Les sportifs, les footballeurs en particulier, iront-ils voter demain à l'occasion de l'élection présidentielle ? Liberté a posé la question un peu partout sur le territoire national à des footballeurs et à des entraîneurs. Les réponses des uns et des autres laissent transparaître une certaine méfiance par rapport à la politique en général. En effet, si certains interlocuteurs n'ont pas hésité à livrer leur opinion sans pour autant, bien sûr, préciser pour quel candidat ils allaient voter — ce qui n'était pas, du reste, l'objet de notre enquête —, d'autres ont préféré, soit botter en touche, soit carrément esquiver la question. "Répondre à cette question, c'est-à-dire indiquer publiquement si je vote ou non, c'est déjà afficher une position. Or moi, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée en ce moment de parler politique, alors, de grâce, évitez-moi cette question", nous confiera un joueur assez coté d'un club de la capitale. Un entraîneur qui a pignon sur rue nous indiquera, pour sa part, que "je préfère ne pas m'afficher à ce niveau-là, c'est délicat la politique dans notre pays, c'est un terrain trop glissant pour s'y aventurer". En fait, les opposants à l'élection présidentielle et les boycotteurs sont légion parmi les footeux, mais ils ne l'affichent pas publiquement par peur de représailles. "Je sais pertinemment que si je dis le fond de ma pensée, c'est-à-dire que je n'ai nullement envie de voter, ou encore que je ne veux surtout pas voter pour Bouteflika, j'aurais sans doute demain du mal à trouver du travail", explique un entraîneur algérois. La dernière réunion organisée par le directeur de campagne de Bouteflika avec les présidents de club, les exhortant à l'appuyer en contrepartie d'un soutien accru en matière de financement pour le football, a mis dans l'embarras les acteurs de la balle ronde. Beaucoup ne veulent pas s'exprimer devant ce qu'ils qualifient en coulisses de "pression manifeste". Il y a aussi les indifférents parmi les footballeurs, ceux qui ne se sentent pas concernés par le scrutin. "Je n'ai même pas la carte de vote", nous a déclaré, pour sa part, le jeune meneur de jeu du club sétifien, Akram Djahnit, qui a ajouté qu'il ne comprend rien à la politique : "C'est pour cette raison, peut-être, que je n'accorde pas un grand intérêt au vote", a-t-il ajouté. D'autres, en revanche, ont accepté de livrer leurs opinions à Liberté, estimant que le vote est avant tout un devoir. C'est le cas de Bouali Fouad, l'entraîneur du Mouloudia d'Alger. "C'est une question qui ne se pose même pas pour moi, dans la mesure où je suis habitué à cet acte de civisme. Pour moi, voter est une pratique des plus normales dans ma vie de citoyen algérien. En tant que responsable technique d'un grand club aussi populaire que le MCA, je me dois de donner l'exemple en effectuant ce jeudi mon devoir national. Je persiste à penser que voter est un acte hautement qualifié de civisme, j'aime beaucoup mon pays, je suis donc dans l'obligation d'aller voter pour le candidat de mon choix, il faut que cela soit ancré dans nos traditions, le vote est une action de citoyenneté afin de prouver notre appartenance à ce beau et cher pays, qu'est l'Algérie. Nous n'avons pas un autre pays où vivre, il n'y a que l'Algérie. C'est pour cela que je vais accomplir mon devoir avec une profonde conviction et démontrer que je suis un citoyen algérien qui aime son pays, qu'importe le candidat pour lequel on votera, l'essentiel est de mettre une enveloppe dans l'urne pour l'avenir de notre chère Algérie", confesse Fouad Bouali. Les footballeurs sont donc partagés sur la question. S L Nom Adresse email