Il estime que le forum, en tant qu'association patronale, n'a pas à se prononcer sur des questions politiques. Le patron de la société de boissons NCA Rouiba, Slim Othmani, vient de claquer la porte du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Son aventure avec cette organisation prend fin. Il a envoyé une lettre de démission au président, Réda Hamiani, dans laquelle il évoque le "peu de respect" accordé, tant aux membres qu'au règlement intérieur de l'association patronale qui, selon lui, méritait bien mieux que cette "mascarade de soutien électoral". Joint par téléphone, le désormais ex-membre du FCE déplore, de prime abord, l'irrespect du règlement intérieur de l'organisation. Il dénonce à ce propos le vote à main levée pratiqué lors de l'assemblée générale à l'issue de laquelle le forum s'est prononcé pour le 4e mandat du candidat Abdelaziz Bouteflika. Or, une décision aussi importante reste purement personnelle et, par conséquent, le vote à bulletin secret devrait être privilégié conformément aux règles démocratiques. Au moment où la propension générale au sein du FCE bascule en faveur du candidat sortant, Slim Othmani manifeste son désaccord et le fait comprendre à ses pairs. Il "matérialise" sa courageuse position par un retrait définitif du forum. C'est sa manière à lui de faire éclater au grand jour les "pressions" exercées sur la composante de cette organisation par le clan de Bouteflika. "C'est le vote de la terreur !" lâche-t-il. De ces menaces proférées à leur encontre, il retient un seul message de la part des auteurs : "Si vous n'êtes pas avec nous, c'est que vous êtes contre nous. Mais n'oubliez surtout pas que c'est nous qui vous nourrissons." De telles pratiques, tient-il à préciser, desservent au contraire le président Bouteflika. "La veille de l'assemblée générale extraordinaire du 13 mars, j'avais envoyé une lettre dans laquelle j'indiquais que je ne viendrai pas et que je ne donnerai pas de procuration pour le vote. La loi sur les associations est claire. En tant qu'association patronale, nous n'avons pas à nous prononcer sur des questions politiques", a-t-il expliqué dans une interview au site TSA. Pour prendre une position politique, estime-t-il, il faut changer de statut et devenir un parti car "il n'y a pas d'associations politiques". Il tient, toutefois, à préciser que sa démarche ne cherche en aucun cas à "monter un front d'opposition à un quelconque candidat à l'élection présidentielle". Il s'agit tout simplement d'une "question de principe que vous n'avez pas eu le courage, en votre qualité de président, de faire respecter", dit-il à l'endroit de Réda Hamiani à qui il a signifié sa "grande déception". Par ailleurs, Slim Othmani, qui quitte définitivement le FCE, n'écarte pas l'hypothèse de la création d'une nouvelle organisation patronale qui pourrait servir d'alternative. "Il faut repenser le patronat algérien", avoue-t-il. Une autre conception du patronat a certainement germé dans l'esprit du chairman de NCA, mais il préfère la partager avec la nouvelle génération de patrons, ces jeunes chefs d'entreprise qui, relève-t-il, sont sous-représentés, voire pas du tout. "C'est encore trop tôt. Je pense qu'on va y réfléchir. Pourquoi pas ?" conclut-il. B. K. Nom Adresse email