Pour ce nouveau ministre, il s'agit bien d'une volonté politique de mettre de l'ordre dans le service public que d'une campagne conjoncturelle, à la veille de l'échéance présidentielle. Etant lui-même ancien wali, Sellal ne pouvait mieux désigner comme ministre chargé de la Réforme du service public qu'un homme issu de ce milieu. Mohamed El-Ghazi est, en effet, un pur produit de la collectivité locale et dont le dernier poste occupé dans ce cadre est wali d'Annaba. Invité hier par le Forum du quotidien El Moudjahid, le nouveau ministre s'est montré en tout cas résolu à mener la guerre contre les maux de l'administration locale et premier lieu la bureaucratie, le cauchemar du commun des citoyens. Une batterie de mesures, fait-il savoir, est en train de mijoter dans son département ministériel et dont on attend la mise en application dans un mois. Ce n'est pas chose facile. Prendre des mesures appelées à chambouler les mentalités vieilles de plusieurs décennies n'est pas une évidence. Pourtant, le ministre-délégué auprès de M. Sellal se veut non seulement affirmatif, mais il prend pour témoin le parterre de journalistes présents à la conférence. "Il ne s'agit point d'une campagne mais d'une volonté politique. La création d'un ministère, à cet effet, est un gage de cette volonté d'en finir avec la corruption, le clientélisme et la bureaucratie", rassure-t-il. Et de préciser que la création de ce département est devenu une urgence face à une production non satisfaisante du service public. Devons-nous nourrir de grands espoirs en cette nouvelle structure pour assumer son rôle dans le rétablissement de la confiance entre le citoyen et l'administration ? Pour le ministre, il est clair que pour cela il a besoin de l'aide des autres départements concernés par la prestation de service au profit du citoyen. Comment s'y prendre, justement, quand la bureaucratie est largement répandue ? La démarche que compte formaliser ce nouveau ministère touchera-t-elle, en plus des collectivités locales (APC, daïras, wilayas), les autres organismes et institutions relevant du service public, comme la Poste, les ports, les aéroports et autres gares, etc., lui qui déclare d'emblée qu'"il est en train de monter un ministère à partir de rien" ? Mohamed El-Ghazi s'en va en fait en guerre. D'abord, il est convaincu lui-même que "le service public est malade et a besoin d'un remède urgent tout en annonçant dans ce sens une série de mesures à mettre en application dans les meilleurs délais, d'autres le seront à moyen terme, pendant que d'autres mesures enfin feront l'objet à long terme de préparations et de concertations diverses y compris avec les citoyens". Ainsi, selon le ministre, une commission interministérielle est chargée de la révision de certains textes juridiques liés à l'organisation du service public. Des textes seront, en cas de besoin, abrogés. Ce travail sera finalisé en principe durant le mois de novembre. Tout en pointant du doigt les pratiques indignes de certains agents au niveau des administrations en relation directe avec les citoyens, le ministre a souligné aussi le comportement négatif des préposés aux guichets et dont, dira-t-il, que "certains d'entre eux ont été affectés en tant que tels par mesure disciplinaire". Pour remédier à ce problème, le premier responsable du secteur propose de les remplacer par des agents compétents et aptes à assurer un service public satisfaisant. Ces derniers seront, ajoute le ministre, "secondés par des assistants chargés de l'orientation". L'on saura également dans le même ordre d'idées qu'un mouvement sera opéré dans les rangs des préposés aux guichets et "les véreux seront éliminés". Mais il y aura parallèlement des sanctions positives à l'égard des méritants. En somme, la mission du nouveau ministre consiste à moraliser le service public. Il est question, d'ailleurs, selon le ministre, de créer un observatoire et une charte du service public. M. El-Ghazi a également abordé un certain nombre d'autres mesures comme de revoir les horaires de travail du service public dont il propose la prolongation jusqu'à 19h, expliquant à ce sujet qu'il s'agit d'un aménagement technique et non de recrutement. Comme il propose que ces guichets soient ouverts le week-end. À la question de savoir s'il n'était pas plus efficace de céder la gestion de certains services publics aux entreprises étrangères comme c'est le cas de Seaal Alger et Seor Oran pour la distribution, l'entretien des réseaux d'eau potable et d'assainissement, le ministre ne s'est pas montré enthousiaste, argumentant que l'idée peut réussir dans certaines wilayas mais pas dans d'autres en donnant l'exemple d'Annaba où une société allemande a montré ses limites dans la gestion de l'eau et qu'il fallait remplacer par une entreprise nationale performante. L'exigence du 12S ainsi que la tracasserie générée par la légalisation des documents administratifs sont dans l'agenda du ministre pour alléger ces procédures. Il conclut, dans ce sens, qu'il s'agit d'une obligation de sincérité que l'Etat prend avec les citoyens. Il reste, en effet, à espérer que toutes ces promesses soient tenues car le citoyen est excédé par le bourreau appelé bureaucratie. A. F Nom Adresse email