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Le ministre a tranché hier la question
LMD : l'équivalence non, le recrutement oui
Publié dans Liberté le 16 - 12 - 2013

Contrairement à ce qu'a annoncé Sellal mercredi à Aïn Témouchent, "il n'y aura ni décret, ni arrêté, ni décision d'équivalence, juste une instruction pour recruter un détenteur de licence, quelle que soit la durée des études", selon le ministre de l'Enseignement supérieur, invité hier au forum d'El Moudjahid.
La surprise et l'étonnement étaient à leur comble hier au forum du quotidien qui recevait le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Et pour cause, Mohamed Mebarki a tenu à apporter des précisions de taille sur la mesure portant "équivalence" entre la licence LMD et celle du système classique annoncée pourtant en grande pompe par le Premier ministre lors de sa visite dans la wilaya d'Aïn Témouchent. La déclaration de Mebarki est aux antipodes de celle faite par le Premier ministre mercredi dernier. "Le Premier ministre a annoncé une mesure qui sera prise au sujet de la licence LMD. Il ne s'agit ni d'un décret, ni d'un arrêté, ni d'une décision qui porte sur l'équivalence. Le Premier ministre instruira les entreprises et autres organismes recruteurs de licenciés que le diplôme requis est une licence, sans prendre en compte le nombre d'années de formation. Il n'y a aucune différence entre une licence obtenue en 3 années et celle obtenue en 5 ou 6 ans. Une licence = x années", a-t-il tenté de convaincre.
Selon Mohamed Mebarki, le recrutement devrait se faire sur la base de la licence et non du bac+ 3 ou 4 ans. "Ceux qui veulent faire croire à cela n'ont rien compris ou font dans la manipulation", s'est-il insurgé. Autrement dit, il n'y a point de décision portant sur l'équivalence des licences de l'ancien et du nouveau régime. Pourtant, quatre jours avant, Sellal, qui répondait aux préoccupations des étudiants d'Aïn Témouchent, et à en croire ce que la presse a rapporté, y compris les médias lourds, avait bel et bien parlé de "décret et d'équivalence pour mettre fin aux difficultés d'embauche".
Le ministre de l'Enseignement supérieur est revenu lui aussi, jeudi, sur la question à partir de Tlemcen, sans pour autant apporter cette clarification de taille. Questions : comment expliquer cette volte-face ? Sellal s'est-il précipité pour trancher un dossier dont il ignorait les tenants et les aboutissants ? S'est-il mal exprimé ? Ou encore mal compris ?
Trop tôt pour évaluer le système LMD
Respectant l'opinion de ceux qui recommandent la réforme du système LMD, le ministre de l'Enseignement supérieur estime que l'heure n'est pas au bilan de ce nouveau régime : "Il est trop tôt pour faire le bilan du LMD. Il faut donner le temps au système, dont la généralisation n'a commencé qu'en 2009, de se mettre en place. Tous les textes qui le régissent ne sont pas encore appliqués."
Selon Mebarki, le temps n'est pas à l'évaluation, d'autant que le nouveau régime est corrigé à chaque fois qu'un dysfonctionnement est enregistré : "Une commission permanente chargée d'évaluer sa mise en place intervient quand il y a un problème. Le LMD mérite d'être approfondi avant d'être évalué. C'est un système qui a réussi dans les pays du monde entier, et il n'y a pas de raison pour qu'il ne réussisse pas chez nous, à condition d'y mettre les moyens et de respecter les spécificités du pays." Le ministre dira dans la foulée que le concours de magistère sera maintenu tant qu'il y aura une demande des détenteurs de licence classique qui, cela dit en passant, peuvent accéder au master.
Les enseignants universitaires non concernés par la retraite à 60 ans
À la question portant sur l'application de la circulaire de Sellal sur la retraite à 60 ans, Mebarki apportera de nouvelles précisions : "Il faut éviter certaines interprétations. Il ne faut pas la généraliser. Elle ne concerne que les cadres supérieurs, et encore s'il n'y a pas besoin urgent ou précis de les retenir
en poste."
Selon le ministre, "les enseignants universitaires ne sont pas concernés par cette circulaire car ils ont un régime spécial. Autrement dit, ils continuent à exercer le métier d'enseignant et ne partent à la retraite qu'à leur demande, mais ils quittent leur poste supérieur à 60 ans s'il n'y a pas de raison de le retenir. C'est ce qui a été fait pour les hospitalo-universitaires".
Action en justice contre la chaîne "Ennahar"
Visiblement très remué par l'enquête diffusée ces derniers jours sur la chaîne privée Ennahar, le ministre de l'Enseignement supérieur n'a pas mâché ses mots : "Le titre de l'enquête est à lui seul révélateur de la tendance politique et idéologique claire de la chaîne."
Pour Mebarki, traiter un sujet pareil "avec un manque de professionnalisme flagrant" dans une société comme l'a notre,"sans tenir compte des dégâts qu'il va occasionner", dénote de "la volonté manifeste de saborder tous les efforts entrepris par la société pour faire participer la femme à tous les niveaux".
"L'enquête a été faite dans l'approximation pour dire que toutes les étudiantes, sans exception aucune, viennent pour faire de la débauche, pour ne pas faire vulgaire, en reprenant ce qui a été dit en titre", poursuit le conférencier, qui reconnaîtra que lorsqu'il y a "des cas isolés et marginaux, des sanctions tombent", mais ce n'est pas une raison pour jeter "délibérément le discrédit sur toutes les étudiantes".
Rassurant les parents des résidentes, Mebarki dira "ne pas tomber dans le piège d'une manœuvre politicienne, vos filles sont honnêtes". Et pour sauver "l'honneur" de ces étudiantes, le ministère a décidé de se tourner vers la justice.
À la journaliste de cette chaîne, qui voulait rebondir sur la question, Mebarki rétorquera : "Vous pouvez me poser votre question, mais je ne répondrai pas. J'ai dit qu'il y a une action en justice."
M B
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