Même s'ils ont apporté leur soutien au régime mis en place en Egypte au lendemain de l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi, les Etats-Unis n'acceptent pas les nouvelles mesures des nouvelles autorités du Caire, notamment la décision de considérer les Frères musulmans comme une "organisation terroriste". Le soutien américain à l'Egypte a des limites semble dire Washington au Caire à travers le message transmis par le secrétaire d'Etat John Kerry à son homologue égyptien Nabil Fahmy lors d'un contact téléphonique entre les deux hommes, jeudi. Le chef de la diplomatie américaine a dénoncé la décision du Caire de considérer les Frères musulmans comme une "organisation terroriste", selon un communiqué de la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki. Cette dernière a déclaré : "Le secrétaire d'Etat a fait part de sa préoccupation quant à la désignation terroriste des Frères musulmans prise le 25 décembre par le gouvernement intérimaire égyptien". Pour rappel, l'Egypte a déclaré "organisation terroriste" les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, après leur avoir fait porter la responsabilité de l'attentat meurtrier, mardi, contre le quartier général de la police à Mansoura, pourtant "fermement" condamné par la confrérie et revendiqué par un mouvement djihadiste. Lors de sa conversation avec Nabil Fahmy, John Kerry a toutefois condamné "l'atroce attentat à la bombe terroriste" de Mansoura ainsi que celui du Caire, et les deux ministres sont convenus que "la violence n'avait pas sa place en Egypte, dont le peuple mérite paix et tranquillité", a ajouté la porte-parole de la diplomatie américaine. Comme Washington ne cesse de le répéter depuis six mois, John Kerry a insisté sur "la nécessité d'un processus politique qui inclut le plus grand nombre sur tout l'échiquier politique et qui respecte les droits fondamentaux de tous les Egyptiens afin d'aboutir à un changement démocratique". Le département d'Etat avait déjà dénoncé lundi un climat de plus en plus liberticide en Egypte, au lendemain de la condamnation de 3 militants laïques qui avaient défilé contre une loi controversée limitant le droit de manifester. Washington demande depuis des mois au Caire d'œuvrer au retour d'un régime démocratique, notamment, à l'occasion du référendum sur une nouvelle Constitution programmé les 14 et 15 janvier 2014. Les Etats-Unis condamnent aussi régulièrement depuis six mois le tour de vis sécuritaire et la répression des partisans du président déchu Morsi et ont gelé en octobre une partie de leur aide de 1,55 milliard de dollars par an, dont 1,3 milliard pour l'armée. Il n'en demeure pas moins que les Américains n'ont jamais parlé de "coup d'Etat" pour l'éviction de Mohamed Morsi et John Kerry a même déclaré en août que l'armée l'avait renversé pour "sauver la démocratie". Il a aussi accusé les Frères musulmans d'avoir "volé" la révolution de 2011. Sur le terrain, le regain de tension constaté en Egypte s'est traduit, jeudi soir, par la mort d'une personne lors d'affrontements entre des étudiants de la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, partisans de Mohamed Morsi et des adversaires de l'ancien président, selon le ministère de l'Intérieur. Le ministère a ajouté que sept "émeutiers" issus de la confrérie, qui bravaient l'interdiction faite aux Frères musulmans de manifester, avaient été arrêtés après que la police soit intervenue à coups de grenades lacrymogènes. Un attentat survenu, jeudi matin, a également fait 5 blessés légers lorsque qu'une bombe a frappé un bus dans le quartier de Nasr City, dans le nord du Caire. Un général de la police a expliqué qu'une seconde bombe artisanale, désamorcée, avait été placée dans un panneau publicitaire proche et devait détoner au moment où les forces de l'ordre arriveraient sur les lieux après la première explosion. Selon un porte-parole du ministère de l'Intérieur, elle "visait à terroriser les gens avant le référendum constitutionnel prévu les 14 et 15 janvier". M. T Nom Adresse email