À titre de comparaison, ce poste de dépense représente seulement 12% du revenu d'un ménage suisse et à peine 16% de celui d'un foyer français. Les Algériens ont dépensé en 2011, en moyenne, 42% de leurs revenus dans l'alimentation, selon une enquête décennale réalisée par l'Office national des statistiques (ONS) sur un échantillon de 12 150 ménages ordinaires. Traduire cette statistique revient à dire que les ménages algériens sont pauvres ou à faibles revenus. "Plus la part alimentaire dans le budget est élevée, plus le ménage est pauvre, et l'inverse est vrai", a indiqué, à l'APS, le directeur technique chargé des statistiques sociales et des revenus à l'ONS, Youcef Bazizi, qui a supervisé cette enquête. En effet, les résultats de cette enquête sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages montrent que la dépense moyenne mensuelle est de 59 700 DA par ménage. La partie consacrée aux dépenses alimentaires est estimée à 25 000 DA par mois. Plus du tiers du salaire est donc réservé à l'alimentation. Cet indicateur statistique démontre la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages algériens. À titre de comparaison, ce poste de dépense représente seulement 12% du revenu d'un ménage suisse et à peine 16% de celui d'un foyer français. Selon cette enquête, la dépense globale des ménages algériens est estimée à 4,5 mds de DA en 2011, contre 1,5 md de DA en 2000. Cette dépense a donc triplé en dix ans, enregistrant un coefficient légèrement inférieur dans le milieu rural estimé à 2,4%, contre 3,2% en milieu urbain. En effet, les dépenses totales annuelles des ménages algériens dans le milieu urbain sont passées de 995,6 millions de DA en 2000 à plus de 3 mds de DA en 2011. "Cette amélioration est due, notamment, à une urbanisation croissante de la population durant cette dernière décennie", a encore indiqué Youcef Bazizi. Cependant, la part consacrée aux dépenses alimentaires a baissé de 2,8 points durant cette même période. En d'autres termes, les ménages algériens sont légèrement moins pauvres qu'il y a dix ans. Ces statistiques démontrent également que cette dépense varie selon que le ménage vive en milieu urbain ou rural. La part de l'alimentation est de 46% du revenu d'un foyer en milieu rural contre 40% en milieu urbain. Par conséquent, les ménages sont plus pauvres en milieu rural qu'en milieu urbain. Le deuxième poste budgétaire le plus important est celui consacré au logement. Selon cette enquête, il représente 20,4% de la dépense globale, soit près d'un milliard de dinars. Au cours des dix dernières années, ce poste de dépense a connu une hausse de près de 7 points. Le budget logement est nettement plus important en milieu urbain, estimé à 22% des dépenses du foyer, contre 16,3% en milieu rural. Viennent ensuite les dépenses consacrées aux "transports et communications", dont la part est estimée à 12% des dépenses totales des ménages. Ce poste de dépense enregistre une hausse de près de 2,6 points en 10 ans. Cette augmentation des dépenses en communication s'explique par "l'explosion de l'utilisation du téléphone mobile", a estimé M. Bazizi. Quant à la hausse de la dépense en matière de transport, elle est habituellement un indicateur de richesse. Les règles statistiques veulent que le poste de dépense en transport soit plus élevé chez les ménages riches. Mais cette règle statistique s'applique difficilement à l'Algérie, et ce, pour plusieurs raisons. D'abord parce que le parc automobile ne cesse de croître, puis parce que les transports en commun sont très peu développés, et enfin, parce que les prix des carburants sont soutenus par l'Etat. Que la dépense globale triple en dix ans n'est certainement pas le signe d'une "amélioration". Bien au contraire, cela veut dire que le pouvoir d'achat de l'Algérien a diminué, puisque la partie réservée à l'alimentation est restée quasiment inchangée. Cette forte hausse de la dépense globale s'explique par la hausse des prix des biens de consommation, donc par l'inflation. L'autre raison possible serait la dévaluation régulière du dinar algérien. Des éléments que n'évoque pas le statisticien. A. H Nom Adresse email