Les habitants de Khenchela n'ont pas été tendres, hier, avec le Premier ministre. À trois étapes de sa visite, il a dû entendre "des vertes et des pas mûres". Ce fut autant de réponses citoyennes à un Premier ministre qui s'entête à vendre un bilan visiblement difficile, voire impossible à défendre. Jusqu'ici, toute visite effectuée par Abdelmalek Sellal dans l'une ou l'autre des wilayas du pays a été pour lui une opportunité pour parler de Bouteflika, de ses "grandes réussites" et de son bilan, sans toutefois jamais nous éclairer vraiment sur ses intentions. Du coup, toutes ces sorties ont été jusqu'ici des moments propices pour jouer aux devinettes, histoire de comprendre le fin mot des déclarations du Premier ministre. Bouteflika va-t-il ou non briguer un quatrième mandat ? Voilà une question qui reste entière parce que Sellal n'a jamais voulu ou pu répondre. La conséquence en est qu'une autre interrogation commence à s'imposer. Sellal lui-même sait-il ce qui se trame ou a-t-on accordé l'exclusivité du "secret des dieux" à Amar Saâdani ? Si celui-ci n'est pas meilleur en communication que le Premier ministre, il s'est engagé tout au moins dans une action qui ne souffre d'aucune ambiguïté : après avoir entraîné les mouhafadhs dans le soutien à un quatrième quinquennat, il vient d'embarquer les députés et les sénateurs du FLN. Il est véritablement en campagne électorale, contrairement à un Sellal qui s'en défend au moment même où il encense le bilan de Bouteflika ! Mais hier, à Khenchela, ce n'est pas le Premier ministre qui a décliné ce bilan. La vedette lui a été ravie par ces centaines de jeunes chômeurs venus lui signifier, les yeux dans les yeux, que les représentants de la soi-disant "société civile" qu'il s'apprêtait à rencontrer sont tous "des voyous", entendre des nababs locaux, entretenus par la rente car ayant intégré le cercle des clientèles du régime. "C'est pourtant nous qui sommes prêts à mourir pour le drapeau, pas eux", ont-ils martelé. Les étudiants ont fait de même, choisissant le jour de la venue de Sellal pour dire ce qu'ils pensent "des grandes réalisations" enregistrées depuis 1999, poussant le Premier ministre à quitter les lieux dans la précipitation. D'autres citoyens, enfin, ont obligé Sellal à écouter quelques dénonciations dont certaines ont été exprimées crûment à l'encontre des autorités locales. "Ce sont eux qui profitent des logements, pas nous". La Premier ministre a beau reconnaître qu'il faut encore "faire plus", le mal est fait. Et les citoyens ne sont dupes de rien. Nom Adresse email