Résumé : Sara veut une lettre de recommandation pour postuler ailleurs. Fatiha reconnaît que sa fille a raison. Ils ont à peine le temps de déballer qu'il faut de nouveau déménager et dire adieu aux amis. Elle comprend sa peine... Inès lui paraît plus sereine. Même s'il y a de la tristesse dans son regard, elle semble avoir retrouvé son calme. Elle va au salon et se met à sortir les encyclopédies de la bibliothèque. Elle les range dans un carton. Le téléphone sonne. Elle décroche à la première sonnerie. Elle sourit en reconnaissant la voix de son amie Ferewsan. - Salut ! ça va ? - Oui... en plein rangement, lui raconte Inès tout en s'asseyant sur le bras du fauteuil. On prend tout ce qui compte pour nous ! - Et tes amies ? Tu les mettras aussi dans des cartons ? - Je vous emporterai dans mon cœur, soupire la jeune fille. Je ne suis pas près de vous oublier... On a tant partagé... Vous allez me manquer ! - à nous aussi ! D'ailleurs, j'appelais pour te dire qu'on t'invite demain après-midi ! Il y a toutes les filles de la classe... Une sorte de fête pour te dire au revoir, précise Ferewsan. - C'est gentil... En fait, elle est très émue. Ce sera la première fois qu'une amie pensera à réunir les filles de leur classe pour lui dire au revoir. Les années précédentes, ses camarades de classe et elle se disaient adieux le dernier jour de classe. Elle prenait note de leurs adresses, et une fois installée, elle leur écrivait. Leurs correspondances duraient quelques semaines, voire quelques mois. La jeune fille aurait pu continuer à leur écrire après avoir déménagé, mais son père refusait. Il lui interdisait de donner leur adresse. La mort dans l'âme, elle acceptait de renoncer à ses amies. - à 15h, ça te dit ? - Aucun problème, dit-elle en continuant à sourire. J'apporte à boire ? - Non ! On te demande seulement de venir ! Bonne soirée ! Inès la lui souhaite aussi et raccroche lentement. Elle a encore la main sur le combiné lorsque sa mère la rejoint au salon. - C'était qui ? demande-t-elle. - Mes camarades de classe se retrouveront demain chez Ferewsan... pour me dire au revoir ! Je pourrais m'y rendre ? - Il y aura des garçons ? demande Fatiha. - Non. - Aucun problème... Tu connais ton père, il voit rouge dès qu'on pose les yeux sur toi, plaisante-t-elle en regardant sa fille. Tu grandis et tu embellis chaque jour que Dieu fait... - Papa devrait apprendre à me faire confiance, réplique Inès. Les garçons ne m'intéressent pas ! Tu devrais le lui dire plus souvent ! Peut-être qu'il finira par te croire... - Il ne doute pas de toi ! Il ne leur fait pas confiance, dit Fatiha. Si l'un d'eux réussit à te détourner de tes études, à profiter de ta naïveté..., il ne se le pardonnerait pas ! - Je ne suis pas si naïve que ça, se défend la jeune fille. Je connais beaucoup de choses de la vie... - Pas autant que nous... J'espère que tu ne connaîtras jamais la trahison et la déception, dit la mère. Ce sont des sentiments difficiles à supporter... - Maman, l'interrompt Inès, je vais chercher les pizzas ! Elles doivent m'attendre... - Je crois que je ferais mieux d'y aller moi-même ! - Je ne tarderai pas... - Non, ton père se fâcherait s'il apprenait que je te laisse sortir le soir ! - Il ne fait pas nuit et la pizzeria est à peine à cent mètres, dit la jeune fille. Tu peux me voir y aller et en revenir ! T'inquiète pas maman, on ne risque pas de m'enlever en chemin ! Elle n'attend pas son accord pour prendre les clefs et partir. Inès sent bien son regard dans son dos et se tourne pour lui faire un signe de la main, tout en souriant. Sa mère la surveille depuis la fenêtre. (À suivre) A. K. Nom Adresse email