Les propriétaires de magasins situées sur les grandes avenues devront payer "de leur poche" la rénovation de leurs commerces, un projet qui s'inscrit dans le cadre de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe 2015" ! A un peu plus d'un an du début de la manifestation "Constantine, capitale de la culture arabe 2015", les autorités locales tentent désespérément de lancer une vaste opération d'embellissement de la ville et de ses artères principales. Jeudi dernier, le wali, Hocine Ouadah, a tenu une réunion avec les commerçants des grandes avenues Belouizdad et Abane-Ramdane pour tenter de les convaincre à adhérer au projet de rénovation des façades. En présence du bureau d'études chargé du projet -qui a mené la même opération à Alger, rue Larbi-Ben-M'hidi- c'est à peine s'il y avait une vingtaine de commerçants qui ont répondu à l'appel, car la salle de réunion de la wilaya, sise à Daksi, était presque vide. Pourtant, le projet en question est original et est censé apporter une touche esthétique à la ville, car en plus des façades de ces immeubles datant de l'époque coloniale (construits entre 1850 et 1910), le bureau d'études prévoit également de donner un coup d'éclat aux façades des commerces de façon à les harmoniser et à enlever toutes les difformités et les malfaçons. On veut ainsi débarrasser en priorité les deux plus belles artères du centre-ville, Belouizdad et Abane-Ramdane, du panneau composite appelé aussi alucobande, qui garnit depuis quelques années la plupart des nouveaux commerces, assure le représentant du bureau d'études. Son projet consisterait à harmoniser toutes les façades concernées par un mortier de réparation, comme il est prévu de cacher les climatiseurs ou encore les paraboles, et de refaire les vitrines et les stores. Une proposition qui a bien évidemment enthousiasmé les propriétaires des commerces, du moins jusqu'à ce que le wali, interpellé par un journaliste au sujet de la participation aux frais des commerçants, annonce, après avoir consulté le représentant du bureau d'études, qu'ils devront payer une somme allant de 400 000 à 600 000 DA ! En contrepartie, les commerçants bénéficieront d'un allégement sur les taxes, selon le wali. Ce dernier ajoutera ensuite que les propriétaires devront accepter cette offre et que si cela était nécessaire, un décret sera publié incessamment. Une aberration et du non-sens pour les commerçants présents, car tous ceux que nous avons interrogés à la fin de la séance nous ont avoué qu'ils sont déçus. "Cela fait des mois qu'on entend parler de ce projet, du temps de l'ancien wali. Mais personne ne nous a dit un jour qu'on devrait payer une telle somme pour la rénovation des façades. La wilaya va dégager des milliards pour entamer cette opération, à quoi servira tout cet argent si nous-mêmes nous allons participer aux frais?" s'interroge un commerçant du boulevard Belouizdad. Un autre, qui a mis en location son local situé à la rue Abane-Ramdane, est furieux et nous déclare : "C'est une véritable mascarade, j'ai refait la façade il y a à peine quelques mois pour près de 400 000 DA, et maintenant on veut m'obliger à payer la même somme. Aucun commerçant n'acceptera cette offre. Comment voulez-vous que les locataires acceptent qu'une entreprise débarque du jour au lendemain et lance des travaux qui risquent de durer des mois ? Cela veut dire qu'ils devront fermer un bon bout de temps. En tout cas, le commerçant qui occupe actuellement mon local ne voudra jamais baisser son rideau". Par ailleurs, le wali a indiqué, sans donner de détails, que les travaux devraient avoir lieu probablement ce mois d'avril. D B Nom Adresse email