Ce n'est qu'à la veille du match barrage retour pour une qualification au Mondial, programmé au stade Mustapha-Chaker de Blida, que les quartiers et rues de la capitale se sont animés au son des vuvuzelas et des klaxons soufflés par les supporters de l'équipe nationale. L'ambiance est certes loin de ressembler, dans sa démesure, à celle créée par une adversité démente entre l'Egypte et l'Algérie, en 2009, à la même période de l'année et pour la même finalité. Il n'en demeure pas moins que la passion du football et surtout la perspective d'une quatrième participation du pays à une phase finale d'une Coupe du monde ont fédéré, encore une fois, les Algérois autour d'un seul mot d'ordre : fêter la victoire des Verts de la plus belle manière. L'emblème national est réapparu sur les façades des immeubles et aux balustres des balcons. Il a drapé, aussi, le toit et le capot des voitures ainsi que les frontons des échoppes et des magasins. Le froid glacial de ce 19 novembre est ainsi adouci par la joie de vivre des supporters, qui ont cru, jusqu'au sifflet final de l'arbitre sénégalais, Badara Diatta, au rêve brésilien. Sur les gradins du stade de Blida, chez eux, dans les cafés ou à travers les écrans géants, installés sur les principales places d'Alger (La Grande-Poste, Audin, Hydra...), les Algérois ont retenu leur souffle, pendant les 93 minutes de jeu. Pour cause. L'épreuve du terrain ne semblait pas aisée pour les coéquipiers de Madjid Bougherra. Au terme de la première mi-temps, l'ambiance est empreinte de morosité. L'optimisme, qui a rythmé les heures de la journée, a fait une place nette au doute sur les capacités des capés du coach Vahid Halilhodzic de venir à bout d'un onze burkinabé visiblement dominateur. Les commentaires, prononcés, tantôt du bout des lèvres tantôt avec énervement, remettaient en cause certains choix de joueurs, regrettaient l'absence du portier Raïs M'Bolhi et de l'attaquant Belfodil... Le but de Bougherra, totalement inattendu, quelques minutes à peine après le retour des vestiaires, a été accueilli avec une explosion de joie. Il n'a pu délivrer, à lui seul, les supporters du stress et de la crainte d'un scénario catastrophe, soit une égalisation des Burkinabés dans les temps morts. Une prédiction qui a failli se réaliser aux ultimes secondes de la partie par un geste maladroit d'un défenseur algérien. Au terme d'un match qui ne peut être considéré comme l'une des meilleures prestations de l'équipe nationale, l'Algérie se qualifie pour la Coupe du monde, qui se déroulera en Brésil en juin 2014. La pression retombe. Les Algérois exultent. Oublié le manque de performance. Seul le résultat compte. Les supporters prennent possession des rues de leur ville, bravant le froid. Ils promettent de faire la fête jusqu'au bout de la nuit, brandissant des fanions et des drapeaux, agitant des fumigènes, dansant et chantant, battant inlassablement le pavé... À la Grande-Poste, des feux d'artifices ont zébré, pendant des heures, le ciel sombre. Il est vrai que certains quartiers étaient, hier soir, plutôt calmes. Dans plusieurs autres, notamment au centre-ville, il était difficile de circuler en voiture tant les supporters ont envahi trottoirs et chaussées, scandant à tue-tête des One, two, tree, viva l'Algérie. Alger, à l'instar des autres wilayas du pays, a réédité l'événement de 2009. Il est étrange, toutefois, que le football réussisse là où le politique a failli depuis assez longtemps déjà : faire sortir les Algériens dans la rue et surtout les réconcilier avec leur citoyenneté et leur patriotisme. S. H. Nom Adresse email