[De Montréal : YAHIA ARKAT] Le chanteur Lounis Aït Menguellet renoue avec la scène, après une année sabbatique, consacrée à une sorte d'introspection. Lors d'une une conférence de presse animée la veille de son spectacle prévue, demain samedi, au mythique théâtre Saint-Denis de Montréal, à l'invitation de la compagnie Nomads culture productions (NCP), une boîte incorporée spécialisée dans l'événementiel, Aït Menguellet est revenu longuement sur son silence observé sciemment et les projets artistiques qui lui tiennent à cœur. Se disant heureux de retrouver son public montréalais, deux ans après avoir réussi sa sortie avec la boîte Jet-Set Montréal, le poète d'Ighil Bouammas en Kabylie a mis à profit ce recul de plus d'une année pour peaufiner son projet d'un nouvel album. «J'ai décidé de faire l'impasse sur 2013, en me concentrant sur un album à venir, dans lequel j'ai prévu une chanson en hommage à la femme», dira d'emblée Aït Menguellet. Celui-ci déplore les risques que pèse le piratage sur le monde de l'édition. «Si j'ai un éditeur à Tizi Ouzou du nom de Izem, ce n'est pas le cas à Paris où pullulent auparavant nombre de maisons d'édition qui avaient pignon sur rue. C'est que le piratage induit par l'informatique et l'Internet a poussé des éditeurs à mettre la clé sous le paillasson», regrette le conférencier pour qui le paysage éditorial et musical a radicalement changé depuis peu. «Aujourd'hui, il n'y a pratiquement pas d'éditeurs», se désole-t-il. Et par conséquent, les artistes font moins de scène. Aux yeux de l'orateur, c'est bien les éditeurs qui ont propulsé sur scène beaucoup d'artistes de renom, notamment en France. Dans le même sillage, Aït Menguellet estime que ce qui se fait en matière de lutte contre le piratage dans le monde de l'édition n'est pas suffisant ; il a rappelé à ce propos l'action de l'ONDA qui a brûlé symboliquement plus d'un million de CD piratés. «Mais, est-ce suffisant ?», s'interroge-t-il. A une question de Liberté sur l'initiative de certains artistes, dont Khaled et Djamel Allam, qui ont édité une chanson à la gloire du chef de l'Etat à l'occasion de la campagne électorale pour la présidentielle passée, l'auteur de Askuti n'a pas voulu s'étaler sur le sujet. «Je suis un artiste, je me contente du travail artistique ; en dehors de cela, le reste ne m'intéresse pas. Les initiatives des gens ne regardent que leurs auteurs», déclare encore le poète qui se définit comme «un faiseur de chansons». Et d'ajouter : «Je me consacre à ce que je sais faire le mieux.» Au sujet du statut de l'artiste, Lounis Aït Menguellet qui n'a pas sous-estimé le travail des artistes en la matière ne désespère pas de voir un jour cette vieille revendication se concrétiser. «On n'a jamais cessé de revendiquer un statut pour l'artiste», conclut-il. Y. A. Nom Adresse email