Un nuage vite dissipé et qui de surcroît n'a rien d'exceptionnel en plein mois de décembre. La plaisanterie de François Hollande sur l'intégrité physique de son ministre de l'Intérieur revenu "sain et sauf" d'Alger avec une délégation dirigée par le Premier ministre n'aura finalement pas couvert de cumulus le ciel de la relation franco-algérienne. Ramtane Lamamra qui a parlé d'une "moins-value" a finalement qualifié cette relation de "très dense émotionnellement", "très chargée" et qui "ne peut pas être banale". Si elle est "perfectible" avec "des bas et des hauts", il n'en demeure pas moins qu'elle est susceptible d'évoluer "vers l'excellence grâce aux efforts accomplis de part et d'autre pour lui donner un caractère mutuellement avantageux". M. Lamamra a étalé cet état d'esprit à la suite des "sincères regrets" exprimés par François Hollande au sujet de l'interprétation faite de sa boutade que ses conseillers ont tenté de situer dans un cadre de politique interne. Le président français a même téléphoné à son homologue algérien pour lever tout "malentendu" suite à une blague qui a fait le miel de la presse des deux rives. Un malentendu d'autant plus étonnant et malvenu qu'il intervenait à la suite de la première réunion du Comité intergouvernemental de haut-niveau, cadre de concertation bilatérale mis en place à la suite de la visite d'Etat effectuée en Algérie l'année dernière par François Hollande. La réunion fut un moment fort qui a conduit Abdelmalek Sellal et Jean-Marc Ayrault à saluer le renouveau des relations entre Paris et Alger, s'engageant à faire avancer la mobilité ou encore faire avancer des dossiers historiques. Dans une déclaration commune, "les deux parties se sont félicitées de l'atmosphère cordiale et de l'attitude constructive qui a marqué le déroulement" de ce comité, auquel ont participé notamment neuf ministres français. Le prochain comité se réunira en 2015 à Paris. Cette rencontre interministérielle a permis de nouer plusieurs partenariats économiques, la France tentant de sauver sa place de premier fournisseur de l'Algérie devant la Chine, mais aussi d'aborder la "dimension humaine" de la relation franco-algérienne. Alger et Paris envisagent ainsi, selon cette déclaration, de poursuivre "leurs efforts en vue d'améliorer et de faciliter les conditions pratiques de la mobilité" entre les deux pays. Les deux pays veulent aussi remédier aux "difficultés auxquelles font face certains ressortissants français demeurés en Algérie après l'Indépendance et propriétaires légaux de biens immobiliers". La France et l'Algérie ont annoncé la tenue à Paris d'une réunion sur l'indemnisation des victimes d'essais nucléaires français au Sahara, sans en préciser la date. Paris et Alger vont par ailleurs poursuivre "l'échange d'informations pouvant permettre la localisation des sépultures de disparus algériens et français de la guerre d'Indépendance" entre 1954 et 1962. "Compte tenu du rôle éminent que fut celui des soldats algériens" durant la Première Guerre mondiale, les deux parties prévoient enfin "d'étudier les actions communes pouvant s'intégrer dans le cadre des commémorations internationales du Centenaire" de la guerre de 14-18. Selon un constat dressé avant la visite d'Ayrault, la relation entre l'Algérie et la France est en train de traverser la phase la plus apaisée de l'histoire. En assistant au sommet France-Afrique, M. Sellal a eu droit à un rendez-vous à l'Elysée avec le président Hollande. Côté algérien, on se réjouit de ce climat de détente, "un moment rare de la relation bilatérale" coïncidant avec le cinquantenaire de l'Indépendance et auquel la présidence de François Hollande ne semble pas étrangère. Le Traité d'amitié envisagé il y a dix ans enterré, c'est le projet d'un "partenariat d'exception" qui a été mis en chantier. Dans ce cadre, l'année 2012 a été une étape majeure marquée par la visite de François Hollande à Alger, sa première au Maghreb couronnée par la déclaration d'Alger. L'année 2013 a ensuite battu le record des visites officielles échangées. Il y eut un "défilé ininterrompu" de délégations voyageant dans les deux sens. Qualité, intensité et densité ont caractérisé ces échanges qui ont matérialisé le caractère exceptionnel de la relation bilatérale, observe-t-on. L'année 2014 verra sortir en novembre la première Renault de l'usine d'Oran. Y. S. Nom Adresse email