Un décret visant à mettre de l'ordre dans cette filière est en voie d'élaboration. Les services de contrôle du ministère du commerce viennent de réaliser une enquête sur la qualité des eaux minérales consommées en Algérie. Il en ressort que certaines marques analysées présentent des signes de contamination. En un mot, l'eau observée est impropre à la consommation, nous a indiqué un responsable de ce département. Les mêmes services, analyses à l'appui, ont prononcé des arrêts d'activité contre quatre entreprises d'eaux minérales et engagé à l'encontre de ces sociétés des poursuites judiciaires. Les mêmes agents ont relevé des infractions en matière d'étiquetage. Des entreprises n'indiquent pas, comme le stipule la réglementation, la mention si l'eau de source est gazeuse ou non gazeuse. Les services de contrôle ont également observé dans certains cas que les nappes n'étaient pas protégées. Elles se trouvent à proximité des sites industriels, d'où des risques de pollution. Sur ce point, le même responsable nous a indiqué qu'un décret est en voie d'élaboration par le ministère des ressources en eau en vue de mettre de l'ordre dans ce segment de l'industrie agroalimentaire, pour fixer les critères du cahier des charges des concessions attribuées et les règles de protection des nappes. Selon les conclusions de l'enquête, la qualité bactériologique et la composition de la majorité des eaux minérales ou eaux de source des entreprises sont conformes à la réglementation. Le conditionnement de façon générale s'effectue dans des conditions satisfaisantes. Par ailleurs, il y a constat de contamination pour une autre entreprise. Les services du commerce ont prononcé la cessation temporaire d'activité de la société incriminée. Le même responsable n'a pas voulu nous citer le nom des entreprises objets de poursuites judiciaires. En résumé, l'enquête a recensé 17 unités d'eaux minérales, essentiellement privées, réparties à travers 12 wilayas. Elle a été engagée après la mise en œuvre de la loi de juillet 2000 sur les eaux minérales. La nouvelle réglementation distingue entre les eaux minérales naturelles et les eaux de source. L'article 3 de l'arrêté relatif aux spécifications des eaux de boisson définit l'eau minérale naturelle comme une eau possédant un ensemble de caractéristiques qui sont de nature à lui apporter des propriétés thérapeutiques… Elle se distingue nettement des autres eaux destinées à la consommation humaine par sa nature, caractérisée par sa teneur spécifique en sels minéraux, oligo-éléments ou autres constituants ; et par certains effets, notamment des effets thérapeutiques et par sa pureté originelle. L'eau de source est une eau d'origine exclusivement souterraine, microbiologiquement saine et protégée contre les risques de pollution. En gros, la différence, ce sont les sels minéraux et les oligo-éléments présents dans l'eau minérale et absents dans l'eau de source. Avant la promulgation de la réglementation, on arrivait difficilement à distinguer entre eau minérale et eau de source. Enfin, les services du ministère du commerce vont s'orienter vers un contrôle plus rigoureux des eaux de boisson. Le décret est censé contribuer à l'assainissement de la filière, en vue d'une meilleure protection des consommateurs. Mais l'insuffisance de moyens fait que ces services ne peuvent procéder, selon une source de ce département, à des analyses très fines sur la composition, en particulier détecter la présence systématique d'oligo-éléments. N. R.