Notre pays se retrouve aujourd'hui, après 24 ans de la libéralisation du champ politique, au seuil d'une étape décisive de son histoire, notamment cet important rendez-vous électoral de la présidentielle du 17 avril 2014 qui est au centre de toutes les préoccupations à l'heure où l'Algérie est toujours en proie à de vives tensions sociales sur fond de marasme socioéconomique, et particulièrement sur la question qui revient quotidiennement et de façon presque anxieuse est : la candidature du président de la République Abdelaziz Bouteflika pour briguer un 4e mandat. Dans ce contexte troublé, il est toutefois important de noter que cette élection est d'abord un moment pour faire le bilan, car il s'agit là de l'avenir de l'Algérie et de celui de ses enfants. Au plan de l'activité des partis politiques Les partis influents qui sont issus de l'alliance : le RND, le FLN et le MSP au gouvernement depuis les années 2000 ont tous misé sur la rente pétro-gazière et mener en même temps des politiques sociales sans rapport avec les fondamentaux de l'économie. Ils se sont contentés de l'investissement public pour contenir la croissance via la dépense publique. Pendant que les pays dits aujourd'hui émergents ont misé sur les technologies et le développement de l'homme, des valeurs du travail et de l'intelligentsia "le meilleur investissement de l'avenir" A ce propos citons le bel exemple édifiant : "Je n'ai pas besoin d'ordinateur, j'ai Attali, disait François Mitterrand, alors, président français." En vérité si le principe du multipartisme est acquis, on possède peu d'informations aujourd'hui sur leur organisation et leurs implications constitutionnelles. En effet, leur rôle n'est souvent pas appréhendé comme il se doit notamment, comme un ordre politique pour le bien être de tous et comme étant une force politique qui exprime un projet de société et un programme économique par rapport à celui qui détient le pouvoir, c'est le principe fondamental de la démocratie pour devenir performant dans le cadre d'une compétition politique plus ouverte. Cette multitude de partis d'opposition et plus particulièrement celle de l'alliance n'a pas réussi à se constituer comme force de propositions, loin des centres de débats et de décisions, voire, existe-t-il une presse des partis politiques, un instrument d'expression, de transparence et de formation politique ? Ils ne participent à la vie politique que lors des élections, alors qu'ils ont un rôle à assumer dans une Algérie en crise qui les discrédite encore plus et notamment la question de la politique de nos partis semble de moins en moins porteuse d'un projet de société d'avenir en passe de produire une nouvelle et profonde fracture. C'est une donnée importante de l'étape actuelle de la vie politique de l'Algérie, quand on sait que lors des élections locales et des législatives, les Algériens avaient boudé les urnes, comme l'indiquent les taux de participation ci-après : La question vaut aujourd'hui d'être posée : comment nos partis voient-ils leur avenir ? Au plan de l'activité gouvernementale En se rendant dans chaque wilaya, le Ppremier ministre Abdelmalek Sellal a bien inauguré quelques projets, en a visité et lancé d'autres. Il a même accordé des rallonges budgétaires destinées au développement local mais tous ces programmes aussi importants soient-ils n'ont pas fait sortir l'Algérie de son marasme socioéconomique. En fait, la rente pétrolière ayant été placée au poste de commandement qui s'est traduite par une série de plans de relance au total 500 milliards de dollars près de trois fois le PIB. Certes, ils constituent le facteur dynamique de l'élévation du niveau de vie des Algériens et de stimulation de la croissance, mais pas pour autant le facteur déterminant pour le développement économique d'un pays pour lutter contre le chômage, l'inflation et la pauvreté. Ces plans inspirés de la théorie keynésienne sont loin de s'inscrire dans une option de développement économique renforçant la production, les technologies, les connaissances techniques, l'entreprise et les valeurs du travail. On a alors abouti à une forte contradiction entre une politique d'économie de marché et une politique de rente. Il est l'un des points de fragilité de l'économie algérienne. Alors qu'avec des réserves pétro-gazières importantes, l'Algérie a un rôle important dans l'industrie pétrochimique mondiale. Il faut bien dire que l'Algérie dispose d'un important parc industriel qui a contribué dans le passé à une croissance de 18% contre 5% actuellement et l'emploi s'est vu multiplié par cinq et enfin, le pays a connu une évolution rapide du PIB et s'est placé après l'Espagne. Aujourd'hui, la structure actuelle du secteur économique reste fort dominée par les personnes physiques qui représentent 85% (commerces et services). En clair, le système économique demeure fondée sur la macro-financière avec un rôle prépondérant de l'Etat au lieu de l'Etat régulateur et des entreprises stratèges qui se serait susceptible de contribuer à l'essor industriel et par conséquent qui réponde à exploiter nos ressources naturelles sans avoir à exporter nos matières premières en échange d'importation de produits finis et mettre à la disposition du marché national des produits stratégiques. Aujourd'hui, dans un monde dominé par les technologies et la mondialisation, le gouvernement doit être plus technocrate et moins politique. En effet, que l'économie puisse avancer sans qu'on touche à la politique, le modèle et l'exemple à suivre étant celui de la chine, la Malaisie, la Russie, le Vietnam... D'après les perspectives de la mondialisation qui se dessinent, l'Algérie n'est pas épargnée par le grand courant de la mondialisation, synonyme américanisation et occidentalisation, qui agite aujourd'hui l'ensemble des pays non modernes. D'autant plus que la decennie 2014-2024 s'annonce pour l'Algérie difficile où les indicateurs montrent que la tendance continue à la baisse, notamment l'économie algérienne : 50 ans après, est une économie subventionnée. Elle ne survit qu'avec la rente pétrolière. L'esprit d'entreprise, les valeurs du travail et de civilisation, dit-on, ne se manifestent guère en Algérie. Il faut reconnaître que près de 75% de la population algérienne vit de la rente pétrolière alors que plus de 70% des populations tunisiennes et marocaines vivent du tourisme, de l'agriculture et des services, directement ou indirectement. La faiblesse de la production et le gaspillage des ressources humaines ont fait que le secteur économique hors hydrocarbures développait au fil des années qui passent les germes de son inertie. Il s'agit clairement d'un problème de choix d'hommes qui paralyse l'émergence de notre pays, capable de se développer par l'économie productive et les technologies. Car l'indépendance politique ne peut avoir de sens sans l'indépendance économique. Autrement dit, l'activité gouvernementale, la société et la démocratie fonctionneront mieux lorsque la croissance économique hors la rente augmente régulièrement grâce la réhabilitation des valeurs humaines d'excellence où se projettent les intellectuels et les élites. On doit restaurer la relation citoyenne Etat-nation "l'Algérie par tous et pour tous" pour instituer la pensée critique en Algérie, car ce n'est pas le manque de moyens qui met en danger une nation mais une carence de ses idées. Un espace stratégique dans l'approfondissement du processus démocratique et le renforcement des bases de l'Etat de droit qui marquera le plus le visage du développement économique et culturel de l'Algérie. Au cœur de tout ça, Il y a aussi, bien évidemment, la presse qui contribuera au renforcement des bases de l'Etat de droit et de la démocratie. "Un peuple bien informé en vaut deux". Assurément, cette élection est une assise majeure de l'étape actuelle de la vie politique pour l'ordre économique et social, car elle doit donner un caractère universel et témoigner de la volonté ferme et non révisable du prochain président de doter le pays d'une nouvelle constitution quant au renforcement des bases de l'Etat de droit, de démocratie et de justice sociale qui marque le futur de l'Algérie comme le souhaitent et l'espèrent tous les Algériens. Il est aussi nécessaire de reconsidérer les aspects liés aux politiques publiques et économiques pour une meilleure place de l'Algérie dans l'économie mondiale et dans les espaces géostratégiques. En clair, c'est le pari de la mondialisation et de la démocratie qui imposent l'évolution du progrès des sociétés dans le monde. En fait, il s'agit là de développer une culture d'Etat et des habitudes démocratiques avec responsabilité et légitimité, c'est le moyen de gouverner autrement. C'est toute la question du rôle des partis politiques dans la société. Ils sont indispensables pour former les cadres politiques en vue de leur participation à la vie politique et économique pour assurer les grands débats et donner cohérence aux groupes d'intérêts qu'ils représentent. Ils sont chargés, par ailleurs, de légiférer et voter des lois. Jouent un rôle primordial dans le renforcement de la démocratie notamment, et encadrent, contrôlent et orientent le gouvernement dans l'intérêt de la nation. C'est aussi un instrument de débat qui permet d'enrichir le paysage politique algérien. Ce qui attend, à notre humble avis, le futur chef de l'Etat : - s'engager sur le choix d'accéder à la démocratie et à l'économie de marché est irréversible, car aucun pays ne peut espérer se développer s'il ne répond pas aux exigences que pose la mondialisation fondée sur ce choix et qui se joue en faveur des pays modernes ; - s'engager sur des réformes complémentaires devant intégrer nécessairement de nouvelles politiques de gouvernance et économique propices et efficaces pour s'attaquer aux contraintes structurelles de bonne gouvernance à l'exercice d'une réelle démocratie représentative et participative afférentes notamment à l'administration locale, un atout-clé de la démocratie et de la bonne gouvernance locale, la gestion des fonds publics et le respect des règles qui se posent avec acuité, l'organisation régionale, la gestion des services publics, la gestion des villes, l'assainissement de l'environnement et enfin les statuts de l'élite, l'intellectuel et la réforme de l'entreprise dans la mesure où l'économie s'est globalisée dans le contexte de la mondialisation ; - l'Algérie aura besoin de pas moins deux millions d'entreprises de taille PME/PMI pour faire face aux bouleversements socio-économiques actuels que connaît l'Algérie ; - l'enjeu principal : la relance de l'industrie et la création d'entreprises aux normes internationales sont certainement la locomotive de notre développement national qui marquera le plus le visage du développement économique de l'Algérie ; - une nouvelle politique à l'exportation hors hydrocarbures qui doit permettre à notre pays de diversifier son économie qui assure une croissance positive ; - la mise en place d'une bonne gouvernance publique et économique régionale ; - restaurer l'équilibre entre le gouvernement et la presse indispensable au bon fonctionnement de la démocratie. La responsabilité de la presse devrait augmenter avec son pouvoir universel à travers la création d'un conseil de l'Ordre ; - rendre l'algérien actionnaire de l'Algérie en mettant sur le marché la vente de valeurs mobilières (actions...) L'objectif étant sa participation aux fruits du développement. L'acte est éminemment politique. En somme, l'Algérie ne s'en sortira aujourd'hui que par l'instauration d'une vraie démocratie et d'une économie politique, un nouvel enjeu de l'élection présidentielle d'avril 2014. Est-ce jouable ? M. H. A. [email protected] (*) Financier et auteur de deux ouvrages : Comptabilité des sociétés et gouvernance des entreprises. Nom Adresse email