La meilleure note a été décernée au prestigieux lycée de filles Ourida-Medad d'El-Harrach. La plus mauvaise et la plus choquante est revenue au collège Réda-Houhou de Boumati. Un lieu du savoir dont l'accès est obstrué par... un marché informel. Les tournées d'inspection des élus de l'APW d'Alger, à leur tête le président de la commission nationale de l'éducation, se poursuivent à travers de nouvelles communes. Infatigable, Mohamed-Tahar Dilmi accélère la cadence pour en finir avec l'état des lieux des écoles et prendre les mesures nécessaires en vue d'améliorer les conditions de scolarisation et de prise en charge des élèves. La délégation prévoit d'inspecter, demain, un nombre important d'établissements situés dans les communes de Kouba et Hussein Dey. Jeudi dernier, les élus se sont rendus aux établissements des circonscriptions de Bourouba, Bachdjerrah et El-Harrach. La tournée, qui a commencé vers 10h pour ne finir que vers 17h, a confirmé le diagnostic établi dès la visite des premiers établissements à savoir que la grande majorité de ces infrastructures scolaires souffrent d'absence d'entretien, de suivi des travaux engagés, de manque d'hygiène et d'insécurité. Pour Mohamed-Tahar Dilmi : "Il s'agit d'une accumulation de dommages qui n'ont pas été pris en charge à temps. Aujourd'hui, non seulement ils ont accéléré la dégradation des établissements mais aussi le coût des travaux de réfection." Et d'ajouter : "C'est vraiment honteux de continuer à parler en 2014 de problème de chauffage et de toilettes. L'idéal aurait été de débattre du volet pédagogique et de son amélioration." Mais que faire quand le sens de la responsabilité n'est pas aussi élevé que les dégâts causés sur les lieux et par ricochet sur le rendement des élèves ? En leur qualité de premier responsable d'école, de collège ou de lycée, les directeurs sont chargés de veiller au bon fonctionnement et à tous les niveaux de leur établissement. Les tournées d'inspection des élus ont permis de démontrer le rôle primordial des chefs d'établissement. En un mot, l'état de l'école et les conditions d'accueil des élèves dépendent des qualités du premier responsable. "Si le directeur a du bon sens et veille au grain, l'établissement se porte bien. Le cas contraire aboutit forcément à la dégradation", confirme à son tour le président de la commission d'éducation. C'est en fait ce qui a été constaté de visu lors des nombreux déplacements. Tous les établissements qui se portent bien sur tous les plans, sont gérés avec une grande habileté. Il semblerait que la gent féminine soit très douée dans la gestion de ce genre d'infrastructures. Et c'est encore une fois le terrain qui parle dès l'entame des inspections. L'entretien de l'école entre les mains des directeurs Après une petite virée à l'APC de Bourouba qui compte restaurer 13 écoles, la délégation se dirige à pied vers le CEM Mohamed-El-Annabi situé à quelque 20 mètres du siège de l'assemblée. À l'entrée, les photos des lauréats du premier trimestre sont accrochées. La directrice, tout sourire et confiante, répond à M.-T. Dilmi qui voulait s'enquérir de l'état de l'école : "Nous avons tout refait. Les portes, les fenêtres et l'étanchéité. Nous avons chaque année un nouveau mobilier scolaire. Nos laboratoires sont équipés et le terrain de sport a été aménagé. Le collège est doté d'une bibliothèque et la lecture attire 73% des élèves et 82% des enseignants." La directrice qui réclame sans cesse tout ce dont manque son collège, a tout de même négligé une chose primordiale au niveau du terrain du sport : la planche d'appel du sautoir. Erreur ! "Nous l'avons acquise pour 30 000 DA. Nous ne l'avons pas encore fixée de peur qu'elle ne se rouille." Seuls points noirs : une petite superficie abandonnée où un amas de sable est entassé et la mauvaise qualité des tableaux magiques des salles. Non loin du collège, se trouve le lycée Boualem-Kahouaji. Point de terrain de sport. C'est dans la cour que les élèves pratiquent certaines disciplines. Les accidents n'ayant pas pu être évités, le directeur n'avait d'autre choix que de se rabattre sur l'ancien atelier. Un grand espace que M.-T. Dilmi compte l'aider à aménager en salle de basket-ball ou handball. L'absence d'un mur de clôture pour éviter les intrus est la défaillance retenue et qui sera réglée. "Il faut impérativement sécuriser les établissements par des murs en béton et non du grillage", recommande sans cesse M. Dilmi. Ce dernier qui veut aussi débarrasser les cantines des réchauds à gaz traditionnels "tabounas" et les équiper de batteries, de chambres froides et d'étagères pour stocker les denrées dans de bonnes conditions, a été surpris de voir "de bons modèles de cantines" au sein de l'école Madouni-Rachid 1 de Bourouba et l'école Djurdjura à Bachdjerrah. Cette dernière manque de sécurité en raison de l'absence de mur et de la pose d'un simple grillage. Les élèves souffrent aussi de problème d'allergie en raison de la poussière dégagée de la cimenterie installée dans la commune de Bachdjerrah pour approvisionner les travaux du métro. Quand un marché informel obstrue l'accès à un CEM ! De toutes les lacunes et dégâts recensés des jours durant par les élus, le point culminant a été atteint dans la commune d'El-Harrach. Première étape de la visite dans cette circonscription, l'accès au CEM Réda-Houhou est quasi impossible. Un étranger aux lieux ne devinerait jamais qu'un collège existe bel et bien à l'entrée même du marché informel de Boumati. L'accès est complètement obstrué par les tables de fortune installées par les commerçants. Le petit passage de libre est lui aussi complètement bouché par un amas d'ordures dégageant des odeurs nauséabondes, que les vendeurs informels laissent derrière eux en fin de journée. Les images qu'offre l'entrée sont indignes d'un lieu du savoir. Une fois le portail franchi, on se rend compte du contraste. Le collège est un joyau. Selon le directeur, l'APC a été saisie à maintes reprises mais il semble que le problème les dépasse de loin. Le plus dramatique, pour lui, est que "cet environnement pèse sur les élèves dont le rendement est de plus en plus faible". Ceci sans oublier qu'ils sont exposés à d'innombrables risques dont la consommation de la drogue et autres vices. Une situation en contradiction totale avec le prestigieux lycée de filles Ourida-Medad situé dans la même commune. Un joyau qui a fêté l'année dernière son centenaire dans un état enviable. Les différentes directrices qui s'y sont succédé étaient à cheval sur la préservation du site. Même les tables en marbre et fer forgé de la cantine datent de 1912. Le seul problème de la directrice est inimaginable : les nombreux pigeons qui squattent les lieux ! M. B. , Nom Adresse email