"Relations de confiance" ; "Dialogue renoué" ; "Nous avons besoin de l'un et de l'autre"... autant de déclarations qui semblent sceller une nouvelle étape dans les relations algéro-françaises. C'est dans un climat politique "apaisé" entre l'Algérie et la France qu'intervient la visite du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à Alger pour présider avec son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, la première réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. En évitant les sujets qui fâchent et en optant pour le pragmatisme, Alger et Paris semblent trouver dans le domaine économique un terrain favorable pour un consensus. Au-delà de la réaffirmation du partenariat gagnant-gagnant, les deux parties ont décidé de tourner la page et de regarder l'avenir dans le cadre énoncé dans la déclaration d'Alger signée en décembre 2012 par les deux chefs d'Etat, Abdelaziz Bouteflika et François Hollande. "En politique, nous n'avons presque plus de problème, il y a une convergence de vues dans l'ensemble des domaines. Aujourd'hui, la priorité est à la coopération économique, c'est ce que nous allons laisser à nos enfants", a déclaré hier le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors d'un point de presse conjoint avec son homologue français au siège du Palais du gouvernement. L'héritage de la mémoire mis en veilleuse ou abandonné ? L'héritage de la loi du 23 février 2005, la polémique sur la mémoire, les attaques de l'extrême droite assumée par l'ancien président Nicolas Sarkozy, les demandes incessantes d'Alger à Paris pour des excuses sur les crimes commis durant la colonisation ainsi que l'instrumentalisation du dossier Tibehirine feraient-ils désormais partie de l'histoire ? S'il est difficile d'y répondre, vu les nouvelles approches de part et d'autre des relations algéro-françaises adoptées pour la circonstance, les déclarations des deux Premiers ministres le laissent entendre, du moins pour le moment. Même les journalistes français, qui ont fait le voyage avec Jean-Marc Ayrault, ont focalisé leur attention sur le business et les objectifs du partenariat économique. "Les relations de confiance, tissées depuis un an, nous permettent d'ouvrir dans un climat apaisé de nouvelles perspectives pour un partenariat qui soit à la fois ambitieux, d'égal à égal, et qui soit surtout à la hauteur des liens qui unissent nos deux pays et nos deux peuples", a affirmé de son côté Jean-Marc Ayrault pour signifier l'engagement de son gouvernement à aller de l'avant dans un processus de réconciliation qui semble pour l'heure épargné par les vicissitudes de l'histoire. En tirant le bilan de la première réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau qui a permis d'évaluer l'ensemble de la coopération bilatérale et les projets en partenariat qui devraient être mis en œuvre, Abdelmalek Sellal a affirmé : "Aujourd'hui, on peut franchement dire qu'on a très bien avancé pour renforcer la coopération entre les deux pays", citant le projet Renault qui va entrer en production dès novembre 2014 avec un réseau de sous-traitants algériens. Et d'ajouter : "Nous avons abouti à de très bons résultats pour ressouder et faire avancer la coopération entre les deux pays comme cela a été décidé par les présidents des deux pays. Je peux vous affirmer que nous sommes satisfaits de la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau. Nous sommes de bons voisins et nous avons fait notre travail, nous avons besoin de la France, nous avons besoin de l'un et de l'autre. Les accords signés Lors du point de presse, les conférenciers ont fait état de la signature de neuf accords. Il s'agit d'une convention sur le dialogue politique et le fonctionnement du Comité intergouvernemental de haut niveau et d'un accord sur la suppression réciproque des visas pour les détenteurs des passeports diplomatiques et de services. Une convention de partenariat sur l'assistance technique dans le domaine des transports, une déclaration d'intention dans le domaine de l'urbanisme et un accord sur un programme d'échanges culturels pour la période 2014-2016, ont été également signés. Outre un accord dans le domaine de la communication, un mémorandum d'entente et de coopération entre l'Etablissement public de radiodiffusion sonore et France-Médias monde, un protocole de collaboration entre la Télévision algérienne et France-Médias monde, les deux parties ont procédé, par la même occasion, à la signature d'une déclaration d'intention pour la mise en place d'un centre d'excellence des métiers de l'énergie et de l'électricité. S'exprimant après la cérémonie de signature, Jean-Marc Ayrault a relevé que la première réunion qui se tient à Alger, s'inscrivait dans la "dynamique" lancée par les présidents des deux pays. "La France avait exprimé, à cette occasion, le vœu d'ouvrir un nouvel âge d'amitié entre les deux pays", soulignant que cet "objectif a été atteint". Le Premier ministre français a également mis en exergue "la qualité des relations exceptionnelles" entre les deux pays, tout en relevant le "dialogue renoué sur de nombreux sujets". Sellal prochainement devant le Parlement "J'aurai l'occasion de parler du développement des relations algéro-françaises et de la coopération économique lorsque j'irais au Parlement pour présenter le programme du gouvernement", a indiqué le Premier ministre en évoquant la restructuration du tissu industriel national à la faveur de l'installation de l'usine Renault en Algérie et la production de la première voiture Made in Algeria en novembre 2014. "Nous sommes passés à une nouvelle phase, nous avons décidé d'ouvrir nos universités, nous voulons être un pays émergent", a encore ajouté Sellal. Le sécuritaire, la santé de Bouteflika et le 4e mandat La lutte antiterroriste s'est invitée dans la conférence de presse Sellal-Ayrault. Interrogé sur la question, Abdelmalek Sellal a affirmé que l'Algérie n'avait plus de problèmes sécuritaires et qu'elle s'attelle actuellement à défendre la sécurité régionale. "Nous n'avons pas de problèmes sur le plan sécuritaire. Nous défendrons la paix et la sécurité régionale. L'Algérie n'a plus de culture de la haine", a-t-il déclaré en expliquant que "l'Algérie cultive la culture de la paix qui a inspiré l'esprit de la réconciliation nationale". Répondant à une question sur la santé du président Bouteflika, le Premier ministre a indiqué : "Je peux vous affirmer que Bouteflika est en bonne santé et que nous allons le voir tout à l'heure." À une question sur la candidature du président Bouteflika à l'élection présidentielle pour un quatrième mandat, M. Sellal a déclaré : "S'il veut poursuivre sa mission, il le décidera en son âme et conscience. Il a beaucoup fait pour ce pays, j'étais à ses côtés pendant longtemps, c'est un grand monsieur", a conclu Sellal. S T Nom Adresse email