Résumé : Alors que nous hissions les couleurs, des avions de chasse et des hélicoptères surgirent. S'ensuivra alors un long bombardement sur toute la forêt et les villages mitoyens. Nous étions plaqués au sol et cherchions à nous abriter derrière les rochers. Je ne voyais plus Baya... Si Ahmed m'assura qu'elle était avec Fatiha. Au bout d'une heure, le bombardement s'arrêta. Si Ahmed se relève et me tire à lui : -Pas de bêtise Boualem... Nous allons tout d'abord voir s'il y a des blessés graves avant de penser à nous... Je sais que tu veux rejoindre Baya... Elle ne doit pas être loin et viendra sûrement nous donner un coup de main avec Fatiha. Je ne pouvais me dérober aux ordres de mon chef. J'étais l'infirmier qui devrait donner les premiers soins... J'étais l'homme sur qui on comptait pour porter les grands blessés. Bien que cette mission m'honorât, cette fois-ci je n'étais pas du tout prêt à courir vers les blessés avant de voir Baya... de savoir qu'elle est en vie.... Je tremblais à l'idée de la savoir blessée ou même... Le mot me reste en travers de la gorge. De partout, on entendait les cris et les plaintes des blessés. Les râles des mourants nous parvenaient telle une symphonie lugubre, qui faisait geler le sang dans nos veines. Déprimé, je ressentais ma douleur au bras... Cette dernière se réveillait tel un mauvais souvenir chaque fois que mon moral recevait un coup. Je me penche vers quelques blessés et tente de juguler les hémorragies. Tout comme me l'avait appris Si Ahmed, il faut toujours tenter d'arrêter l'écoulement sanguin avant de penser à traiter la plaie. Je fouillais dans les poches de mon treillis pour retirer quelques bandages de fortune, et utilisais mes ceintures comme garrots. J'avançais à genoux entre les corps et les cadavres, pour tenter de porter secours rapidement aux survivants. À quelques mètres de moi, je reconnus Fatiha à travers un grand nuage de fumée, qui se penchait sur un corps. La casquette, les cheveux blonds, et le brassard... Baya ! Baya... Ma Baya ! Baya... Elle était blessée ou morte. Mes yeux ne voyaient plus rien... La forêt disparut, et je me mets à courir vers ce nuage de fumée qui camouflait ma bien-aimée. Fatiha me vit arriver tel un forcené : -Boualem... Grâce à Dieu tu es là... Elle n'avait cessé de demander après toi. Je m'agenouille devant le visage crispé de ma belle, et je ne pus que remarquer les longs sillons de larmes sur ses joues. Je me retourne vers Fatiha qui ne put soutenir mon regard. Elle baisse la tête et porte une main à sa bouche. -Non... Non, Baya... Tu... tu ne vas pas mourir... Je suis là maintenant... Tu vas bientôt reprendre la route avec nous... Nous allons partir loin d'ici... Hein ma chérie... Nous allons quitter cette forêt, cette guerre, et toute cette saloperie. Baya tendit son bras et me caresse le visage et les cheveux. Elle avait reçu un obus à la tête, et n'en avait plus pour longtemps. Mais je ne voulais pas admettre cette terrible réalité... Non... Non... Ma Baya ne me quitte pas. Elle ouvrit les yeux tout grands... Des yeux d'un bleu profond, que je trouvais à chaque fois plus clairs et plus expressifs. Un sourire se dessine sur ses lèvres : -Boualem... Je t'ai tant aimé... -Moi aussi. Moi aussi je t'aime... Je t'aime tant..., me suis-je mis à crier tel un fou dans cette forêt qui embaumait des relents de la mort. Elle hoche la tête alors que le sang inondait son beau visage : -Je sais Boualem... Je sais que tu m'as aimée... Mais je savais aussi que le bonheur n'était pas pour moi. -Ne dis pas ça... Tu vas guérir... Je vais te soigner... Papa... Si Ahmed te soignera... Papa... Papa... Où es-tu donc ? Il y a un cas urgent ici... Viens vite ! Je ne maîtrisais plus mes nerfs. Je sentais que je sombrais dans la folie... Quelqu'un me retint par les épaules, mais je me dégageais. Baya avait fermé les yeux. Je la prends dans mes bras et la serre contre moi alors qu'elle rendait son dernier souffle. -Non !... Non... ! Baya reste avec moi... (À suivre) Y. H. Nom Adresse email