"Notre association n'est pas contre ce marché vers l'Indonésie, mais que la CCI nous donne plus de détails sur les secrets de cette transaction." Les opportunités d'exportation de dattes vers le marché indonésien, déjà exposées par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) aux opérateurs économiques activant dans la filière à Biskra, et s'inscrivant dans le cadre de la stratégie nationale de promotion des exportations hors hydrocarbures, ont été suivies par une visite de délégations d'hommes d'affaires du Sud algérien, sous la conduite de la CCI-Ziban, en Indonésie, à la mi-octobre dernier. Des contacts pour l'exportation de 12 000 tonnes de dattes toutes variétés confondues vers ce pays auraient été établis, selon certaines sources. Cependant, lundi, lors d'un point de presse organisé dans les locaux de la Confédération algérienne du patronat (CAP), l'Association des conditionneurs et exportateurs de dattes, présidée par M. Youcef Ghamri, semble se démarquer des dernières déclarations de la CCI affirmant que "12 000 tonnes de dattes à exporter vers l'Indonésie est pure fabulation". Notre interlocuteur ajoute qu' "en avançant un tel chiffre, les prix à la consommation ont flambé sur le marché local vu que les producteurs appâtés par cette annonce ont tout simplement stocké leur produit, et cela a créé ainsi une spéculation sur un aliment de base dans la région". "Je ne suis pas contre de telles expériences, mais comment exporter 12 000 tonnes quand on produit à peine 880 000 tonnes et que 10 unités de conditionnement sont à l'arrêt, que la logistique (coupeurs de régimes, conditionnement, moyens de transport, chaîne de froid...) est réduite au point où nous sommes contraints de passer par Marseille, le port le plus proche. En sus, la concurrence déloyale d'une faune d'acheteurs venant de pays limitrophes, allant jusqu'à conclure des contrats de gré à gré avec les producteurs sans passer par les rouages de l'Etat, ajoutez à cela des intrants qui blanchissent leur argent, déversant des centaines de millions sous les yeux effarés de certains producteurs... On ne devrait pas s'aventurer à faire des déclarations irréfléchies qui ont même fait vibrer les services de l'Etat qui subventionnent nos activités". Abordant ce volet, le président de l'Association des exportateurs de dattes dira : "N'oublions pas que le ministère de l'Agriculture a instauré avec nous un contrat de performance à hauteur de 20% d'exportation par année, par ailleurs, des relations avec l'Allemagne ont permis à 5 de nos unités d'améliorer leurs techniques de travail et 5 autres entreprises se préparent à recevoir des certifications pour leurs performances, toutes ces avancées soutenues par l'Etat ne doivent pas se fondre dans une déclaration imaginaire qui ne tient pas compte des réalités du terrain". Et d'ajouter : "Notre association n'est pas contre ce marché vers l'Indonésie mais que la CCI nous donne plus de détails sur les secrets de cette transaction. En consultant les chiffres de ce pays qui a une population de près de 250 millions d'habitants dont 80% consommeraient de la datte venue principalement d'Egypte, quel sera le sort de notre datte une fois sur ce marché ? À mon avis, il faut respecter le processus de pénétration de tels marchés et installer des mécanismes pour se faire connaître, déterminer la qualité de dattes appréciées par le client indonésien, faire jouer la concurrence loyale et augmenter son quota d'exportation au fil des saisons, mais de là à proposer une telle quantité à l'exportation et ne pas pouvoir honorer ses engagements, cela peut engendrer un précédent grave pour notre pays et pour les exportateurs algériens". "L'exemple de l'approche de marchés opérée par certains exportateurs de notre association, annoncés en Amérique du Sud (Colombie, Chili...) et dans plusieurs pays d'Asie, est à mon avis à méditer". H. L. Nom Adresse email