L'élection présidentielle est devenue le sujet de discussion favori des Algérois. Tout le monde en parle. Que ce soit dans les marchés ou dans les cafés, dans les restaurants ou dans les bars. La présidentielle est devenue le thème le plus convoité. Les gens qui, jadis, se montraient indifférents quant aux sujets ayant trait à la politique, deviennent, avec cet événement, des «observateurs» conscients du rôle qu'ils peuvent jouer dans la construction du pays. Les gens que nous avons rencontrés hier, un peu partout dans l'Algérois, sont unanimes, «cette élection est d'une importance inédite». Des vieux, des vieilles, des jeunes. Enfin, les Algérois, toutes tranches d'âge confondues, sont décidés à accomplir leur devoir. «Si je vote? Mais bien sûr, ne suis-je pas Algérien? Il est vrai qu'il ne me reste pas beaucoup à vivre, mais je dois quand même penser à l'avenir d'abord de mes enfants, ensuite à celui de toute cette jeunesse dont l'unique souci n'est autre que de quitter le pays pour d'autres cieux» nous a déclaré avec enthousiasme, un septuagénaire retraité, et à son compagnon de renchérir : «J'ai assisté à plusieurs meetings que les candidats ont animés ici à Alger, au début j'étais réticent, je ne voulais plus entendre parler des élections, tenez j'ai même boudé les élections législatives de 2002, mais je crois que cette fois-ci c'est sérieux, tous les candidats ont affirmé que la présente élection se déroulera dans la transparence». Ahmed, vendeur de cacahuètes, debout devant sa «table» de fortune sur laquelle sont étalés des cigarettes et quelques bonbons est du même avis. «Je voterai, même si tous les Algériens s'abstenaient» a-t-il insisté. A la place des Martyrs, Sahat Echouhada pour les Algérois, où le commerce informel fait florès, les vendeurs de tissus que nous avons interrogés, des jeunes pour la plupart, sont tous d'accord quant à la nécessité de voter. «Personnellement, je crois que notre pays connaîtra enfin la fin du cauchemar commencé en 1962», a martelé un commerçant, tout en se montrant confiant en le changement qu'apportera l'élection présidentielle d'aujourd'hui. Interrogé s'il donne sa voix à un candidat, Mohamed, enseignant à l'université d'Alger rencontré devant la faculté centrale, nous a affirmé qu'il ira voter «pour l'unique raison que l'avenir du pays est entre les mains de ses enfants». «Je voterai. Cet acte est, à la fois, un droit et un devoir. C'est mon droit en tant que citoyen à part entière mais aussi c'est mon devoir car c'est maintenant que le pays a besoin de nous tous. D'ailleurs, le vote est un acte de civisme et une preuve de citoyenneté. L'Algérie, il faut le dire, est le premier pays en Afrique et dans le monde arabe où le peuple est sollicité pour choisir son président, il faut bien avouer que l'Algérie a fait de grands pas en matière de démocratie». Les femmes sont, de ce fait, aussi concernées par cet événement. En effet, toutes celles que nous avons questionnées nous ont déclaré qu'elles ne vont pas rater cette élection. «Je suis citoyenne et il est de mon droit de donner ma voix au candidat de mon choix. Le candidat que je juge capable et apte à diriger mon pays», nous a indiqué Lamya, comédienne de son état qui n'a pas manqué de signaler qu'elle n'a jamais voté «mais cette fois je crois que les choses ont changé, que l'Algérie commence à retrouver sa stabilité». Ainsi, les Algérois se montrent bien prêts à faire preuve de citoyenneté. Ils attendent beaucoup de cette élection. Maintenant la balle est dans le camp des politiques.