S'exprimant sur la "boutade" de Hollande, le ministre des Affaires étrangères a suggéré que l'Algérie attendait des explications de l'Elysée. "Pour les jours à venir, nous souhaitons trouver les moyens pour tourner la page", a-t-il dit. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a improvisé, lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier, à Alger, avec le MAE chinois, Wang Yi, une réaction aux propos tenus par le président français le 16 décembre sur la question sécuritaire en Algérie. Pour le chef de la diplomatie algérienne "il semblerait que cette déclaration paraît une plaisanterie". Il en veut pour preuve la situation qu'il a eu lui-même à constater lors de sa visite en Algérie en 2012, celle du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ou encore celle du Premier ministre. Le ministre a avoué, toutefois, comprendre et adhérer au sentiment des Algériens provoqué par le propos de Hollande. Il a précisé également que "le sens de l'humour peut donner une valeur ajoutée lorsqu'il s'exprime avec élégance et mesure, introduit de la détente dans l'atmosphère austère de la diplomatie, où à l'inverse, il peut être générateur d'une moins-value lorsqu'il aboutit à suggérer une réalité qui est autre. Dans la perception des Algériens, il est clair qu'il s'agit d'une moins-value". Mais cela dit, il ne s'agit pas d'une réaction officielle, a-t-il tenu à préciser. Mieux, il a émis le vœu de ne pas voir l'année se terminer sur "une mauvaise note" alors que l'année 2012, année de la visite de François Hollande en Algérie, s'est achevée sur une bonne. Il a suggéré, à la fin, que l'Algérie attend des explications de l'Elysée. "Pour les jours à venir, nous souhaitons trouver les moyens pour tourner la page", a-t-il dit. En définitive, Lamamra a été très diplomate sur cette question en jouant, à la fois, le partage du sentiment de rejet des propos de Hollande, tout en se gardant d'aller franchement vers une réaction officielle à même d'engager le gouvernement algérien. Par ailleurs, les deux ministres ont évoqué les bonnes relations entre les deux pays, relations qui remontent à 1958 avec la reconnaissance de la Chine du GPRA. Des relations de confiance, de fraternité et de coopération que les deux pays entendent hisser au niveau d'un partenariat stratégique global. Un niveau "unique et incomparable", a précisé M. Lamamra. Sur les questions internationales, le MAE chinois a estimé qu'il y a un consensus autour des intérêts communs et un rapprochement des points de vue. Sur la crise syrienne, il a réaffirmé la position de son pays qui consiste en la reconnaissance de la légitimité des revendications tout en rejetant l'intervention et les interférences étrangères. Interrogé sur sa position quant à la question sahraouie, le diplomate a d'abord salué l'amorce et les pas enregistrés dans le dialogue entre les deux parties qu'il invite, d'ailleurs, à poursuivre tout en invitant également l'Algérie à jouer un rôle plus actif. Car, a-t-il souligné, le règlement de cette question ira dans le sens de la construction et de l'intégration maghrébines. Les deux ministres ont convenu d'élaborer, dans le cadre du partenariat stratégique global, un plan quinquennal qui sera soumis aux présidents pour signature. D B Nom Adresse email