Le secrétaire d'Etat américain John Kerry tentait hier d'écarter les récriminations des Israéliens et des Palestiniens afin d'essayer de faire avancer le processus de paix, au troisième jour de sa mission au Proche-Orient. Après avoir à peu près respecté pendant cinq mois de négociations leur engagement à ne pas échanger de reproches en public, les deux camps ont fini par laisser éclater au grand jour leur défiance mutuelle, à l'occasion de la 10e mission du diplomate américain. Et des responsables américains ont reconnu qu'il n'y aurait pas, lors de cette visite, d'entente sur un accord-cadre permettant la poursuite des négociations, car cela nécessite davantage de temps. John Kerry, qui est parvenu en juillet dernier à relancer des négociations de paix interrompues pendant près de trois ans, et enchaîne depuis les navettes diplomatiques entre les deux camps, devait revoir le président palestinien Mahmoud Abbas à 14h (12h GMT). Il doit ensuite être reçu à nouveau par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avec qui il a déjà discuté pendant huit heures depuis son arrivée. Vendredi, des Palestiniens ont manifesté à Ramallah contre la visite du chef de la diplomatie américaine, qui a été longuement reçu dans la soirée, pendant plus de cinq heures, par le président Abbas. Une centaine de militants du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), mouvement d'extrême gauche, ont brandi des drapeaux palestiniens dans le centre de Ramallah. Cela n'a pas empêché M. Kerry, selon le quotidien israélien Haaretz, d'exprimer son espoir devant des étudiants américains vendredi. "Je suis de ceux qui croient en la possibilité (...) que nous pouvons parvenir à quelque chose", a-t-il déclaré, selon des propos tenus lors d'une rencontre fortuite à son hôtel et rapportés par Haaretz. "Mais cela sera très, très difficile". Au cours de cette tournée de quatre jours, il présente aux Israéliens et aux Palestiniens un projet d'"accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens. Les détails du texte n'ont pas été révélés par les responsables américains. Ils n'ont pas décidé non plus s'ils allaient rendre public ce document, qui a peu de chance d'être adopté en l'état par les deux camps. Le sénateur républicain John McCain, en visite au même moment, et proche de la droite au pouvoir en Israël, a fustigé les propositions de M. Kerry, partageant les réserves émises selon lui par M. Netanyahu, qu'il a rencontré. "Le Premier ministre Netanyahu a de très sérieuses inquiétudes quant au plan qui lui a été présenté, qu'il s'agisse de la capacité d'Israël à défendre ses frontières ou la fiabilité d'un Etat palestinien et de ses intentions", a déclaré M. McCain. De son côté, le haut responsable palestinien Yasser Abed Rabbo a aussi critiqué l'accord-cadre proposé, assurant jeudi qu'il limitait "la souveraineté palestinienne sur le sol palestinien". Israéliens et Palestiniens s'accusent mutuellement de saboter les efforts de paix. M. Netanyahu a ainsi vivement reproché à M. Abbas d'avoir accueilli en "héros" les prisonniers palestiniens relâchés cette semaine par Israël, qui les qualifie d'"assassins". "On doute de plus en plus en Israël que les Palestiniens soient engagés pour la paix", a-t-il ensuite averti. R. I./Agences Nom Adresse email