Oscillant entre la poésie et la prose, les textes sont comme des "tweets", des petits mots d'esprit ou des maximes sur le sens de la vie. Des méditations d'un auteur qui manie parfaitement les mots et n'ignore rien des émotions qu'ils suscitent. Nous vivons dans une époque tout à fait fascinante : notre popularité se mesure au nombre de nos amis virtuels, toute notre existence ne tient parfois qu'à un texto, le nombre de "j'aime" sur nos statuts et de "retweet" déterminent la profondeur de nos pensées, et faire le buzz est "the" consécration ! Nos relations sociales prennent une tournure assez particulière, notre besoin d'expression et de communication s'exacerbe, ce qui fait de nous, aujourd'hui, des consommateurs compulsifs de la technologie. Youcef Baaloudj s'est en quelque sorte inspiré de la tendance actuelle "imposée" par les réseaux sociaux, selon laquelle il faut dire un maximum de choses avec un minimum de mots, dans son recueil Dynamite. Rassael ma baâda el assifa (Dynamite, lettres après la tempête), paru aux éditions Anep dans la collection Nahnou Chiîr (nous sommes poésie). L'auteur aux multiples casquettes –notamment celles du journaliste et de l'assistant-réalisateur–, qui a obtenu la première place du Prix Al-Chariqa de la Création arabe dans la littérature Jeunesse (la pièce théâtrale Inqad el-Faza'â, qui lui a permis de remporter ce prix, a été éditée récemment par le gouvernement d'Al-Chariqa), propose des textes profonds et captivants, tout en installant un jeu avec lecteur. Dans sa préface qu'il a intitulée Rassael ed-Dahcha(lettres de l'étonnement), le poète Azzeddine Mihoubi (également directeur de la BnA), note que "les textes de Youcef Baaloudj m'ont surpris, car ils vous imposent de les lire et de les relire, en raison du talent de cet auteur, capable de jouer avec les mots, de se jouer du sens et des analyses du lecteur", tout en considérant cette jeune plume comme faisant partie des auteurs qui cherchent l'essence même de la langue dans le sens, et qui réussissent à condenser une idée, de telle sorte qu'elle en deviendrait presque "une sagesse". Oscillant entre la poésie et la prose, les textes consignés par Youcef Baaloudj sont, en effet, comme des "tweets", des petits mots d'esprit ou des maximes sur le sens de la vie, sur la quête intérieure d'un poète, d'un auteur, d'un homme. Le poète, qui arbore un style tout particulier, exprime dans son recueil des états de son moi profond, en installant une complicité, une relation toute particulière avec son pendant féminin. Ce n'est pas une femme, ce n'est pas un être. C'est un tout et un rien à la fois, qui s'annihile et se complète à l'intérieur du poète, du texte, du poème. Le travail de l'écriture se construit sur la dualité du monde (homme/Dieu, moi/les autres, homme/femme, anges/démons, etc.), mais également sur la relation à l'enfance et à l'innocence –qui est d'ailleurs un des ressorts de l'écriture. En outre, Dynamite. Rassael ma baâda al assifa s'articule autour de 40 "rissala" (lettre), en plus de "Nass bidoun ‘ounouan" (texte sans titre), ainsi que de cinq pauses ou de respirations ou même de rêveries que l'auteur de Âala djabiniha Thawra (éditions Vescera, 2011) a choisi d'intituler "Instirahat tifl achiq" (rêverie d'un enfant amoureux). Dans une démarche ludique et dans le but sans doute d'installer un lien concret avec le lecteur, Youcef Baaloudj propose un autre jeu de piste, mais avec des moyens modernes. On y revient toujours à cette modernité, à la fois dans l'écriture et dans le mode de pensée. Une pensée sans cesse renouvelée dont les miroirs reflètent un esprit inquiet et en perpétuelle remise en question...tout comme le monde dans lequel il vit...nous vivons. S K Dynamite. Rassael ma baâda al assifa, de Youcef Baaloudj. Recueil, 96 pages. Editions Anep, collection Nahnou Chiîr. 200 DA. Nom Adresse email