La confusion entoure, de nouveau, la présidentielle d'avril prochain. Il devient clair que Bouteflika n'est pas le candidat du consensus qu'il a été durant les trois mandats précédents. C'est ce qui explique, peut-être, le maillage institutionnel tissé par le clan présidentiel, pour avoir un meilleur contrôle sur le scrutin, au lieu de miser uniquement sur la force politique sous forme d'une alliance. Il y a encore quelques jours, l'opinion publique nationale admettait le quatrième mandat comme une évidence, malgré les contraintes qui s'opposaient objectivement à la réalisation d'un tel projet dont principalement la maladie et l'âge avancé du président de la République. Aujourd'hui, il est nettement plus difficile de s'avancer, avec assurance, sur l'identité du prétendant qui sera plébiscité à la magistrature suprême à l'issue du scrutin du printemps 2014. D'autant qu'il apparaît de plus en plus clairement un manque de consensus dans les hautes sphères de décision, sur une énième mandature d'Abdelaziz Bouteflika. D'ailleurs, l'ancien cadre du RCD et député, Tarik Mira, l'a bien exprimé dans une déclaration rendue publique hier au nom de l'IRD (Initiative pour la refondation démocratique). "L'absence de consensus est sur deux points : la réforme constitutionnelle annoncée à cor et à cri durant deux ans et depuis sans cesse différée et quel candidat à adouber pour la succession. Elle crée publiquement des tensions et, concomitamment, amplifie les contradictions internes." Dans le sens de cette analyse, les attaques du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, contre le DRS et surtout son homme fort, le général Mohamed Mediène, ne doivent certainement pas être perçues comme un écart de langage convulsif, mais plutôt comme une séquence d'une mise en scène réglée dans son timing et dans le partage des rôles entre ses personnages principaux et les figurants. Il est néanmoins utile de savoir pour qui roule le patron de l'ex-parti unique. œuvre-t-il réellement pour l'accomplissement du quatrième mandat, ou agit-il contre son camp qu'il aurait infiltré comme un cheval de Troie ? Au-delà de la légende racontée dans l'Illiade d'Homère, le cheval de Troie est, en informatique, un programme caché dans un autre qui exécute des commandes sournoises et nuisibles. Au demeurant, Amar Saâdani n'est certainement pas assez puissant pour tenter une bravade contre le DRS et se mettre même sous le coup de la loi sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, sans avoir eu, au préalable de la tempête qu'il a provoquée à deux mois de la présidentielle, la garantie qu'il ne risquait pas personnellement des représailles. D'ailleurs, l'on parle d'une plainte déposée, contre lui, par le DRS, mais l'ANP, qu'il a visée par ses invectives, n'a pas réagi pareillement. Le parquet ne s'est pas non plus, jusqu'alors, autosaisi sur l'instrumentalisation de la tragédie nationale à des fins politiciennes tel que prescrit par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Au demeurant, au moment où la succession de Bouteflika à lui-même devenait presque acquise, Amar Saâdani ébranle les certitudes. Consciemment ou à son corps défendant, il a dévoilé les divergences des décideurs autour de cette question. Dès lors, des recoupements montrent que les désaccords sont antérieures peut-être même à l'AVC du président de la République, survenu en avril 2013. Il y a eu d'abord la restructuration des services de sécurité, la mise à la retraite de certains généraux influents... puis le placement des hommes du Président aux départements ministériels et institutions stratégiques en perspective de la présidentielle. Mourad Medelci est nommé président du Conseil constitutionnel, Slimane Boudi, président de la Commission des magistrats de supervision des élections législatives de mai 2012, à la tête de la Cour suprême, Tayeb Belaïz au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et Tayeb Louh au département de la Justice. Ce maillage institutionnel, tissé en un court intervalle dès le retour du chef de l'Etat de l'hôpital parisien du Val-de-Grâce après une convalescence de plusieurs semaines, dénote de la promptitude du clan présidentiel à s'appuyer quasi exclusivement sur l'administration et sur l'impact des médias lourds mis en service de la candidature de Bouteflika pour contrôler le résultat du scrutin, plutôt que de miser fortement sur les forces politiques conglomérées autour d'une alliance présidentielle, comme ce fut le cas pour les trois mandats précédents. Il est dit que trente partis politiques soutiennent la candidature de Bouteflika à la prochaine présidentielle. Ce soutien est, néanmoins, exprimé dans une ambiance cacophonique qui ne sert pas nécessairement les intérêts du candidat adoubé. Le remuant Amar Saâdani accapare l'actualité nationale par ses difficultés à maîtriser les rênes de son parti, mais aussi ses déclarations plus hallucinantes les unes que les autres. Au contraire, Abdelkader Bensalah, SG du RND, fait preuve d'une pondération exagérée en s'astreignant à cautionner le quatrième mandat tout en laissant une brèche, dans son discours, à un éventuel retournement de la situation. Amar Ghoul, président de Taj, a été sévèrement remis à l'ordre par le ministre de l'Intérieur qui lui a apporté un démenti cinglant quant au retrait de formulaires au profit de Abdelaziz Bouteflika. Les autres formations, microscopiques, peinent à faire entendre leur voix, bien que partisanes. S. H Nom Adresse email