Le coup d'envoi du Festival international des arts de l'Ahaggar Tin-Hinan Abalessa (Fiaata) a été donné, mercredi à Tamanrasset, dans une ambiance festive rarement égalée. La manifestation, qui s'étalera jusqu'au 18 de ce mois, se veut ainsi un évènement culturel d'envergure visant à perpétuer les us et traditions de la société targuie. Une parade à laquelle ont pris part des jeunes et moins jeunes ainsi que des troupes folkloriques, a été le point marquant de ce festival qui s'inscrit dans la perspective de pérenniser le patrimoine paléolithique et néolithique que renferme cette wilaya. La parade, qui s'est ébranlée du siège de l'Office du parc national et culturel de l'Ahaggar jusqu'à la maison de la culture Dassine, a été également une manière de répondre aux nervis du makhzen, et ce, en déployant un drapeau national large de plusieurs mètres et quelques centaines d'emblèmes hissés par les participants à cet évènement qui rappel un peu l'épopée de l'équipe nationale à Omdurman ou encore l'indépendance de l'Algérie. Le message, plein de sens, est on ne peut plus clair de ce que les Imulagh veulent ainsi transmettre aux autorités marocaines depuis cette wilaya-continent. L'initiative, louable à plus d'un titre, a été saluée par le premier magistrat de la wilaya, Abdelhakim Chater, qui a félicité tous les organisateurs avant d'accueillir les invités en haut des marches du perron de la Maison de la culture. Dans son allocution d'ouverture, M. Chater a mis en exergue l'importance de ce festival dans la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel de l'Ahaggar, qui plus est la protection et la transmission des legs ancestraux aux jeunes générations. Le wali a saisi l'occasion pour souhaiter la bienvenue à l'ensemble des invités étrangers participant à ce festival qui "offre aujourd'hui l'opportunité de renouveler notre volonté de renforcer nos liens de bon voisinage avec l'ensemble des pays frontaliers à la région. Ce festival permettra infailliblement au grand public de connaître l'héritage ancestral de Tamanrasset et donne également l'occasion aux jeunes générations de s'en inspirer. Le Fiaata est aussi le présent et l'avenir qui s'expriment à travers les activités des différents ateliers mis en place et les espaces d'animations artistiques. Des moments festifs et de joies avec des productions sur scènes, 5 jours durant, des troupes locales, nationales et internationales". Dans le même ordre d'idées, le wali a invité le public mélomane à écouter la musique targuie et découvrir par conséquent l'art qui procurait repos et détente aux grands guerriers Imulagh. De son côté, le commissaire du festival, Aouali Ahmed, a souligné que "la protection des repaires et arts culturels correspondant à cette région saharienne passe inévitablement par la sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel dont elle jouit. C'est le produit qui résume l'harmonieuse vie de nos aïeux mais aussi leur ingéniosité extraordinaire. Il est plus qu'impératif de mettre en place des mécanismes afin de pérenniser cet héritage que nous tenons à travers ce genre de manifestations mettre en valeur. Le festival s'est assigné pour objectif de sauvegarder l'intégrité des traditions, contribuer à la constitution de corpus et de banques de données sur le patrimoine de la région et, du coup, identifier les personnes ou les groupes de personnes détenteurs et dépositaires d'un bien culturel. Mais aussi pour contribuer à la diffusion et la socialisation de ce patrimoine auprès des jeunes générations". En comparaison avec l'édition précédente, le Fiaata 2013 se démarque par plusieurs nouvelles activités et perspectives. En plus de la parade à laquelle ont pris part des enfants, des jeunes et des associations à fort ancrage local, cet événement culturel a été organisé, cette année, en partenariat avec le Cap terre (centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre), le Fibda (Festival international de la bande dessinée d'Alger) et le Fcnafa (Festival culturel national annuel du film amazigh). Encore une nouveauté: le commissariat du festival a mis en scène une pièce théâtrale, lauréate du premier concours "Contes et légendes du Sahara" sous la direction de la maison de la culture et la supervision de l'artiste Ali Abdoun. "Ces activités, destinée particulièrement aux jeunes, sont pour nous un investissement de valeur pour sauvegarder et protéger notre patrimoine", explique M. Aouali qui n'a pas manqué de souligner, en sus, qu'"un bibliobus a été mis à notre disposition pour sillonner certains villages relevant de la commune de Tamanrasset, entre autres Amsel, Ifak, Tahifet, Izarnen et Tit. Lire avec le festival permettra ainsi de tenir les enfants issus de ces localités au fait des activités culturelles de la wilaya et par ricochet instaurer une culture livresque au sein de la société. Mieux, le bibliobus sera accompagné d'un magicien et d'un conteur qui vont, sans nul doute, agrémenter ce festival riche en animations". Le campement du festival, installé dans la zone de Tidsi, à 14 km du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset, abrite diverses activités d'artisanat traditionnel, dont la maroquinerie, la vannerie et la poterie. Des espaces réservés aux instruments de musique traditionnels notamment l'imzad, des ateliers de dessin, de calligraphie et d'activités audiovisuelles sont au menu de ce Fiaata qui prévoit également des expositions et projections sur l'art rupestre, en hommage au grand guide du Tassili, Machar Djebril Ag Mohamed, qui fut à l'origine de la découverte d'une grande partie du parc du Tassili. Le Fiaata propose aussi un atelier de musiques et de danses africaines, destinés essentiellement aux enfants, en plus des expositions sur les techniques de construction en terre et argile. Des soirées artistiques, dans des genres lyriques locaux et étrangers, figurent au menu de ce rendez-vous et seront animées par des troupes de l'Ahaggar, des wilayas d'Illizi, Béchar, Oran, Tindouf et Alger, en plus de la participation d'artistes de pays du Sahel, à l'instar du Niger et du Mali.Cette partie du programme, qui traduit la dimension africaine du Fiaata, sera animée par, entre autres, la troupe féminine Tartit (Burkina Faso-Mali), Etran Finatawa (Niger), Abdoulay Cissé (Burkina Faso) ainsi que le Super rail band de Bamako (Mali) et l'amateur du reggae Max Roméo (Jamaïque). Dans le but de faire profiter la population de la wilaya de Tamanrasset des facettes de cette édition, le commissariat du Fiaata a envisagé de tenir certaines activités au niveau des communes d'Abalessa (ou se trouve le tombeau de la reine des Touareg, Tin-Hinan) et d'In-Salah, situées respectivement à 80 et 700 km de Tamanrasset. Le coup de starter de toutes ces activités a été, faut-il le signaler, donné jeudi au campement de Tidesi après une merveilleuse soirée inaugurale animée, mercredi, sur la scène Abalessa par des troupes locales et le groupe nigérien Etran Finatawa. R. K Nom Adresse email