Le gouvernement syrien a réaffirmé mardi qu'il revenait au peuple syrien de choisir ses dirigeants, rejetant les appels à un départ du président Bachar al-Assad dans le cadre d'une solution politique lors de la conférence de paix Genève-2. M. Assad a par ailleurs démis de ses fonctions le vice-Premier ministre Qadri Jamil, un ancien opposant rallié au régime, après des informations faisant état de sa rencontre avec l'ambassadeur américain Robert Ford au sujet de Genève-2. "La Syrie participera à Genève-2 sur la base du droit exclusif du peuple syrien à décider de son avenir politique, à choisir ses dirigeants et sur le refus de toute forme d'intervention extérieure", a déclaré le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, selon l'agence officielle Sana. "Le dialogue se fera entre Syriens", a-t-il insisté lors de sa rencontre avec l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi, rejetant ainsi toute interférence régionale et internationale. Il a par ailleurs dénoncé la déclaration du groupe des "Amis de la Syrie", réunissant des pays soutenant l'opposition, qui avait affirmé le 22 octobre à Londres que M. Assad n'aurait "aucun rôle" dans le futur gouvernement syrien. Pour sa part, M. Brahimi a affirmé être venu à Damas pour préparer "une conférence pour le dialogue entre les parties syriennes", ajoutant que "seuls les Syriens décideront de l'avenir de la Syrie". L'émissaire, actuellement en tournée régionale, est de retour en Syrie après une absence de dix mois suite à une brouille avec M. Assad. Sa mise au point sur le caractère syrien de la conférence intervient au lendemain de la publication d'un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique qui n'a pu que heurter le pouvoir alors que M. Assad s'est récemment dit prêt à se présenter à la présidentielle de 2014. "Ce que je dis, tout haut et à tous les Syriens, c'est que l'Histoire nous apprend, qu'après une crise comme celle-ci, on ne peut pas revenir en arrière. Le président Assad peut donc contribuer utilement à la transition entre la Syrie d'avant, qui est celle de son père et la sienne, et ce que j'appelle la nouvelle République de Syrie, a-t-il dit au magazine. "Maintenir indéfiniment son pouvoir" Faute d'un accord politique, "ce qui menace la Syrie (...), c'est une sorte de +somalisation+. Plus durable et encore plus profonde que ce que nous avons pu voir en Somalie", a-t-il prévenu. Dans le même temps, M. Assad a démis de ses fonctions le vice-Premier ministre Qadri Jamil, qui a mené des "activités et (tenu) des rencontres en dehors du pays sans concertation avec le gouvernement", a rapporté l'agence Sana. Selon une source politique syrienne, M. Jamil a rencontré samedi l'ambassadeur américain Robert Ford chargé du dossier syrien et demandé à faire partie de la délégation de l'opposition à Genève-2, ce que M. Ford a refusé, faisant valoir qu'il était difficile d'être à la fois au gouvernement et dans l'opposition. La composition de la délégation de l'opposition à cette conférence voulue par les Etats-Unis et la Russie est un casse-tête en raison des divergences qui la traversent et des menaces des groupes armés contre ceux qui oseraient s'y rendre. Sur le terrain, l'opposition est en effet de plus en plus atomisée. Dans la province de Hassaké (nord-ouest), des combattants kurdes ont pris trois villages aux jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra, et ont contraint le chef d'un bataillon lié à l'Armée syrienne libre (ASL) de se rendre avec toutes ses armes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les Kurdes souhaitent instaurer une zone autonome à l'instar des Kurdes d'Irak. Les jihadistes combattent pour leur part à la fois le régime syrien, les autres rebelles et les Kurdes afin d'imposer leur pouvoir sur le nord et l'est du pays.