fait que les masses salariales y soient ainsi encadrées et la gestion des clubs soigneusement contrôlée, en Europe, le plafond salarial n'est pas encore appliqué. Pourra-t-il, dès lors, l'être en Algérie ? R. B. Nom Adresse email