La revendication est vielle de quelques années maintenant : à quand un statut pour les artistes algériens ? Lounis Aït Menguellet, qui déplore un tel état de fait, est revenu longuement sur le sujet à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a donnée, mercredi à Montréal, à la veille de son gala prévu vendredi à la salle Olympia. “C'est un scandale que l'artiste ne soit pas reconnu”, dénonce-t-il d'emblée, faisant sienne la revendication d'un statut pour cette catégorie professionnelle. Le poète s'engage à “continuer d'exiger un statut pour les artistes”, qui restent pratiquement la seule catégorie à ne pas avoir de statut spécifique. “On nous a promis, mais on attend toujours les textes et leur mise en œuvre sur le terrain”, fera-t-il remarquer. Le conférencier a démenti avoir signé un communiqué soutenant le chanteur Takfarinas, suite au lynchage qu'il avait subi sur la Toile pour avoir lancé un appel au vote lors des législatives du 10 mai. “Je n'ai rien signé”, précise Aït Menguellet, ajoutant que Takfarinas a le droit d'avoir une position par rapport au scrutin. “L'attaque contre Takfarinas est inacceptable. Je n'ai rien signé, même si je suis d'accord pour que chacun exprime ses opinions, a fortiori quand il s'agit d'un artiste”, dira-t-il, tout en reconnaissant que le vote est un acte personnel. “Je ne vois pas comment je peux appeler au vote. De quel droit vais-je le faire ?”, s'interroge encore le chanteur, pour qui chacun est libre de s'exprimer. Le communiqué en question, mis en ligne sur Internet, a été signé anonymement par un collectif des artistes kabyles. Un moment donné impliqué dans le travail associatif et communautaire, l'auteur du pamphlet poétique Askuti est revenu déçu de cette expérience. L'exemple de solidarité vécu à Barbacha ne se reproduira donc pas. “J'avoue que c'est un travail ingrat. L'idéal serait de susciter de l'émulation, un relais pour perpétuer la tradition. Ce n'est pas le cas malheureusement. Je n'ai plus les possibilités que j'avais avant pour refaire l'expérience. D'ailleurs l'association que nous avons créée a été dissoute”, a déclaré le fils d'Ighil Bouamass. Revenant sur son rendez-vous manqué avec la communauté algérienne du Canada en 2007, Aït Menguellet a justifié son absence par des raisons de santé. Il a soutenu ne pas connaître l'organisateur qui avait conclu l'affaire avec son agent. L'organisateur, M. Mehamli du Festival culturel nord-africain (FCNA), dit avoir perdu beaucoup d'argent à cause de ce gala ajourné à la dernière minute, alors que des frais avaient été engagés. Par ailleurs, Lounis Aït Menguellet devait se produire devant son public montréalais, vendredi soir, à la salle Olympia, à l'invitation de Jet-Set Montréal, une boîte spécialisée dans l'événementiel. Y. A.