Le changement opéré récemment par le bureau fédéral de la FAF, au cours de sa réunion ordinaire tenue le 4 mars, au sein de la commission fédérale d'arbitres (CFA) que préside l'expert FIFA Belaïd Lacarne, a été interprété différemment par les acteurs du football. Si pour certains les nombreuses flagrantes erreurs commises par les arbitres, dont certaines ont faussé carrément les résultats des matches, en sont la principale cause, pour d'autres, en revanche, la pression opérée par certains présidents de club habitués aux désignations sur mesure et qui ont vu leurs intérêts menacés y est pour quelque chose. D'où du reste cette grande agitation avant la tenue de l'AGO de la FAF qui a eu lieu le 26 février dernier pour inciter le patron de la FAF à procéder aux changements au niveau de l'arbitrage. Pourtant, à l'issue de l'AGO, Mohamed Raouraoua était catégorique sur le sujet de l'arbitrage et le maintien de son patron à la tête de la CFA. "L'arbitrage n'est pas aussi mauvais que vous le dites ou comme veulent le faire croire certains. Certes, il y a des erreurs qui peuvent arriver sur tous les stades du monde, il ne faut pas trop amplifier les choses. Si chaque président critique l'arbitre après une défaite, on ne s'en sortira pas. La commission fédérale d'arbitrage a fait un grand travail de formation et de fond très important pour l'avenir de l'arbitrage algérien. Nous avons aujourd'hui 120 jeunes lancés dans le bain, qui ont un niveau d'instruction très élevé, ils incarnent l'avenir de l'arbitrage algérien. Nous sommes en pleine phase de mutation, il y a des arbitres qui vont partir à la retraite, donc forcément, nous lancerons des jeunes dans le bain, il faut les aider. Au niveau de la FAF, nous ne communiquons pas les décisions prises à l'encontre de ceux qui fautent. Croyez-moi, ceux qui fautent payent, nous ne badinons pas avec ça, nous sommes là pour ça, nous refusons les fautes intentionnelles", avait assuré Raouraoua. Il a annoncé à ce titre des changements en fin de saison : "Dès la fin de cette saison, nous ferons un bilan technique pour tirer les enseignements utiles et trouver les mécanismes adéquats pour une meilleure gestion et un rendement rationnel." Pourtant, une semaine après cette déclaration, il prend tout le monde à contrepied et annonce en pleine réunion du BF, le 4 mars à la FAF, la création d'une commission de désignation composée des membres de ligues. Pourquoi le patron de la FAF n'a-t-il pas attendu la fin de la saison pour procéder à la restructuration de l'arbitrage comme il l'a lui-même suggéré ? On croit savoir à cet effet que, lors du conclave entre les quatre représentants (Medouar, El-Morro, Hannachi et Redjeradj) des clubs et Raouraoua, la question de l'arbitrage a été au centre des débats, mais le président de la FAF tenait à Lacarne. "Raouraoua ne voulait rien entendre, il tenait à ce que Lacarne poursuive sa mission, en affirmant que c'est un homme propre à qui on n'a rien à reprocher, sauf peut-être les erreurs des arbitres, dont il n'est pas le seul responsable. On est tous responsables de cette situation. Conjuguons nos efforts pour sortir de cette crise d'erreurs d'arbitres", témoigne une source sûre à Liberté. Lacarne veut partir Mais lors de la réunion du BF de la FAF, tout a été chamboulé, le patron de l'arbitrage n'avait pas laissé le temps à Raouraoua d'expliquer sa nouvelle vision sur la commission de désignation. "Il voulait certes la créer, mais elle sera sous la tutelle directe de Lacarne pour la chapeauter, histoire de le décharger un peu des lourdes tâches qu'il assume au sein de la CFA. Ce dernier a mal compris le message de Raouraoua, il s'est emporté contre lui devant tous, et Raouraoua n'a pas admis les remarques faites par le président de la CFA. A partir de cet instant, on a tous compris que le sort de Lacarne était définitivement scellé. Pourtant, rien ne présageait un tel scénario", nous a révélé un membre du BF présent à cette réunion. Toutefois, la position des membres du BF est quelque peu surprenante, dans la mesure où aucun d'eux n'a osé intervenir pour enrichir le débat ou proposer des solutions. Concernant la commission, elle sera composée, dit-on, d'un représentant de chaque ligue : Saïd Boudjelid pour la Ligue interrégions de football, Hamidouche pour la Ligue nationale de football amateur, et Fouzi Guelil pour la Ligue de football professionnel, en sus d'un représentant de la CFA qui reste à désigner cette semaine. En revanche, Lacarne est maintenu à son poste de président de la CFA, chargé du développement et de la formation au sein de la FAF. Epinglé par les présidents de club, Lacarne n'écarte pas son retrait définitif du football dès la fin de cet exercice. "J'ai sacrifié toute ma vie au développement et à la formation de l'arbitrage. Aujourd'hui, je suis fier d'avoir lancé dans le bain de jeunes arbitres qui commencent déjà à s'imposer sur la scène, pourvu qu'on leur fasse confiance. On a beaucoup investi sur ces jeunes qui seront demain la relève de l'arbitrage. Cette restructuration de l'arbitrage est somme toute normale, dans la mesure où, moi aussi, je suis fatigué. Je vais désormais me consacrer au développement et à la formation, je ne veux plus me mêler de la désignation", nous a-t-il dit juste après la création de la nouvelle commission de désignation. R. A. Nom Adresse email