À l'entame de la dernière semaine de la campagne électorale, une certaine décantation entre les candidats commence à se produire. Deux parmi eux maintiennent le cap et sont coude à coude, œil pour œil et dent pour dent. Les discours sont aussi réorientés et les critiques que les deux parties s'envoient plus explicites. Le travail sur le terrain a fait sortir cette bipolarité représentée par Bouteflika et Benflis. Ce sont les seuls qui font bouger les foules et arrivent à tenir des meetings assez suivis. Hier, à Batna, Benflis a fait le plein quand son adversaire a des craintes d'y aller. À Béjaïa, Sellal a été empêché de tenir son meeting à la Maison de la culture. Ceci donne un certain piquant à cette campagne, en espérant que la violence n'y prenne pas le pas sur le débat. L'équipe du Président-candidat ne marche plus sur du velours comme elle l'espérait. Des couacs ont été enregistrés par des membres de la direction de campagne. La suffisance affichée par certains au début a laissé place à plus de scepticisme et de prudence. Le nombre d'intervenants dans les espaces publics nuit, un tant soit peu, à une homogénéisation du message censé être envoyé, malgré la coordination stricte mise en place. Celle du candidat Benflis a, pour sa part, cet avantage que le candidat module lui-même les thèmes de campagne en fonction de l'auditoire et de la spécificité de la région, se basant sur un programme et non sur des réalisations. C'est dire que cette dernière semaine est primordiale pour les deux camps et certains observateurs n'écartent plus l'hypothèse d'un deuxième tour, hier encore impensable, et où tout sera jouable, à une condition que l'élection soit transparente et que la fraude n'ait plus droit d'être citée. Dans le cas contraire, il est fort à parier que, si fraude il y a, elle peut constituer ce qu'Ahmed Benbitour appelle le fait déclencheur que personne ne pourra arrêter, comme le fut Bouazizi pour la Tunisie et le bourrage des urnes en Egypte. Cette course à la magistrature suprême risque, de par les enjeux, d'être écornée suffisamment pour finir sans vainqueur. O. A. [email protected] Nom Adresse email