Depuis son intronisation à la tête du FLN, Amar Saâdani a multiplié ses sorties, parfois contradictoires, émaillées de critiques acerbes contre des personnalités, enterrant l'Alliance présidentielle pour contracter une nouvelle au point de soulever des questions sur ses intentions. Sachant que son élection à la tête du parti fait l'objet d'un recours auprès du Conseil d'Etat, il a réussi, à travers ses sorties, à créer un consensus autour de lui. Et à réunir les redresseurs et le groupe de Belayat qui font front commun contre lui. Alors qu'il a convoqué une session du comité central pour le 16 novembre, les opposants ont lancé une campagne pour son boycott. Nous évoquons toutes ces questions, dans cet entretien, avec Abdelkrim Abada, membre du CC et coordinateur du mouvement de redressement. Liberté : Où en êtes-vous dans votre campagne pour faire annuler la session du CC à laquelle a appelé Amar Saâdani ? A. Abada : Après la rencontre des 70 membres du CC, le 2 octobre, et l'accord donné par d'autres pour boycotter la session, nous sommes 130 membres à adopter cette position, nous travaillons avec les autres pour les convaincre de ne pas répondre à cette convocation. Nous avons entrepris une campagne médiatique et de sensibilisation et dévoiler devant l'opinion publique et les militants que ce gars n'est pas habilité à parler au nom du parti. Il a créé des problèmes avec nos partenaires politiques et ne travaille ni pour les intérêts du parti, ni pour ceux des institutions, ni pour ceux du pays. Nous allons démontrer qu'il n'est pas apte à diriger le navire. Et en attendant le verdict de la justice, puisque nous avons introduit un pourvoi contre la rencontre du CC du 29 août dernier, nous faisons un travail de sensibilisation. Après le verdict, nous adopterons une autre stratégie. Belayat va convoquer une autre session où tous les frères, nous l'espérons, assisteront à cette session "responsable" qui se déroulera dans un cadre légal, avec une commission de candidature, les urnes pour élire le SG. Après, nous parlerons de la présidentielle, de la préparation du congrès et des élections à la base pour sortir avec des dirigeants élus. Il s'agit, pour nous, de libérer le parti de l'emprise de ces gens qui l'ont accaparé, pour le redresser et le remettre sur sa voie authentique afin d'éviter toute possibilité de déviation, de dérapage à l'avenir. Une fois doté d'une direction légitime, nous pourrons en finir avec ceux qui ont sali le parti et ont fait qu'on est qualifié de toutes les tares et fléaux, corruption, incompétence, illettrisme, népotisme... Comment s'est faite la jonction entre votre groupe, le mouvement de redressement et le groupe de Belayat ? Il n'y a pas eux et nous. Nous travaillons ensemble. Nous partageons la même position sur la session du 29 août du CC et travaillons ensemble pour l'invalider. Avant Belayat était contre nous, quand on a créé le mouvement de redressement. Maintenant, il est convaincu qu'on avait raison en constatant qu'il y a déviation et empiètement des textes du parti, infraction à ses statuts, son règlement intérieur avec des décisions personnelles et hors cadre, un discours politique qui n'est pas le nôtre. C'est pour cela qu'ils travaillent avec nous pour apporter des corrections. Nous avons la même conception et la même préoccupation : sauvegarder le parti. Que vous inspirent ses déclarations et ses attaques contre les partis alliés et contre le Premier ministre ? Le RND est un parti allié. Nous sommes de la même famille, c'est un parti nationaliste. Ce monsieur, Saâdani, ne parle pas comme SG, il veut se construire une personnalité politique sur le dos des autres en s'attaquant à eux. Il fabrique un conflit qui n'existe même pas entre deux institutions, et quelles institutions ! L'Armée et la Présidence. Il insulte, diffame Sellal qui est Premier ministre alors qu'en tant que tel, il a pris partie pour lui, l'a aidé, en tant que chef de l'Exécutif, dans la décision délivrée par la tenue de la réunion du CC le 29 août. Il veut le salir. Il le voit comme vice-président et cela le gêne parce qu'il croit que cela lui revient de droit, raison pour laquelle il essaie de tromper l'opinion. Il prétend que la seule garantie du 4e mandat, c'est Saâdani. Il est l'objet de confiance et pas un autre. Il veut changer l'Alliance présidentielle en s'alliant avec de nouveaux partis avec lesquels nous n'avons pas de dénominateur commun et cela sans consulter le CC. Les questions d'alliance, de la présidentielle sont normalement tranchées par le CC, seule instance à avoir cette prérogative. Alors qu'il n'est pas légitime, sans le BP, sans l'avis du CC, il décide tout seul, parle de la présidentielle, contracte des alliances, attaque les institutions : c'est un dépassement grave. Et devant ce fait accompli, nous avons, dans notre déclaration du 2 octobre, dénoncé ces agissements et dit que ces déclarations n'engageaient ni le parti ni le CC. Les questions qui engagent le destin du pays sont du ressort du CC et se décident dans ce cadre politique légal. Pourquoi diminuer ou exclure le rôle des cadres et des militants dans la prise de décision ? Nous récusons ces pratiques. Surtout qu'elles sont l'émanation d'un monsieur inapte à cela. Et puis est-ce le moment opportun pour ces sorties et ces déclarations ? Le moment est à l'unification des rangs autour des instances du parti et des institutions nationales pour faire face au danger et aux provocations à la veille d'importantes échéances. Qu'a-t-on gagné en tant que parti dans ces déclarations ? Il monte seul un cheval et s'engage dans la propagande. Pour lui, celui qui est contre lui est de fait contre le président de la République. Il oublie que nous ne prêtons pas allégeance à des personnes mais au pays, au peuple et à l'Etat avec ses institutions. Nom Adresse email