"Oser, c'est faire". La devise de Tottenham Hotspur, qui sied déjà parfaitement au parcours de Nabil Bentaleb, pourrait rapidement être troquée par le jeune international algérien pour un assez audacieux "Oser, c'est réussir", tant celui-ci illustre mieux l'émergence au plus haut niveau de celui qui, quelques mois auparavant, était répudié par des clubs de moindre envergure outre-Manche. Alors que ses anciens mentors au centre de formation des Dogues du LOSC le prédestinaient au mieux à l'anonymat de la Ligue 2 française, Nabil Bentaleb brille désormais de mille feux chez les jeunes coqs de Tottenham. Sans grade il y a quelques mois seulement, il s'apprête à disputer rien de moins qu'une Coupe du monde au Brésil dans la peau d'un jeune patron en devenir. Pour avoir déjà "impressionné" après une seule partition quasi parfaite à l'occasion de sa première cape en vert, le 5 mars dernier face à la Slovénie de Katanec, qui lui a valu les acclamations du public blidéen de Mustapha-Tchaker, la reconnaissance des spécialistes et les félicitations de son coach, on verrait ainsi mal comment Nabil Bentaleb ne garderait pas cette place dans l'entrejeu des Fennecs jusqu'au tournoi planétaire de Rio de Janeiro. Surtout que, pour une première à dix-neuf ans seulement, le jeune milieu de terrain de Tottenham n'a vraiment pas déçu. Bien au contraire. Face à des Slovènes solides physiquement et habiles techniquement, le Spur a parfaitement réussi son match. Couvrant à merveille son périmètre côté gauche, il a joué simple, ne lâchant aucun ballon sur les phases défensives, réussissant de belles combinaisons avec son coéquipier de l'entrejeu Saphir Taïder et participant même activement aux manœuvres offensives.Nabil Bentaleb s'était même distingué à deux reprises sur deux actions de très grande classe, une par mi-temps, lorsqu'il donna le tournis à son vis-à-vis direct au prix d'un très joli passement de jambes avant de tirer au but sans pour autant atteindre le cadre. Outre le fait que tout semble s'enchaîner à merveille pour lui avec douze titularisations de suite en Premier League et une autre, encore plus significative, avec les Verts de l'équipe nationale, pour ce qui aura été son baptême du feu réussi, Bentaleb est également "aidé" par les mésaventures de ses aînés en sélection, Medhi Lacen et Adlène Guedioura. Peu ou pas utilisé par son entraîneur à Getafe, et incapable de trouver une porte de sortie au mercato dernier qui lui aurait assuré un minimum de temps de jeu à même de garder une certaine compétitivité qui maintiendrait dès lors la confiance de Coach Vahid, Lacen hypothèque grandement ses chances de présence parmi les 23 qui iront au Brésil, anéantissant au passage le peu de chances qui lui restait de garder sa place de titulaire, encore plus le brassard de capitaine. A Crystal Palace, Adlène Guedioura, vit pareille frustrante situation. Du tout bénéf' pour le jeune Spur qui voit ses affolantes statistiques dépasser celles de Lacen et Guedioura additionnées ! Ce qui le place en ballotage favorable pour garder cette place de titulaire dans l'entrejeu des Verts à travers laquelle Vahid Halilhodzic l'a responsabilisé avec la réussite que l'on sait. Il semble même extrêmement loin le temps où ses mentors doutaient de lui et affichaient un surplus de pessimisme qui l'a accompagné durant ses brumeuses années lilloises. L'un de ceux-là, son entraîneur chez les U17 de Dunkerque, où l'actuel sociétaire de Tottenham avait échoué après des échecs successifs au LOSC et à Mouscron, reconnaissait d'ailleurs cela clairement dans un quotidien régional. "Bentaleb avait des qualités intéressantes. Je me disais qu'il pourrait faire un joueur d'un bon club de National. Et, ensuite, attraper une Ligue 2. Mais c'est mentir de dire que j'aurais mis un billet de 100 € sur ce qui se passe aujourd'hui", concède Frédéric Basire dans La Voix du Nord. Ayant déjà pris un train d'avance sur des mondialistes, pourtant pas néophytes à ce niveau comme Lacen et Guedioura en sélection après avoir déjà grillé la politesse, en club, à ses coéquipiers Sandro, Paulinho, Moussa Dembélé, Gylfi Sigurdsson ou encore l'international français Etienne Capoue, Nabil Bentaleb donne doublement raison à Tim Sherwood à travers des prestations de haute facture avec les Spurs de Tottenham. Bien parti, donc, pour devenir le plus jeune titulaire de l'histoire des Verts en Coupe du monde cet été, le Londonien d'adoption n'aura plus qu'à assurer lors des ultimes tests amicaux à venir face à la Rouamnie et à l'Arménie pour définitivement passer ce cap qui sépare le grand espoir qu'il est du grand joueur qu'il est appelé à devenir. R. B. Nom Adresse email