Cette structure servira de baromètre qui surveillera à la fois le niveau d'endettement des ménages et veillera à la sécurité financière des banques. L'un des leviers que va certainement actionner le président de la République, fraîchement élu, pour renvoyer l'ascenseur aux citoyens qui l'ont plébiscité, est de veiller à l'amélioration de leurs conditions de vie. Rendre meilleure la situation sociale des Algériens est le défi majeur qui attend Abdelaziz Bouteflika durant son quatrième mandat. Et parmi les atouts dont dispose le premier magistrat du pays, pour atteindre un tel objectif, il y a la reprise du crédit à la consommation qui a soulagé, pendant plusieurs années, les ménages aux petites bourses, avant d'être supprimé en 2009. En perspective du retour du crédit à la consommation, prévu en principe, dès le mois d'octobre, la scène économique et la communauté bancaire doivent s'y préparer en mettant en place tous les instruments efficients nécessaires. Le secteur financier, acteur principal dans cette opération, s'y attèle sérieusement. La Banque d'Algérie (BA), chef de file des différents intervenants, compte créer l'environnement adéquat pour une meilleure concrétisation du projet. La Banque centrale use de ses prérogatives pour veiller à la sécurité, financière s'entend, des particuliers et celle des banques, appelées à octroyer ce type de prêts. La BA vient de lancer, dans ce cadre, un appel d'offres pour la modernisation de sa Centrale des risques (CR). Cet outil est considéré comme un élément incontournable dans toute mise en place de crédits à la consommation. Il servira de baromètre qui surveillera le niveau d'endettement des ménages. Une mesure conçue comme une protection contre tout éventuel surendettement que ces derniers peuvent subir. Quel est l'apport de cet élément indispensable dans le système bancaire ? Il s'agit d'un endroit où on centralise l'information relative au crédit. Une base de données alimentée par tous les crédits accordés par les banques et les établissements financiers notamment ceux spécialisés dans le leasing. "Chaque fois qu'une banque accorde un crédit, celui-ci est déclaré au niveau de la centrale des risques de manière à ce qu'il soit traité statistiquement et remis à la disposition des institutions financières", explique M. Abderrezak Trabelsi, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Toute banque qui reçoit une demande de crédit doit effectuer, précise-t-il, une étude du dossier du client, à savoir ses bilans, ses statuts... et autres éléments lui permettant d'apprécier le risque. Elle a besoin de savoir également si ce client a d'ores et déjà obtenu des prêts ailleurs ou non. "Une telle information, la banque peut la trouver en s'adressant à la centrale. Celle-ci lui fournira tous les renseignements dont la nature du crédit soit à court ou moyen terme... sans toutefois lui dire où ce client a obtenu ce crédit car cela reste confidentiel", soutient le délégué général de l'Abef. La centrale actuelle sera modernisée C'est, pour lui, une "règle de déontologie commerciale" qui empêche la CR de favoriser une banque par rapport à une autre. Toute la réglementation qui régit la concurrence est de ce fait respectée. Car, argue-t-il, le marché est devenu de plus en plus concurrentiel sur la place. Plus précis, M. Trabelsi dira : "Pour apprécier le risque, la banque sollicitée doit connaître le nombre de prêts dont a bénéficié auparavant son client. Cette information lui permettra de mesurer sa solvabilité et sa capacité de rembourser. La CR n'a pas le droit, cependant, de divulguer à la structure financière demandeuse d'informations le nom de l'établissement où son client a contracté le prêt de crainte qu'il soit débouché surtout s'il s'agit d'un gros client", soutient Abderrezak Trabelsi. A vrai dire, la CR existe depuis 1995 et les textes réglementaires datent de 1994. Elle est logée à la BA, plus précisément au sein de la direction des risques d'autant qu'il existe aussi d'autres centrales, à savoir celle des impayés et celle des bilans. Cette consultation préalable de la centrale pour une ouverture d'un compte par exemple, est également "obligatoire pour savoir si le client fait l'objet d'une interdiction bancaire, auquel cas, la banque ne va pas répondre positivement à sa demande", souligne le premier responsable de l'Abef. A cette époque-là, le crédit à la consommation n'existait pas et la centrale ne concernait que les entreprises. "Un plancher a été instauré dès lors. La déclaration n'est faite à la CR que pour les crédits dépassant les 2 millions de DA. Tout prêt inférieur à ce seuil, n'est pas soumis à une déclaration", se rappelle encore M. Trabelsi qui avoue que la centrale a évolué, depuis la date de sa création, avec des étapes d'amélioration. "Au début la BA recevait des écrits, puis, par la suite, il y a échange de disquettes. Depuis quelques années, la CR peut être consultée par le banquier à partir de son ordinateur et obtient ainsi l'information en temps réel. Il a accès à la réponse donnée par la centrale", affirme-t-il. Le client doit préalablement signer une autorisation à sa banque de consulter cette centrale. Ce document figure parmi les pièces du dossier de crédit que doit fournir le client. "Par ce formulaire qu'il doit remplir, le demandeur de prêt autorise la banque à consulter la centrale des risques à son sujet, sinon, la banque ne peut effectuer cette action de son propre chef. Et s'il refuse, sa demande sera délibérément rejetée", relève ce financier chevronné. Ça a commencé avec le crédit immobilier. C'était facile, car il n'y avait que la Cnep qui accordait ce type de prêts. Une fois élargi aux autres banques, il fallait intégrer cette condition de consultation de la CR pour savoir si le client particulier est solvable. Pas de système bancaire sans centrale des risques... Avec le retour du crédit à la consommation qui sera accordé par toutes les banques, la BA a pris la décision de moderniser sa centrale. Cette unité demeure un élément inéluctable pour la banque qui, en octroyant des crédits aux particuliers ou aux entreprises, prend des risques. "Il ne peut y avoir de système bancaire sans centrale des risques", soutient mordicus M. Trabelsi. La modernisation de la centrale doit cependant, agréger et consolider les engagements au sens groupe, c'est-à-dire toutes les entreprises qui ont un lien de capital, où on retrouve les mêmes ou une partie des actionnaires. "Si deux sociétés ont obtenu deux crédits différents alors qu'elles ont les mêmes ou une partie des actionnaires, leur engagement doit être consolidé pour les deux entités. Le risque est pris donc sur les deux", signifie le patron de l'Abef. Les banques, faut-il le souligner, restent prêtes pour cette nouvelle donne sur la place financière. Elles sont connectées à cette centrale. Bien au contraire, elles bénéficieront désormais d'un outil (CR) plus moderne, rapide, performant et sécurisé qui, en plus du prêt immobilier, sera également complété pour le crédit à la consommation. La mise à niveau de la centrale peut, par conséquent, ouvrir la voie au retour du crédit à la consommation, puisque son annulation, par la loi de finances 2009, a été motivée par le surendettement des ménages. La Banque centrale a, pour rappel, lancé, le 1er septembre dernier un appel d'offres pour la modernisation et le développement de la CR entreprises et ménages. L'appel d'offres s'adresse exclusivement aux entreprises ou aux groupements qualifiés dans le domaine de fournitures, installation et mise en œuvre des logiciels et équipements à l'implémentation de la centrale des risques. Le candidat retenu doit gérer la centrale conjointement avec le personnel de la BA pendant six mois. La séance d'ouverture des plis est prévue pour le 29 octobre au siège de la BA à Alger. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, avait indiqué en juin dernier que le projet a connu du retard parce que la société sélectionnée — dont il n'a pas révélé le nom — pour sa réalisation lors du premier appel d'offres, n'a pas respecté les délais impartis. Un retard qui a contraint la BA à rechercher un autre prestataire pour moderniser ses quatre centrales dédiées respectivement aux risques entreprises, chèques impayés, bilans et ménages. "L'année 2014 verra la mise en place d'une centrale des risques moderne et globale", a promis le gouverneur qui précise que le reporting (présentation de bilans...) de la plupart des banques en matière des risques encourus dans l'octroi des crédits est pratiquement à jour. Ces banques informent la BA en temps réel des crédits qu'elles accordent à leur clientèle. Cette modernisation va aider les banques dans l'application des nouvelles règles prudentielles de Bâle II qui interviendra à partir d'octobre. B K Nom Adresse email