La vétusté des équipements empêche l'unité de tourner à plein régime. Le lait en sachet est devenu rare à Alger. Les ménages n'arrivent plus à trouver le lait en sachet le matin. "Le lait en sachet sera-t-il disponible ce matin ?", interroge un client. Le détaillant lui répond : "Je ne sais pas quand je serai approvisionné. Fin de matinée ? L'après-midi ? En soirée ? Je n'en sais rien. Hier, je l'ai reçu en soirée. J'ai dû le refuser." À Dar El-Beïda, la situation est pire. "Je n'ai pas vu de sachets de lait depuis 20 jours chez mon épicier", témoigne un consommateur. Mêmes questions, mêmes réponses dans plusieurs épiceries de la capitale. Un approvisionnement en somme aléatoire. Pour connaître les raisons de ces perturbations, nous nous sommes rendus à l'usine Colaital de Birkadem, principal fournisseur de lait pasteurisé de la capitale. Là, on se rend compte que le bras de fer au sein de la laiterie de Birkhadem entre la section syndicale affiliée à l'UGTA et l'administration a été pour quelque chose dans la pénurie du lait en sachet qui a touché un bon nombre de quartiers de la capitale. Nombreux sont ceux qui estiment que l'instabilité dans l'usine est à l'origine de la pénurie. Mais est-ce la seule raison à cette situation de crise dans l'Algérois ? Est-ce que, sans ce bras de fer, la situation aurait été tout autre ? L'unité Colaital de Birkhadem constitue le maillon fort de l'approvisionnement en sachets de lait à Alger, puisqu'elle assure 60% des besoins des consommateurs algérois. Selon l'UGCAA, les besoins de la capitale en lait en sachet seraient de 1 million de litres par jour. La laiterie et fromagerie de Boudouaou produit quelque 300 000 l/j, 100 000 litres sont assurés par le privé, tandis que les 600 000 l restants devraient en principe être produits par l'usine de Birkhadem. La question qui se pose est de savoir si l'unité de Birkhadem peut assurer les 60% des besoins de la wilaya d'Alger ? Les quotas en baisse Selon le représentant des distributeurs de lait de la wilaya d'Alger, Farid Oulmi, la réponse est non. Rencontré aux abords de la laiterie de Birkhadem, M. Oulmi nous explique que la demande dans l'Algérois est estimée à 1 million l/j. Et pour satisfaire ces 60%, l'usine de Birkhadem devra produire 600 000 l/j. Ce qui n'est pas le cas actuellement, étant donné que la capacité théorique de l'usine oscille entre 400 000 et 450 000 l/j. M. Oulmi déplore, à ce titre, les conditions de travail des 117 distributeurs de lait conventionnés qui, selon lui, sont obligés d'attendre des heures durant devant les grilles de l'entreprise pour avoir leur quota. Cette situation, nous avons eu à la vérifier sur place en accostant un distributeur qui sortait de l'usine qui nous a affirmé qu'il lui a fallu plus de 18 heures pour charger son quota, alors que le programme établi précise que le chargement ne peut prendre plus d'une heure. Concernant les quotas, M. Oulmi ajoute que ces derniers ne cessent de diminuer au fil du temps. "Normalement, on a droit à 5000 l/j, or l'entreprise ne nous accorde ces jours-ci que 4000 l", a-t-il souligné. Ce rationnement a même touché, selon lui, la laiterie de Boudouaou, qui les plafonne à 3000 l par distributeur. Il évoquera, par ailleurs, le fait que l'unité de Birkhadem a, sur injonction, approvisionné certaines communes des wilayas limitrophes, à savoir Blida et Tipasa, ce qui constitue, selon lui, un manque à gagner pour l'Algérois. Un autre représentant des distributeurs, qui a rejoint la discussion, pointe le doigt vers la vétusté des équipements de l'unité. Il suffit d'une courroie qui lâche pour bloquer tout le processus de chargement, s'indigne-t-il. Un salarié de de l'usine ne partage pas le point de vue de M. Oulmi. Cet employé a estimé que l'usine ne peut produire plus que ce qu'elle produit actuellement. "Avant, on recevait 14 000 t de poudre de lait, ce qui nous permettait de produire 450 000 l/j. Actuellement notre quota de poudre de lait est de 13 000 t, ce qui ne nous permet pas de produire plus de 420 000 l/j", explique-t-il. Il ne se privera pas de tirer sur les producteurs privés qui, selon lui, ne jouent pas le jeu en détournant la poudre de lait subventionnée pour la production d'autres produits que le lait. Notre passage à l'unité de Birkhadem est intervenu au moment où le bras de fer entre la section syndicale et l'administration a pris fin avec le remplacement du premier responsable de l'unité. Le travail ayant repris normalement, les différents intervenants sur le site attendent les suites qui seront données à cette situation par le nouveau responsable, d'autant que le premier ministre Abdelmalek Sellal a été très clair en ordonnant une augmentation de la production. S. S. Nom Adresse email