La célébration de la Journée mondiale de la femme n'a pas échappé, cette année, aux tentations politiciennes, à l'approche de l'élection présidentielle. Saisissant cette occasion, le Président-candidat a promis la création d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant des enfants mineurs à charge. Hasard du calendrier ? Le candidat Ali Benflis a promis la même chose, le jour même. Au-delà du contexte politique, cette promesse a le mérite de reposer le problème du statut de la femme en Algérie et son pendant juridique qu'est le code de la famille. Ballotée entre une lecture étriquée de la religion, en fonction des courants en vogue, et un code de la famille qui ne fait pas l'unanimité, la femme algérienne subit les injustices que la justice ne peut réparer. L'instauration promise d'un fonds de compensation pour les femmes divorcées est une réponse économique à un problème juridique. En fait, beaucoup d'hommes refusent de se plier à la loi, sous de nombreux prétextes, et rares sont ceux qui versent régulièrement leur pension à leur ex-femme, plutôt à leurs enfants. Souvent, les femmes divorcées refusent ou hésitent longuement à porter plainte contre leur ex-époux, ne voulant pas envenimer la situation, surtout pour leurs enfants. Mais cette situation arrange les ex-époux, qui, généralement, se remarient rapidement et se cachent derrière moult excuses pour ne pas honorer leurs engagements légaux vis-à-vis de leur progéniture. Tout comme pour ce qui est de la question du logement, qui devrait être laissé à la femme, en charge d'enfants mineurs, les hommes trouvent toujours des parades pour échapper à la loi. Pour la question du logement, beaucoup s'arrangent pour mettre leur logement au nom de leurs parents ou de proches, et rares sont ceux qui consentent à payer la location d'un logement pour leur ex-épouse. Mais l'avantage du fonds promis aux femmes divorcées consiste à rendre l'homme responsable devant l'Etat du versement de sa pension. Selon Me Farouk Ksentini, l'institution d'un fonds destiné aux femmes divorcées ayant des enfants mineurs à charge est "une avancée considérable", permettant à cette frange de la société d'être à l'abri des démarches fastidieuses pour le recouvrement de la pension alimentaire destinée à assurer l'entretien de leurs enfants. "Avec l'institution de ce fonds, les femmes divorcées ayant la garde des enfants seront à l'abri de toutes les démarches fastidieuses et décourageantes qu'elles affrontent jusqu'à présent", a précisé Me Ksentini à la Radio nationale. Il a relevé, en outre, qu'avec ce fonds, "l'Etat se substituera au père en payant la mère et disposera d'une action récursoire contre ce père défaillant". Cependant, il serait illusoire de croire que la réponse à des problèmes aussi graves que le divorce se trouve chez le Trésor public. Le Président-candidat le sait, pourtant, lui qui insistait dans son discours de circonstance sur l'indispensable changement de mentalités. En effet, la société est prise au piège de ses propres contradictions, de ses propres convictions. Ces dernières années, sous l'impulsion des courants salafistes, la mode est au mariage par la "Fatiha". En dépit du fait que le gouvernement ait obligé les imams à exiger l'acte de mariage avant de procéder à la "Fatiha", beaucoup trouvent de multiples parades pour contourner cette exigence. Beaucoup de femmes, et surtout beaucoup de parents, acceptent de contracter un mariage "sans papiers", estimant que cela vaudrait mieux qu'un célibat forcé. Pire encore, beaucoup estiment que la polygamie serait la solution au problème du célibat. Du coup, ce sont autant de nouvelles bombes à retardement que l'on sème un peu partout et que l'on doit, un jour ou l'autre, désamorcer. A B Nom Adresse email