Avertissement : L'histoire est basée sur des faits authentiques. Seuls les noms, les villes et les professions ont été modifiés pour respecter l'anonymat des personnages. Le roman feuilleton comptera cinq nouvelles. À ne pas rater... Premier chapitre : La solitude... Inès range ses affaires, les larmes aux yeux. Dans le grand placard, il y a encore des cartons qu'elle n'avait pas eu le temps d'ouvrir. Le cœur serré, elle songe à tout ce qu'elle allait quitter. Encore une fois... - Inès, mets les vêtements dont tu auras besoin dans les valises... - Pourquoi ? On ne prend pas tout ? - C'est l'été, prends les vêtements légers. - Je fais quoi des vêtements chauds ?, demande la jeune fille, même si elle connaît la réponse. - On les prendra plus tard... On ne va pas s'encombrer dans la voiture, dit Fatiha en entrant dans la chambre, une pile de pulls sur les bras. Il reste de la place dans ton cabas ? - Non... Papa n'a pas l'intention de louer les services d'un déménageur ? Fatiha soupire tout en secouant la tête. - Il ne s'est pas décidé, confie-t-elle en les posant sur le lit. C'est loin... - On ira où cette fois ? - À Sétif. - C'est une mission qui durera combien de temps ? La mère hausse les épaules. Tout comme elle, elle l'ignore. Les missions de son mari pour le compte d'une haute institution de l'Etat duraient parfois six mois, une année. Depuis qu'il en a été chargé, ils n'ont plus eu de vie stable. Ils ont déjà vécu dans dix villes différentes. Et au rythme où les choses allaient, ils en verront d'autres. Il y aura d'autres déménagements. Fatiha voit bien que sa fille en souffre. Elle aussi dans le fond, mais elle s'efforce de ne rien laisser paraître. Elle se devait être forte en acceptant son destin. - Je crois qu'on va manquer de sacs et de cartons, dit-elle. Tu pourrais aller à la superette en cherchant deux ou trois ! - Oui. La jeune fille finit ce qu'elle était en train de faire. Une fois la valise fermée, elle saisit sa chemise accrochée au cintre et l'enfile sur son body. Elle se regarde dans la glace de la garde-robe et passe les mains sur son visage, comme pour effacer la peine qui étreint son cœur. - Rien d'autre ?, demande-t-elle en se dirigeant vers l'entrée. - Si tu as envie de quelque chose, prends de l'argent avec toi, réplique Fatiha en se frayant un chemin à travers les cartons du couloir. Depuis hier, elles étaient occupées à emballer la belle vaisselle dans du papier journal. Elles ont aussi pris le soin de décrocher les photos des murs et de les emballer. Inès est très attachée à ses souvenirs. Elle comprend la peine de sa fille. Elle n'a jamais eu le temps d'avoir des amis. Enfin si, mais les rares fois, elle en avait été séparées. L'éloignement et les déménagements ont fait que les lettres qui ne suivaient plus aux nouvelles adresses ont fini par être retournées à leurs expéditeurs. Inès a perdu de vue toutes ses anciennes camarades de classe, les filles du quartier avec qui elle avait l'habitude de sortir. C'était du temps où son père le lui permettait. Avant, c'était il y a longtemps... Fatiha avait remarqué que son regard avait changé. Leur fille avait grandi. C'est une belle jeune fille aux cheveux châtain clair. Elle a la peau blanche et les yeux bleus de son père. En plus d'être belle, elle est studieuse. Ils sont fiers d'elle. Inès est leur unique enfant. Ils la protègent comme ils le peuvent. Fatiha a eu d'autres grossesses qui ne sont jamais arrivées à terme. Les médecins avaient fini par la convaincre des risques qu'elle prenait en tentant d'avoir un autre enfant. Elle mettait à chaque fois sa vie en danger. Elle avait fini par se faire une raison. Le téléphone sonne alors qu'elle est en train de trier le linge de sa garde-robe. Elle décroche à la première sonnerie. - Allô ? Madame Fatiha ? - Oui... Celle-ci reconnaît la voix de Sara, son employée au bureau de saisie et d'impression. - Je voulais vous demander quand partez-vous ? - Dans deux ou trois jours, répond-elle. Pourquoi ? Tu as besoin de quelque chose ? (À suivre) A. K. Nom Adresse email