Il n'est pas du tout facile de trouver sa place en tant que parent dans l'orientation des enfants, lorsqu'on considère des réalités et des contraintes qui ne sont plus celles de sa propre adolescence. Se mettre ensemble pour discuter et comprendre les projets que chaque parent a pour son enfant et ceux que ce dernier a pour lui-même est en soi salutaire, mais de plus en plus difficile, à mesure que les enfants grandissent, notamment en fin de cycle secondaire. Et les parents ne peuvent compter que sur les seuls experts en la matière. Pourquoi vit-on, le moment venu, sous autant de tension ? Bien qu'aujourd'hui on constate que les familles vivent de plus en plus dans une sorte de "démocratie familiale", où chacun donne son avis, l'orientation porte souvent en elle les ferments de terribles dissensions. Habitué à obtenir tout ce qu'il veut, ou du moins à se voir céder plus ou moins facilement, l'enfant a souvent la surprise de voir se dresser devant lui un mur de refus ou d'incompréhension devant son projet, ou son absence de projet s'il n'y a pas suffisamment réfléchi. La famille passe alors de permissive à un camp retranché dans lequel vont s'affronter, des années durant, père, mère, enfants, et même proches et grands-parents... Bien sûr, il vaut mieux viser un bac+5, mais il faut expliquer tout cela aux enfants et les convaincre du pourquoi. Refuser la discussion par peur qu'elle vire à l'affrontement, c'est à la fois un manque de courage et un manque de générosité vis-à-vis de ses enfants. Et du côté des enfants, évincer complètement les parents est une erreur grave. Car même si les parents ne donnent pas toujours de bons conseils (aux yeux des enfants), ils doivent être impliqués, ne serait-ce que parce que ce sont eux qui vont financer ces études... Dans tous les cas, l'important est de se parler, car, sans dialogue, il n'y a aucune chance d'arriver à une décision d'orientation raisonnée : en fonction de ses envies, de ses compétences et aptitudes, de ses notes... Il faut donner aux enfants la possibilité de trouver leur propre voie ! Les parents pensent souvent uniquement en termes d'emploi et rejettent des vocations qui leur paraissent trop risquées. Ou bien ils réfléchissent en fonction de considérations dépassées, parce que trop liées à leur propre vécu, à leur propre carrière. Contrairement à ce qu'on pense, il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises voies d'orientation, mais des voies qui conviennent ou pas aux individus. Au processus "vocationnel", les parents opposent souvent un processus centré sur l'emploi. Ce que les parents doivent comprendre, c'est qu'ils doivent aider leurs enfants, mais pas se mettre à leur place. Ils ne doivent pas faire porter à leurs enfants des désirs qui ne sont pas les leurs. Il faut être à côté de ses enfants, pas à leur place et mettre son énergie au service de ce qui va paraître le mieux à l'enfant. Les deux parents (père et mère) doivent être impliqués. Tout le monde doit être impliqué, et bien sûr, le principal intéressé lui-même, l'enfant, au premier chef. Non impliqué dans une décision aussi cruciale, le jeune pourra toujours la regretter et ne jamais l'assumer. Faut-il se faire aider par un tiers ? La médiation d'un tiers est cruciale, car le projet professionnel doit avant tout être un projet personnel. Cela évite souvent que tout le système explose. Se couper de sa famille est ce qui peut arriver de pire à un adolescent. Ce tiers peut être un coach spécialisé composé de conseillers d'orientation et de professeurs, qui ont pour mission d'assurer la médiation dans la famille. Alger, le 28/1/2014 A. D. (*) Ancien cadre supérieur orientation scolaire et professionnelle Nom Adresse email