"Au cours de la dernière décennie, la bonne gestion de la dette, confortée par une orientation à la hausse des prix du pétrole, a contribué à redorer l'image de l'Algérie au niveau international et lui a offert une occasion unique de développement. Pour autant, la transition vers une économie de marché n'a jamais été pleinement réalisée", relève le Forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (Femise) dans son rapport 2013 sur le partenariat euroméditerranéen. Pour le Femise, les faits restent têtus : malgré les diverses réformes économiques et une position budgétaire solide, l'Algérie conserve les caractéristiques d'une économie dépendante du pétrole. Certes, note le Femise, les autorités se sont montrées déterminées à appliquer leur programme d'investissement dans l'objectif d'élargir le champ économique et de développer les infrastructures et les compétences. Mais de telles mesures d'encouragement ont été freinées par le manque d'accès au crédit et par des "obstacles institutionnels". "Au bout du compte, et bien que le pays ait jusqu'à présent été épargné par les troubles qu'a connus la région, l'économie algérienne affiche des résultats médiocres", affirme le Femise. Selon le rapport, au cours de la période 2000-2010, la croissance moyenne annuelle du produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie se situait ces dix dernières années autour de 3,8%, soit en deçà de la moyenne régionale. Ce taux est également très en dessous des niveaux constatés dans les économies des pays d'Europe de l'Est non membres de l'UE, de l'Asean et du Bric, mais légèrement au-dessus du taux de croissance des pays latino-américains. Plus important encore, le pays n'a pas été capable de créer un nombre suffisant d'emplois hautement qualifiés. L'Algérie souffre d'un décalage entre la demande et l'offre sur le marché du travail et du poids du secteur informel, largement lié aux problèmes d'emploi. Le Femise constate que le chômage en Algérie n'a pas cessé de diminuer ces dernières années, passant d'un taux moyen de 13,2% (2005-2008) à 10% (2009-2011), pour descendre à 9,7% en 2012. Le taux de chômage devrait tomber à 9,3% en 2013. Cette évolution est,, certes, positive, mais le Femise note que "le récent recul du chômage en Algérie est en grande partie dû à la forte croissance de l'emploi dans la Fonction publique". Par ailleurs, souligne le document, les indicateurs du marché du travail peuvent renvoyer une image de mauvaise qualité et de discrimination. Le recul du chômage dans les années 2000 est allé de pair avec une prépondérance croissante du sous-emploi, du travail temporaire et du secteur informel. 50% des emplois créés au cours de la période 2005-2010 étaient temporaires, contre 30% dans les années 1990. Sur un autre plan, le Femise estime que le système de redistribution n'est pas tenable à long terme. "Le budget national et plus généralement le régime algérien vont être très vite confrontés à certaines difficultés, parmi lesquelles figurent la (non) viabilité du système de redistribution", lit-on dans le rapport. Le Femise observe que près de 12% du PIB est affecté aux salaires du secteur public. Autrement dit, ils représentent plus du tiers des dépenses gouvernementales (37% pour être plus précis). Ce niveau colossal de dépenses, qui a augmenté de 25% entre 2009 et 2012, est dû au fait que 2,7 millions d'Algériens (soit près de 30% de la population active) travaillent dans la Fonction publique, contre 18% dans la région MOAN. Parallèlement, une grande part des recettes issues du pétrole est destinée aux subventions. "Si l'on exclut le pétrole et le gaz, le coût s'élève à 3,8 milliards de dollars par an, ce qui représente près de 6% du budget gouvernemental ou 2% du PIB." De plus, ajoute le Femise, subventionner l'énergie a un coût qui atteint 6,6% du PIB et représente 20% des dépenses publiques. Dans ce cas, il s'agit d'une "subvention implicite" qui n'apparaît pas dans le budget. M. R Nom Adresse email