Le Théâtre régional d'Oran (TRO), baptisé du nom de feu Abdelkader Alloula, celui qui lui offrira en quelque sorte ses lettres de noblesse, ne pouvait restait silencieux et éteint pour la première édition des "Rencontres Abdelkader Alloula", qui se tiennent du 13 au 15 mars à Oran. Une première édition, faite de manifestations variées pour commémorer la date tragique du 10 mars 1994, où fût assassiné le dramaturge, celui qui n'avait pas voulu quitter sa ville, son quartier et son public, c'est-à-dire "ce petit peuple d'Oran". 20 ans déjà et l'émotion de sa disparition a été retrouvée, dans l'exposition de photos, au niveau du hall du TRO, rappelant l'impressionnante procession des Oranais, des milliers d'anonymes envahissant les rues et le cimetière pour accompagner Alloula à sa dernière demeure. Des visages défaits de femmes et d'hommes hurlant leur douleur, Alloula lui-même n'aurait pas aimé avoir un autre hommage et une autre reconnaissance que celle de ce peuple. Car à évoquer le dramaturge Abdelkader Alloula, son œuvre, son travail en tant qu'auteur comme cela a été fait lors de la table ronde qui lui a été consacré, c'est aussi et surtout évoquer l'homme profondément ancré dans la société, imprégné du patrimoine algérien, y compris universel. Ayant revisité après s'être réapproprié le patrimoine d'El-Halqa, d'El-Meddah notamment avec sa trilogie El-Ajouad, Lagoual, Lithem, qui fera école dans le théâtre algérien, Alloula a su à cet instant donner corps à un "théâtre algérien populaire". L'on se souvient ainsi d'une représentation, justement, d'El-Ajouad au TRO bondé, où le public à l'unisson et en phase avec l'auteur et les acteurs se mettaient debout scandant "Aoudha, âoudha !!" au milieu de certains tableaux de la pièce. Ce théâtre de Alloula était un théâtre pour et en direction des Algériens et qui leur parlait. "Il avait dans son travail cette conscience sociale et sociétale, il nous donnait à voir ce que nous étions comme Algériens avec nos tares, nos faiblesses mais avec suffisamment de distance pour que l'on puisse en rire, par rapport à notre propre vécu", se souvient un amateur de théâtre. Comment ne pas oublier aussi de rappeler ce que l'homme Alloula faisait en direction de la société et du peuple, en dehors de son travail de création et de recherche théâtrales. Il est bon de rappeler qu'il a œuvré pour les enfants cancéreux, en créant une association d'aide à ces enfants, sachant que le nom de Alloula rendrait plus visible la souffrance, la douleur des enfants malades souvent issus de milieu très défavorisés. Ce jeudi après-midi au TRO, l'ouverture de ces journées Abdelkader-Alloula avec le cérémonial officiel, en présence de ses proches et de ses amis ainsi que le wali, le consul général de France, n'a pas permis de retrouver pleinement l'homme et le dramaturge. La production du groupe El-Halqa venu de Sidi Bel-Abbès, déclinant un théâtre du dire, avec la pièce L'ultime halqa avait parfois des allures de folklore sans pour autant y voir ici une dépréciation. Pour la suite de l'hommage plusieurs représentations sont encore prévues avec des troupes théâtrales d'Oran, et un concert du groupe Democratoz. D. L Nom Adresse email