Cette double attaque ayant pour cadre deux endroits symboliques marque une escalade dans la violence terroriste en Tunisie, au moment où sa classe politique est à la recherche de mécanismes politiques pour sortir de la crise. Les services de sécurité tunisiens ont déjoué, hier à 10h, une attaque-suicide contre le mausolée de l'ancien président tunisien, Habib Bourguiba, dans le centre de Monastir, située à 160 km au sud de la capitale Tunis. "Une tentative d'attaque, visant l'enceinte du mausolée Bourguiba, a été déjouée, mercredi, et un jeune homme en possession d'explosifs a été arrêté", a indiqué Mohamed-Ali Laroui, porte-parole du ministère de l'Intérieur. "L'homme, âgé de 18 ans, portait une valise contenant une bombe qu'il allait faire exploser", a ajouté la même source, sans préciser l'identité de l'assaillant. Cette attaque peut avoir de graves répercussions, car le mausolée, un somptueux édifice dans le centre de la ville natale de Bourguiba, est ouvert à la visite des touristes. Le porte-parole a précisé que les unités antiterroristes procédaient au ratissage de la zone à la recherche d'un complice du kamikaze. Le ministère de l'Intérieur a assuré qu'aucune perte ni dégâts matériels n'ont été enregistrés, ajoutant qu'une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances de l'attaque. Peu avant l'attaque du mausolée, un kamikaze s'est fait exploser sur une plage de la paisible ville balnéaire de Sousse dans le centre-est touristique de la Tunisie, selon la même source. Heureusement, l'attaque n'a pas fait de victimes, alors que le ministère de l'Intérieur n'était pas en mesure de préciser les circonstances de l'attaque ni l'identité du kamikaze. Selon des témoins, l'attaque s'était produite vers 9h30 et visait l'hôtel Riadh Palm dans le centre de Sousse, mais le kamikaze s'est fait repérer et, après à une course-poursuite, il s'est fait exploser sur la plage déserte. Ces attaques terroristes interviennent au lendemain du lancement par l'armée tunisienne d'une opération militaire de "grande envergure" contre les groupes terroristes sur les hauteurs du district de Sidi-Ali Ben Aoun dans la région de Sidi Bouzid, selon les déclarations du général Taoufik Rahmouni, porte-parole du ministère de la Défense. Ce dernier a indiqué que des chars et des hélicoptères sont utilisés dans cette opération de "grande envergure" pour la traque de "terroristes". Ces opérations, qui n'ont pas été revendiquées, font monter d'un cran la violence prêtée à des groupes armés djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon les autorités, et contenue jusqu'ici dans les hauteurs ouest du pays, près de la frontière algérienne. Il y a lieu de rappeler que la Tunisie a enregistré plusieurs attaques de groupes terroristes liés à Al-Qaïda. Le mois d'octobre a déjà enregistré un bilan lourd. Neuf policiers et gendarmes ont été tués dans des accrochages meurtriers entre les services de sécurité et les terroristes. Lundi, le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé dans un communiqué que huit terroristes impliqués dans les affrontements armés, qui ont coûté la vie à six gendarmes tunisiens dans le centre-ouest de la Tunisie, ont été arrêtés dimanche. Selon la même source, des "explosifs et des armes" ont été saisis et le groupe préparait des attentats. Il faut dire que la mort des six gendarmes a déclenché une vague de colère dans leur région d'origine, des manifestants incendiant des bureaux du parti islamiste au pouvoir Ennahda lors des funérailles des six gendarmes. La recrudescence des confrontations intervient alors que la classe politique s'emploie à sortir la Tunisie d'une profonde crise politique provoquée par l'assassinat, en juillet, du député opposant, Mohamed Brahmi. Des négociations sont en cours pour la mise en place d'un gouvernement d'indépendants qui prendrait la succession du cabinet de l'islamiste Ali Laârayedh. I. O. Nom Adresse email