La guerre des tranchées repart de plus belle au Rassemblement national démocratique (RND). L'épreuve du congrès à peine franchie sans heurts que les démons de la division ressurgissent de nouveau et les "redresseurs" déterrent la hache de guerre. Motif de la fronde de Yahia Guidoum, figure de proue du mouvement de redressement qui avait réussi à avoir la tête d'Ahmed Ouyahia et de ses amis : la composante du bureau national. Le retour en force des partisans de leur ennemi juré, c'est-à-dire l'ancien secrétaire général du parti, dans les instances dirigeantes de leur formation politique. Majoritaires au conseil national issu du dernier congrès qui a intronisé Abdelkader Salah, n'ayant montré tout le long de son intérim aucun signe de rupture avec le règne de son prédécesseur, les fidèles d'Ouyahia se sont logiquement trouvés aux premières loges du bureau politique. Pis, bon nombre des pourfendeurs d'Ahmed Ouyahia, à l'instar de l'ancien maire d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni, n'ont dû leur salut qu'à Abdelkader Bensalah qui les a repêchés. L'"erreur" tactique des amis de Yahia Guidoum est, peut-être, de ne pas avoir su aller jusqu'au bout de leur logique. Ahmed Ouyahia dégommé, ils ont quelque peu baissé la garde. Ils se sont gardés d'exiger le départ des partisans de leur bête noire des instances du parti, comme si la tête d'Ouyahia était la finalité de leur fronde. Une année après, retour donc à la case départ avec de nouveaux rapports de force qui ne sont pas en leur faveur. Autre raison qui a déclenché l'ire des redresseurs : la mise à l'écart d'anciens ministres qui ne siègent pas dans le bureau politique du parti. Ils reprochent vivement à Abdelkader Bensalah d'avoir passé outre cette tradition bien ancrée dans leur parti et instaurée par... Ahmed Ouyahia, qui consistait en la nomination de ministres qui ne sont plus en exercice et de personnalités à des postes-clés du parti. Les noms d'Aboubakr Benbouzid (ancien ministre de l'Education), de Chérif Rahmani (ancien ministre de l'Environnement puis de l'Industrie), d'Abdesselam Bouchouareb (ancien ministre de l'Industrie), de Belkacem Melah (secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse)... sont en effet, tous passés à la trappe. Pourtant, le nouveau secrétaire général du RND aurait pu s'éviter un tel reproche en casant tout ce beau monde dans le quota des membres du bureau politique qui est laissé à sa seule discrétion. Et il a une belle marge de manœuvre puisqu'il a pris le soin de revoir à la hausse son quota en le portant de 15 à 20 membres. Une erreur ? Peut-être. Surtout qu'il ne s'est pas gardé d'user de cette prérogative pour placer des hommes à lui dans le bureau politique. Au-delà des motifs qui ont déclenché cette nouvelle crise au sein du RND, c'est le contexte pré-électoral qui suscite des interrogations surtout que le secrétaire général a appelé publiquement l'actuel chef de l'Etat à briguer un quatrième mandat. Disciplinés, les dirigeants du RND avaient, par le passé, cette faculté de mettre de côté leurs querelles partisanes pour se ranger tous derrière le choix de la direction. Certes, la décision d'adouber le président Bouteflika n'est pas contestée, du moins pas ouvertement, mais susciter des vagues à un peu plus de deux mois de la présidentielle est de nature à chahuter ce rendez-vous important, mais aussi à casser l'élan de mobilisation des militants du parti. A. C. Nom Adresse email