Réveil désagréable jeudi matin pour une des figures les plus représentatives de l'islam en France. Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, a trouvé les murs de sa maison à Nîmes, où il habite dans un quartier résidentiel depuis 20 ans, recouverts d'insultes racistes et à caractère nazi. Des tags à l'encre noire sur des murs roses pour être bien visibles tels : "Islam dehors", "Les Arabes dehors", des croix gammées, "Heil Hitler", "SS" et des croix catholiques. Une plainte sera déposée dans l'après-midi, a précisé M. Zekri, par ailleurs, conseiller du recteur de l'Institut musulman et délégué chargé des régions de la Grande-Mosquée de Paris. Cette agression est une escalade dans l'islamophobie, puisque c'est la première fois que le domicile d'un responsable de ce culte est ciblé. Jusque-là, on visait les mosquées, les salles de prière et les cimetières. Décidé à continuer son combat contre "l'islamophobie, le racisme et l'antisémitisme", il a estimé que "le climat actuel" et, notamment, ceux qui "parlent d'une droite décomplexée" et "surfent sur les thèses du Front national amènent à ce genre de dérive". "Je ne peux qu'exprimer mon dégoût et mon mépris à l'égard des nazillons. Il est désolant de voir qu'au XXIe siècle, on continue de faire l'éloge du nazisme ; ce qui prouve que la bête immonde est toujours là", a souligné le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie. "Lorsqu'on parle d'‘Islam dehors', il s'agit de la deuxième religion de France complètement ancrée dans la République. Concernant les mots ‘Arabes dehors', on oublie vite que ce sont ces Arabes qui ont participé à la libération de la France contre ces mêmes nazis", a-t-il ajouté. L'acte a valu à M. Zekri un immense mouvement de solidarité venant même du responsable local du Front national. M. Zekri est enraciné à Nîmes où il réside depuis 1975. Dans un communiqué, Yoann Gillet, candidat du FN à l'élection municipale à Nîmes, et le bureau départemental du parti ont condamné avec fermeté les "tags racistes" inscrits sur les murs de M. Zekri. "Rien ne saurait justifier de telles dégradations. Les auteurs, certainement guidés par la bêtise et la volonté d'attiser les haines, ne méritent aucune compassion. Il est important que ces derniers soient appréhendés et déférés devant la justice", écrit le Front national. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a dénoncé "ces actes agressifs et insultants". Selon l'association SOS Racisme, "ces actes se multiplient dans le contexte actuel, notamment marqué par les agressions de deux militantes de l'Unef Paris-I par des membres de l'extrême droite", "une recrudescence des menaces alimentée par les réseaux sociaux". "Alors que plusieurs groupuscules d'extrême droite ont été dissous durant l'été, leurs anciens dirigeants tentent de reprendre pied, se faisant concurrence sur le terrain des agressions racistes", poursuit-elle, appelant à la "vigilance". M. Zekri a reçu aussi les soutiens par téléphone du maire de Paris, Bertrand Delanoë, et du ministère de l'Intérieur. A. O. Nom Adresse email