Faire entrer l'Algérie dans le monde moderne est le seul objectif qui vaille et auquel devra s'atteler le/la prochain(e) président(e) de la République. Depuis 1962 et de façon plus importante ces dix dernières années, nombreuses ont été les productions sur les causes de l'échec de nos politiques. Ignorées quand elles ne sont pas moquées, jamais l'Etat ne s'est montré ouvert au débat, privilégiant toujours la voie du populisme, décidément si pratique, si confortable. C'est pourtant une vraie rupture que le prochain président devra engager, une rupture de fond. Dans son rapport "Cinquantenaire de l'indépendance : enseignements et vision pour l'Algérie de 2020", Nabni (Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées) a identifié 5 thèmes et proposé une série de mesures cohérentes entre elles et structurantes pour le développement de notre pays. Remis à l'ensemble des autorités, notre rapport est toujours disponible sur notre site internet : www.nabni.org. Au chapitre économie, nous retenons 3 chantiers que le/la futur(e) président(e) de la République devrait ouvrir dans les 100 jours suivant son élection : - Transformer le climat des affaires (chantier 4). Le/la président(e) de la République devra s'impliquer personnellement pour l'amélioration du cadre de l'investissement. Un conseil national d'amélioration du climat des affaires, présidé par le chef de l'Etat, regroupant l'Etat, les entreprises, les syndicats et l'expertise économique, pourrait servir à coordonner la mise en place d'un plan d'amélioration du climat des affaires en se fixant comme objectif de hisser l'Algérie parmi les 50 pays les plus attractifs en termes d'investissement. Il devrait couvrir le droit et les réglementations des affaires ; la fiscalité des entreprises ; les réformes administratives et de e-gouvernance pour réduire la corruption et l'arbitraire dans l'application des règles ; la transparence et la concurrence dans l'accès aux marchés publics ainsi que la réduction des délais de paiement de l'Etat ; les inspections (hygiène, impôts, etc.). - Une fiscalité plus juste, plus équilibrée (chantier 2). Engager une importante réforme fiscale doit maintenant faire partie des objectifs que se fixera le/la prochain(e) président(e) de la République avec pour ambition de réduire jusqu'à mettre fin à la dépendance chronique de notre fiscalité envers la rente. Cette réforme devra s'appuyer sur 3 axes : i) augmenter le rendement des impôts et taxes existants, inclus la fin de la plupart des exonérations et niches fiscales actuelles, tout en réduisant le niveau moyen de pression fiscale ; ii) réformer la fiscalité locale et introduire certains impôts (fonciers notamment) sources de revenus locaux ; iii) identifier recettes et économies budgétaires pour soutenir la transition fiscale. Ce sera là un changement d'approche fondamental qui permettra de redéfinir le rapport entre l'Etat et le citoyen. - Un engagement constitutionnel pour couper le lien à la rente et l'investir dans l'avenir (chantier 1). La révision prochaine de la Constitution sera l'occasion d'inscrire la règle d'or budgétaire pour réduire progressivement la dépendance du budget de l'Etat à la fiscalité pétrolière. Ainsi, il faudra des plafonds d'allocation de la fiscalité pétrolière au budget : 50% en 2020, 20% en 2030 et 0% en 2035, et en réorientant deux tiers des surplus vers le Fonds de régulation des recettes et le tiers (1/3) restant vers des investissements d'avenir via un fonds. Axé, de manière égale, l'éducation, la recherche et le savoir scientifique ; et pour les générations futures, qui ne pourront accéder à cette part qu'à l'horizon 2050. Agir sur l'économie implique naturellement une évolution de notre modèle social. C'est pourquoi, réhabiliter la valeur du travail par la création d'emplois permettra naturellement l'émergence d'une classe moyenne moins dépendante des subventions, aujourd'hui partout accordées. Des mécanismes devront être inventés pour aider plus directement et de façon très ciblée les populations les plus démunies. Le/la prochain(ne) président(e) de la République devra faire preuve d'audace, de courage et de volontarisme. Pour croiser le chemin du succès, les réformes engagées devront être pensées en cohérence et l'approche qu'il/elle proposera aux Algériens devra être globale. C'est pourquoi, comme le préconise Nabni dans son rapport (chantiers 41 à 50), refonder le système de gouvernance de notre pays est un prérequis que nul ne devra plus négliger. Nom Adresse email