L'avertissement s'adresse aux "Amis du peuple syrien", onze pays occidentaux et arabes du Golfe qui font du départ de Bachar al-Assad le préalable à l'ouverture de négociations inter-syriennes. Le régime syrien a réaffirmé mardi qu'il revenait au peuple syrien de choisir ses dirigeants dans le cadre d'une solution politique lors de la conférence de paix Genève II. La Syrie participera à la conférence de paix internationale sur la base du droit exclusif du peuple syrien à décider de son avenir politique, à choisir ses dirigeants et sur le refus de toute forme d'intervention extérieure, a insisté le ministre syrien des Affaires étrangères, lors de sa rencontre avec l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe à Damas. Walid Mouallem, selon l'agence gouvernementale syrienne Sana, a affirmé à son hôte Lakhdar Brahimi que "le dialogue se fera entre Syriens". Rejetant toute interférence régionale et internationale, le chef de la diplomatie syrienne a par ailleurs dénoncé la déclaration du groupe des "Amis du peuple syrien" qui avait affirmé le 22 octobre à Londres qu'Assad n'aurait "aucun rôle" dans le futur gouvernement syrien. Redevenu aux yeux de la communauté internationale un "partenaire" depuis l'accord sur la destruction de l'arsenal chimique syrien, le président Assad semble reprendre du poil de la bête d'autant plus que sur le terrain, ses forces de sécurité marquent des points, recouvrant progressivement les villages et banlieues "libérés" par l'opposition. Sa fermeté peut aussi procéder de la tactique de surenchère pour mieux asseoir ses nouveaux acquis. En outre, il estime pouvoir compter sur la Ligue arabe qui l'avait exclu de ses rangs lorsque le Qatar y imposait sa loi, mais dont une majeure partie de ses membres se sont rendu compte du chaos régional que ferait naître le lâchage intégral du pouvoir damascène. La Ligue arabe réunira ses ministres des AE début novembre pour discuter de leur participation à Genève II. Et, selon des sources concordantes, la tendance serait à une participation d'un bon nombre de pays arabes qui devront exprimer officiellement à la tribune de la conférence leurs points de vue et arguments sur la crise syrienne et les moyens de mettre en place un pouvoir intérimaire à Damas. Lakhdar Brahimi a également abondé dans la même direction que Damas, soulignant : "Seuls les Syriens décideront de l'avenir de la Syrie". Le médiateur, actuellement en tournée régionale, était de retour en Syrie après une absence de dix mois suite à une brouille avec le président Assad. Celui-ci a profité de son séjour damascène pour faire une mise au point après l'annonce le week-end dernier de Bachar al-Assad à se présenter à la présidentielle de 2014. "Ce que je dis, tout haut et à tous les Syriens, c'est que l'histoire nous apprend qu'après une crise comme celle-ci, on ne peut pas revenir en arrière. Le président Assad peut donc contribuer utilement à la transition entre la Syrie d'avant, qui est celle de son père et la sienne, et ce que j'appelle la nouvelle République de Syrie", a-t-il déclaré, avertissant : "Faute d'un accord politique, ce qui menace la Syrie, c'est une sorte de somalisation, plus durable et encore plus profonde que ce que nous avons pu voir en Somalie". Alors que Lakhdar Brahimi était à Damas, et après sa mise au point explicite, le président Assad a démis de ses fonctions le vice-Premier ministre Qadri Jamil, qui a mené des "activités et tenu des rencontres en dehors du pays sans concertation avec le gouvernement" ! Selon des sources politiques syriennes, l'ex-vice Premier ministre a rencontré en début de semaine l'ambassadeur américain Robert Ford, chargé du dossier syrien et demandé à faire partie de la délégation de l'opposition à Genève II, ce que Ford a refusé, faisant valoir qu'il était difficile d'être à la fois au gouvernement et dans l'opposition. La composition de la délégation de l'opposition à cette conférence voulue par les Etats-Unis et la Russie est un casse-tête en raison des divergences qui la traversent et des menaces des groupes armés contre ceux qui oseraient s'y rendre. Cela dit, la mission de Lakhdar Brahimi n'a pas encore atteint sa dernière ligne droite car, il reste à organiser l'opposition qui refuse de s'asseoir à la table des négociations. Pour les djihadistes, environ 200 groupuscules dont al-Nosra et l'état de l'Irak et du Levant, deux franchises d'Al-Qaïda, prendre part à Genèvre II est une trahison, avertissant clairement les opposants qu'ils seraient exécutés. D. B Nom Adresse email