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Le métier d'élève
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 02 - 2012

Le premier contact avec l'école est un moment particulièrement important pour le petit enfant; moment douloureux pour lui mais aussi pour la famille car cet épisode de la vie, qui marque une rupture dans son existence (la première), est cependant nécessaire pour qu'il puisse «grandir».
Confronté pour la première fois à un groupe social important, dans un environnement étranger (et étrange), comprenant des règles plus ou moins «opaques», des situations nouvelles, des activités qui s'enchainent selon une logique qui lui échappe, l'enfant doit vivre conjointement l'expérience de la séparation: quitter sa mère, se sentir abandonné et l'expérience de la vie en collectivité dans un milieu nouveau. D'où les crises, les pleurs, les manifestations d'agressivité (frapper, mordre…), des comportements régressifs («salir» son pantalon vomir…).
Tous les enseignants, surtout ceux des premières années, ont assisté à ces scènes.
Ces comportements, lors de la première rentrée, ne sont que la manifestation d'un désarroi lié au vécu de la rupture. De ce fait, la qualité de l'accueil envers les petits enfants, (première rentrée et accueils quotidiens), doivent être organisés «pédagogiquement». La première rentrée mérite donc toute l'attention de l'équipe enseignante.
Il faudrait choisir de ne pas faire rentrer tous les enfants en classe le même jour, à la même heure (témoignage spontané d'une enseignante d'une petite classe )Bien souvent, le moment de l'inscription à l'école qui a lieu au plus tard au mois de juin est une occasion pour faire connaître l'école à l'enfant. En compagnie de l'adulte qui vient l'inscrire, il peut visiter les locaux, observer les élèves dans les classes. Mais ceci s'avère insuffisant le jour de «la vraie rentrée» en septembre. On peut alors proposer une scolarisation «progressive» en recevant chaque jour de petits groupes d'enfants, afin de personnaliser leur scolarisation (propos de la même enseignante). Les parents peuvent être invités à rester en classe une demi-heure ou une heure, puis à réduire progressivement cet accompagnement. Ainsi diverses modalités d'accueil contribuent à réduire la tension des enfants comme celle des parents.
Les moments d'accueil quotidiens peuvent également favoriser cette insertion quand ils permettent des échanges personnalisés adulte-enfant, quand les situations proposées l'aident à s'orienter dans la classe, dans l'école, à construire des repères, à connaître les adultes, les autres élèves….etc.
Au cours des accueils quotidiens, l'enseignant(e) peut également engager des contacts informels avec les familles qui ont tout naturellement des attentes envers leurs enfants mais parfois surinvestissent dans l'école. (La famille algérienne du 3ème millénaire n'est plus celle d'antan; elle est beaucoup plus à l'écoute de sa progéniture).
L'ECOLE FAMILLE
Certains parents développent alors de l'anxiété face aux apprentissages, souvent en relation avec leur propre vécu, leurs échecs et la crainte de la répétition qu'ils font peser sur leurs enfants, ce qui accroit leurs conflits et renforce les difficultés parentales. Ainsi, cette séparation d'avec la famille et plus particulièrement avec la mère, et l'investissement de ce lieu très particulier qu'est l'école, nécessitent un accompagnement spécifique, aussi bien de la part de l'école que de la famille. En effet, si les ruptures ont leur intérêt et peuvent être bénéfiques, le jeune enfant a besoin de cohérence. Il est indispensable que l'école maternelle, surtout, soit ouverte aux familles et entretienne avec elles des relations de confiance et de communication surtout. Il est aussi nécessaire pour l'école «d'accompagner les ruptures» mais aussi «d'organiser les continuités». La rentrée des plus petits à l'école implique, en effet, l'ensemble de l'équipe pédagogique qui peut proposer des modalités d'accueil. Il s'agit dans tous les cas et tout au long de la scolarité (préscolaire surtout) d'assurer un accompagnement de l'enfant, qui respecte son identité, son rythme, ses besoins en lui donnant les conditions d'une scolarité heureuse et réussie.
PREMIERE RENCONTRE AVEC L'ECOLE
La première rentrée à l'école est un moment de crise, une épreuve de la séparation. Le petit enfant vit une relation duelle très forte avec la mère, c'est le processus de symbiose; c'est dire que l'enfant est tout entier investit dans cette relation duelle, au point de ne pas dissocier la perception qu'il a de son corps de celui de l'autre, de ne pas dissocier ses actions de celles d'autrui. Les études montrent que le nourrisson naît avec le besoin de contacts humains et, de ce fait, élabore des liens émotionnels étroits avec les adultes les plus proches, en particulier la mère. On parle alors du phénomène d'attachement (théorie développée par BOWLBY**) qui est une dimension fondamentale du développement du petit enfant.
Ce processus d'attachement se traduit par la recherche de la présence permanente de la mère, et son corollaire, la peur de sa perte. Ce qui donne lieu à des pleurs, à de l'excitation motrice ou du désintérêt pour ce qui se passe autour de lui. Paradoxalement, lors du retour de la mère, on peut constater des comportements ambivalents de l'enfant: il refuse le contact avec sa mère, l'ignore ou se met en colère. Cet attachement qui s'installe précocement et peut durer longtemps, a une fonction très importante: il sécurise l'enfant. Celui-ci, sécurisé par la présence de sa mère, peut explorer le monde qui l'entoure, s'adapter à son environnement, accepter les changements de lieux, les rencontres avec les inconnus. Ce phénomène d'attachement se prolonge souvent par l'investissement affectif envers des objets (mouchoir, nounours, poupée…etc.) autant d'objets transitionnels, qui symbolisent «l'autre» et jouent également un rôle sécurisant: c'est un transfert d'attachement sur les objets qui deviennent alors des substituts parentaux.
Aussi, lors de son entrée à l'école maternelle (préscolaire), il est conseillé de ne pas ôter ces objets avec autorité mais de préparer avec précaution leur abandon provisoire pour participer aux diverses activités scolaires (en les déposant par exemple dans un casier où l'enfant pourra les récupérer), puis leur abandon total qui se produira lorsque l'enfant se sentira suffisamment en sécurité par rapport à ce nouvel environnement.
L'enfant doit sortir de la symbiose d'avec la mère pour «grandir» et accéder aux relations avec «le tiers», c'est-à-dire le père, les personnes extérieures au cercle familial et bien sûr l'école et le savoir.
DES PRATIQUES BIEN DIFFERENTES
L'école devrait être en mesure d'aider le petit enfant à gérer cette crise en proposant un cadre sécurisant et un accueil aménagé. Des observations en milieu scolaire montrent des pratiques d'accueil fort différentes, chacune ayant des conséquences sur l'investissement scolaire par le petit enfant. Si l'équipe pédagogique se préoccupe principalement de la mise en place rapide de «bonnes habitudes» en réduisant l'expression des émotions et la soumission aux règles par une succession d'interdits: ne pas pleurer, bien se tenir, écouter, ne pas bouger, être «grand», «gentil»…etc. comment ce moment de séparation peut-il être vécu par les enfants? Quel rapport à l'école va alors s'élaborer? Dans ce cas, c'est rapport de soumission, l'enfant s'adapte certes, mais par une adaptation de type «conditionnement». C'est une pédagogie compensatoire où l'objectif d'efficacité passe par un certain nivellement pour faire en sorte que l'enfant entre dans la norme le plus rapidement possible, pour que de «mauvaises habitudes» ne soient pas prises.
Par contre, si l'équipe pédagogique est attentive à cet instant de séparation, si elle accepte de faire en sorte que cette période de transition soit vécue positivement, les enseignants doivent accepter temporairement des aménagements de l'espace et du temps, je m'explique: aménager l'espace, c'est accepter que les enfants investissent le couloir, le préau, la cour, la salle d'accueil pour jouer, c'est laisser en classe le plus possible d'espaces de jeu, ne pas insister pour asseoir tout le monde autour des tables, c'est accepter que certains fuient la cour, encore plus inquiétante.
Aménager le temps pour prendre en compte le rythme de chacun, accepter leurs diversités, ne pas les harceler pour suivre une organisation temporelle trop «scolaire» mais solliciter leur attention, proposer et non imposer des changements d'activité, aiguiser leur curiosité: ceux qui sont réticents observent longuement et finissent souvent par se joindre au groupe en activité.
LA SPHERE SCOLAIRE
Dans notre société, devenir un élève, c'est s'approprier les «règles du jeu» de l'institution scolaire. C'est pour l'enfant un enjeu fondamental qui ne se limite pas à son seul devenir scolaire. L'importance de cet enjeu constitue la principale préoccupation des parents et des enseignants et ce, dès la première rencontre avec l'école. Le fonctionnement de la sphère scolaire n'est pas en continuité mais en rupture avec les modes de vie des autres sphères sociales dans lesquelles évolue l'enfant. En effet, en rentrant à l'école, ce dernier va vivre un changement radical de statut, de relations sociales, de rapport au monde qui ne s'improvise pas. Or, s'approprier les règles de fonctionnement de l'école (règles souvent implicites) demande au petit enfant un énorme travail d'adaptation. Il doit, en effet, acquérir de nouveaux comportements, vis-à-vis des adultes mais aussi et surtout des autres enfants: se mettre en rang, suivre le groupe, attendre son tour de parole, s'exprimer sur ce qui est attendu (ne pas changer de sujet), exposer publiquement son point de vue, écouter les autres, se déplacer au bon moment, au bon endroit, savoir se tenir convenablement assis, ne pas accaparer les jouets, ne pas pousser son camarade pour prendre sa place…etc.
Ces comportements relèvent des relations sociales mais pas seulement. Il est courant de penser que la socialisation, entendu comme l'acquisition des codes sociaux de l'institution, est un préalable aux apprentissages scolaires: l'enfant ne pourra commencer les apprentissages que s'il est socialisé.
«Devenir élève», c'est participer à la réalisation de projets communs; c'est prendre et progressivement partager des responsabilités au sein du grand groupe.
APPRENDRE ET COMPRENDRE
La socialisation dont il est question à l'école ne se traite pas indépendamment des situations d'apprentissage et des savoirs concernés. En effet, c'est bien en mettant l'élève en activité que les règles de vie, les règles de socialisation scolaire, s'apprennent, se comprennent.
C'est dans et par les rapports qui vont s'établir au sein de chaque classe, au travers des situations d'apprentissage et dans un milieu spécialement conçu à cet effet, que l'enfant construira son METIER D'ELEVE.
Je dirais aussi que la «socialisation scolaire» repose sur trois processus fondamentaux:
1- le rapport aux objets de savoir.
2- Le rapport aux autres.
3- Le rapport à soi.
Le jeune enfant n'entrera en socialisation que s'il a construit une représentation du monde qui l'entoure tel qu'il se sente en sécurité à l'école: c'est le réflexe d'attachement. Loin de constituer un obstacle à l'autonomie, l'attachement de l'enfant à ses proches en est au contraire la condition. Cette base sécurisante joue un grand rôle dans le devenir de l'enfant qui apprend progressivement qu'il est en sécurité avec d'autres que ceux qui composent son environnement familial. Se sentir en sécurité est une nécessité pour que l'élève, plus grand, focalise toutes ses ressources mentales sur la tâche scolaire. Cette affirmation pose le problème du nombre d'élèves par classe pour les plus jeunes (pas plus de 25 élèves par classe, actuellement réalisé chez nous) qui expriment trop souvent un sentiment d'insécurité en particulier en cours de récréation.
En conclusion, pour que l'enfant devienne élève, l'école* doit lui offrir un cadre scolaire organisé avec exigence, où les dispositifs pédagogiques proposent des repères forts de telle sorte, que le processus de socialisation ne soit pas pensé indépendamment du processus d'apprentissage. Ce milieu de travail n'est pas neutre, les objets de savoir apportés par le maître sont autant d'outils culturels qui participent à la construction cognitive des élèves, dans la mesure où ils sont questionnés au sein d'un collectif qui permet à chacun (à chaque élève) de leur attribuer un sens.
**- BOWLBY: Pédiatre et Psychanalyste anglais a montré que le processus d'attachement de l'enfant à une figure maternelle est la base de son développement affectif et social.
*- Il s'agit ici d'adapter l'école à l'élève et non l'inverse.
Ps :cet article a été enrichi par le témoignage de quelques enseignants de petites classes (préscolaire)qui trouveront ici toute ma gratitude et dont les compétences et le professionnalisme sont à souligner.
*- Voir les articles parus dans le quotidien d'Oran:
*- La violence scolaire (27-05-2009).
*- L'échec scolaire (15-06-2009).
*- Enseigner: un métier, une conviction (16-12-2010)


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